La victoire de la gauche est une bonne nouvelle parce qu’elle affaiblit Sarkozy et son gouvernement alors que le projet de poursuivre le démantèlement du pacte social et républicain reste d’actualité

jeudi 20 mars 2008.
 

une bonne nouvelle : Sarkozy et la droite affaiblis

Le MARS-Gauche Républicaine salue d’abord la bonne nouvelle : moins d’un an après l’élection de Nicolas Sarkozy, la forte poussée de la gauche à ce scrutin des municipales et cantonales vient de confirmer le rejet grandissant de sa politique par la population. Bonimenteur (talentueux), Nicolas Sarkozy avait vendu sa potion libérale en promettant en échange l’accroissement du pouvoir d’achat. Résultat : à l’exception des plus privilégiés des français qui ont profité des cadeaux fiscaux, les classes moyennes et populaires pâtissent d’une politique dont la crise monétaire américaine révèle encore davantage l’injustice. Non seulement la grande majorité des français voit son pouvoir d’achat régresser, n’a pas l’opportunité de travailler davantage faute de... travail, mais en revanche voit concrètement voler en éclat ce qu’il reste de ses acquis et de sa protection sociale. Reste alors une façon « m’as-tu vu » et « fière à bras » de présider qui est perçue comme simple indécence. En accentuant la présidentialisation du régime, Nicolas Sarkozy se sera en plus enfermé dans un terrible piège : s’appropriant les réformes comme aucun Président ne le fit, il s’est du coup privé de fusible, comme Juppé pu l’être pour Chirac après le mouvement social de novembre 1995.

La victoire de la gauche est une bonne nouvelle parce qu’elle affaiblit Sarkozy et son gouvernement alors que le projet de poursuivre le démantèlement du pacte social et républicain reste d’actualité, comme l’a déclaré François Fillon dès dimanche soir. Ces élections ne peuvent que renforcer la mobilisation sociale face aux attaques annoncées, notamment sur le contrat de travail, les retraites, voire le service public de l’audiovisuel. La politique de Sarkozy peut être battue, ces élections le prouvent.

Affaiblir la droite lors d’élections locales ne résout pas les problèmes de la gauche

Avec une écrasante majorité dans les régions, des gains importants dans les départements et une majorité de villes de plus de 20 000 habitants, la gauche a les moyens non seulement d’offrir des cadres de résistance au Sarkozysme, mais aussi de préparer concrètement l’alternative. Pour cela faudrait-il encore que la gauche, dans toutes ses composantes, apparaisse comme capable d’offrir une véritable alternative à la politique libérale de la majorité. On en est loin. La situation n’a de ce point de vue guère évolué depuis les Présidentielles.

Pas plus que le quasi grand chelem des Régionales 2004 ne le fut pour les Présidentielles de 2007, ces élections municipales et cantonales ne constituent en effet l’assurance de remporter les prochains scrutins nationaux. A l’issue de chacun des mandats d’un Jacques Chirac pourtant largement dévalorisé, la gauche a perdu en s’appuyant sur un programme toujours plus social-libéral. Or tout indique que la majorité du Parti Socialiste et de ses alliés n’est pas précisément en train de tourner le dos à cette tendance... Malgré la prudence affichée par ses ténors, avertis par les déconvenues passées, cette victoire risque de persuader qu’il est urgent de ne rien changer. Seul comptant finalement le nom de celle ou de celui qui finira bien par les amener à la victoire, sans qu’il soit besoin d’examiner les échecs répétés d’une politique d’accompagnement du libéralisme. Pour continuer à dynamiser l’électorat de gauche lors des échéances nationales, mais aussi reconquérir ces larges pans des classes populaires qui, trop lourdement déçus par les politiques menées au nom de la gauche depuis 20 ans, se sont encore si fortement abstenues après avoir été, pour certains d’entre eux, jusqu’à voter précédemment à droite voire à l’extrême-droite, la gauche se doit au contraire de représenter de nouveau un projet alternatif et non s’endormir sur des lauriers qui se révéleraient bien éphémères.

Un espace potentiel « à deux chiffres » pour la gauche de transformation

Ceux qui, de la gauche du Parti Socialiste à l’extrême gauche, en passant par de nombreuses sensibilités organisées ou pas, dont évidemment le PCF, ne se résolvent pas à voir rééditer le mécanisme des défaites passées, ont plus que jamais la possibilité de changer la donne. La bonne tenue voire les gains de la gauche critique, mais aussi les excellents résultats de listes d’union de la gauche dès lors qu’elles se situaient sur une orientation clairement à gauche, démontrent en effet à l’envie que déplacer le centre de gravité de la gauche vers la gauche n’a rien d’illusoire. La résistance des municipalités dirigées par des maires communistes face aux tentations socialistes (rendue cependant ardue du fait que les socialistes ou écologistes qui ont choisi de se maintenir ont manifestement compté sur les électeurs de droite pour arbitrer ces duels « fratricides », parfois avec succès) et les quelques gains du PCF, les scores flatteurs, à son échelle, de la LCR et plus encore des listes unitaires de la gauche de transformation au premier tour, prouvent qu’il existe un espace électoral « à deux chiffres » pour une force qui apparaîtrait comme capable de proposer un projet alternatif à vocation majoritaire. Mais faute de dynamique unitaire et de stratégie à la hauteur de ces possibilités, ces résultats sont essentiellement à ranger au rayon des promesses ou au mieux des signes de résistance. Certes intéressants, mais dépourvus, ne nous y trompons pas, de force propulsive à même de bouleverser la donne au plan national. On peut pourtant craindre que ces résultats ne confortent un statu quo basé sur une double illusion : celle d’un regain qui s’appuierait sur le maintien identitaire pour les uns, et la conviction pour les autres que les bons scores obtenus valident la stratégie d’un parti se désintéressant d’un débouché majoritaire dans les institutions. Il faudra alors se souvenir que faute d’une force capable d’occuper entièrement cet espace potentiel, il a davantage été question entre les deux tours d’alliance ou pas avec le Modem que du renforcement du camp de la transformation à gauche. Soit exactement l’inverse de ce qui se passe en Allemagne avec l’émergence de Die Linke.

Une nouvelle force reste plus que jamais nécessaire

L’échec de François Bayrou, et donc du Modem, que nous appelions de nos vœux en refusant toute alliance de ce type, va heureusement retarder la construction politique de centre-gauche qu’échafaudaient clairement certains des principaux dirigeants du Parti Socialiste, y compris entre les deux tours. Si, comme les grèves récentes, y compris dans le privé, semblent l’annoncer la mobilisation sociale, relancée après cet échec de la droite, se renforce, la question d’un véritable débouché à la hauteur de cette attente sera posée encore plus nettement à gauche. Il appartiendra toujours alors à ceux qui, dans toute la gauche, conservent l’ambition à la fois de battre la droite et de porter un projet transformateur, de trouver les meilleurs moyens de concrétiser ce débouché. Ces élections prouvent que c’est possible. Elles renforcent en tous cas notre mouvement dans sa certitude que la stratégie la plus efficace, la plus utile à la gauche et à notre peuple, est dans l’émergence à moyen terme d’une force de la gauche de transformation, seule à même de modifier réellement les rapports de force, et dont nul ne peut prétendre aujourd’hui être le centre unique. C’est à quoi le MARS-Gauche Républicaine, (également légèrement renforcé à son échelle par ces élections avec plus de 25 élus municipaux dont trois maires et un conseiller général en Seine et Marne), va continuer à œuvrer dans les mois à venir et à proposer, fraternellement, à tous ceux qui devraient naturellement contribuer à son émergence.


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