Die Linke est un exemple pour une nouvelle dynamique de la gauche

dimanche 9 mars 2008.
 

Pour le sénateur socialiste, il faut constituer un front comparable à celui de Die Linke en Allemagne

Le Nouvel Observateur. - La Gauche (Die Linke) progresse. Ce regroupement d’ex-communistes de l’Allemagne de l’Est et de déçus de la social-démocratie constitue-t-il à vos yeux une chance ou un modèle ?

Jean-Luc Melenchon. - Pour l’Allemagne, à coup sûr, c’est une chance. Quel signe fort de la réunification de l’Est avec l’Ouest ! C’est ensuite un démenti cinglant aux thèses du SPD, qui, comme le PS en France, justifie son orientation politique par un prétendu glissement sociologique à droite de la société. Avec Die Linke, il y a de nouveau une majorité de gauche en Allemagne. Cela parce qu’est rouvert, devant les électeurs, le débat fondamental sur la nature des compromis avec le capitalisme de notre époque. Bref : quand la question sociale trouve des porte-voix, c’est toute la gauche qui progresse. Là est le modèle.

N. O. - La leçon ne vaut donc pas seulement pour l’Allemagne...

J.-L. Melenchon. - Comment ne pas voir toute la vieille social-démocratie européenne en train de se diluer dans le libéralisme ! Pour sauver ses meubles, elle préfère en Allemagne, aux Pays-Bas, gouverner avec la droite plutôt qu’avec l’autre gauche. C’est logique. Elle ne sait plus rien faire d’autre que de gérer l’ordre établi. Elle a clos en catimini le débat sur le partage des richesses. Pour toute la gauche européenne, Die Linke est une bouffée de fraîcheur au moment où la vieille social-démocratie pourrit par la tête.

N. O. - Die Linke - ou l’équivalent - en France, c’est possible ?

J.-L. Melenchon. - La méthode est transposable. Avant d’évoluer, Die Linke a été un front. Chacun y trouvait sa place sans rien perdre de son identité. Voilà qui parle à toutes les composantes de l’autre gauche et surtout aux communistes... En Italie, la même coalition vient de s’organiser. En France, un tel front aboutirait également à un rééquilibrage de la gauche. Il ne s’agit pas de diviser, mais d’enclencher une nouvelle dynamique pour toute la gauche. Sans cela, comment empêcher l’étiolement de la gauche dans les querelles de personnes du PS ? Comment être une alternative à la droite sans contester en pleine lumière, programme en main, les certitudes idéologiques obsolètes des dirigeants sociaux-démocrates français, leur résignation économique, leur conformisme productiviste, leur hallucination européiste ?

François Bazin

Le Nouvel Observateur


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message