Une nouvelle crise alimentaire menace de faire exploser l’Afrique de l’Ouest

jeudi 20 mars 2008.
 

Un pouvoir d’achat misérable et la cherté des céréales provoquent déjà des émeutes de la faim, notamment au Burkina.

Les pays sahéliens subiront une nouvelle crise alimentaire dans les prochains mois. Ce n’est pas cette fois le manque de vivres sur les marchés de l’Afrique de l’Ouest qui en est la cause, mais leurs prix. Le riz, le pain, le sorgho, le haricot ou le maïs, tous des aliments de base, ont atteint des prix prohibitifs, lesquels ne cessent de grimper.

Mauvaises récoltes et prix en hausse

L’arrivée sur les marchés de la moisson précédente aurait pourtant dû faire baisser les prix des produits locaux depuis janvier. Mais à cause d’une saison des pluies tardive, qui s’est terminée prématurément par des inondations dans toute l’Afrique de l’Ouest, les récoltes ont été médiocres. De plus, la hausse constante des prix des céréales d’importation pèse lourdement sur les budgets familiaux.

Les déficits de production et la hausse des prix étranglent le pouvoir d’achat, déjà très faible, des populations de la région. Le salaire minimum moyen est de 42 euros par mois. Au Burkina Faso, un plat de haricot, cultivé localement, valait 100 francs CFA (15 centimes) il y a quelques mois. Il en coûte aujourd’hui 250 francs CFA. Au Mali, la baguette de pain fabriquée à partir de blé d’importation, longtemps vendue à 100 francs CFA, est cédée à 150. Au Niger, les boulangers ont bien tenté de substituer le blé par le mil ou le maïs, mais les prix de ces céréales ne cessent, eux aussi, de croître. En outre, spéculation aggravante mais classique en la circonstance, les commerçants se constituent des réserves qu’ils espèrent revendre lorsque les prix seront au plus haut. La grogne populaire s’installe, tandis que les dirigeants semblent impuissants ou indifférents. Fin 2007 déjà, des émeutes ont eu lieu au Burkina Faso, au Mali, au Niger et au Sénégal, dénonçant la perte de pouvoir d’achat.

Malnutrition en progrès

En conséquence, les plus démunis, et ils forment la grande majorité des populations urbaines ou villageoises, ne peuvent plus se nourrir correctement. Faute de pouvoir acquérir les aliments les plus élémentaires, nombre de familles sautent le plus souvent des repas ou se nourrissent de feuilles, de baies, d’herbes ou d’autres aliments sauvages. La malnutrition, déjà endémique en Afrique de l’Ouest (un enfant sur cinq en meurt avant d’atteindre 5 ans), devrait prendre rapidement des proportions alarmantes.

Parmi les pays les plus pauvres du monde, la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad sont les plus touchés. Mais des régions du Sénégal, du Togo et du Bénin le sont également. Si des mesures urgentes ne sont pas prises dès aujourd’hui, la catastrophe éclatera dans toute son ampleur lors de la « période de soudure », en mai-juin, lorsque les familles auront épuisé leurs réserves alimentaires et financières. Même le maïs, aliment de base sur lequel se replient généralement les populations pauvres en cette période, est annoncé à des prix exorbitants.


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