9 février 1600 : Giordano Bruno condamné

mardi 13 février 2024.
 

A l’issue d’un procès long de huit années, Giordano Bruno est condamné par l’inquisition à être brûlé vif le 9 février 1600. Il est accusé par le Saint-Office d’hérésie et d’athéisme.

Né en 1548 dans le royaume de Naples sous le nom de Filippo Bruno, il prend le nom de Frère Giordano quand, en 1565, il entre au couvent dominicain de Naples. Son éducation mêle influence humaniste et théologique. Il devient d’ailleurs docteur en théologie en 1575 avant de rompre avec l’Église l’année suivante. Le jeune prêtre est en effet excommunié en raison de la lecture d’ouvrages interdits. De 1578 à 1592 il voyage en Europe. Il se convertit au calvinisme à Genève, devient enseignant de philosophie à Toulouse, et se voit octroyé par Charles III une chaire de « lecteur extraordinaire » au Collège des lecteurs royaux à Paris. Ses voyages l’amènent également à Londres et dans le Saint-Empire. Excommunié tour à tour de l’Église calviniste, puis de l’Église luthérienne, il est emprisonné en 1592 par l’Église catholique à la suite d’une dénonciation de son hôte Giovanni Mocenigo, un jeune noble vénitien.

Le fil rouge de la pensée de Giordano Bruno est celle d’un univers infini comme l’a mentionné Jean-Luc Mélenchon dans son discours de Nantes le 16 janvier dernier. Le philosophe se place en rupture avec des conceptions de l’univers finies. Parmi ces conceptions, nous pouvons retrouver Aristote qui pensait le géocentrisme, repris par Thomas d’Aquin dans l’idée d’un monde limité et sphérique. L’image d’un ciel comme un empilement de sphères concentriques avec, en son centre, la terre, est alors dominante.

Giordano Bruno s’inscrit dans la pensée de Copernic. Ce dernier développe l’idée d’une révolution des astres autour du soleil dans un monde sphérique. Pour Bruno, chaque étoile est un soleil et l’univers s’étend dans toutes les directions. Il écrit dans L’infini, l’univers et les mondes en 1584 : « Il est donc d’innombrables soleils et un nombre infini de terres. » A propos de l’espace il le déclare comme « infini, étant donné qu’il n’est point de raison, convenance, possibilité, sens ou nature qui lui assigne une limite. » Cet infini a un aspect transcendant dans la philosophie de Bruno.

Ses idées sont jugées impies par l’inquisition. D’abord jugé par les inquisiteurs vénitiens, le Saint-Office de Rome reprend l’affaire en 1593. Au fur et à mesure, plusieurs éléments lui sont reprochés, allant de questions théologiques comme son refus de la transsubstantiation, jusqu’à sa vision de l’univers. Condamné le 8 février, il monte sur le bucher le 17, nu et la langue clouée sur un mors de bois pour le réduire au silence.

Paul Brice


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