Parti Socialiste : ET LA SOURCE EST TARIE où buvaient les troupeaux

mercredi 21 décembre 2016.
 

Dans ce roman, j’ai tenté de montrer le changement insidieux des comportements et des idées lorsqu’un parti passe de l’opposition à l’exercice du pouvoir.

Cette chronique couvre la période 88-93. Un long chapitre est consacré au Congrès de Rennes du parti socialiste, Congrès de la déchirure, congrès qui marque la fin des courants d’idées et le début de la lutte acharnée des « écuries présidentielles » parce que l’ère mitterrandienne se termine avec la réélection à la Présidence de la République : la succession est ouverte dès le lendemain du second tour.

C’est cette terrible fracture qu’Anne, le personnage central du roman, explique à sa fille, comédienne et bien éloignée de l’action politique, au sortir de la salle du congrès :

« Les journalistes analyseront les états d’âme des Fabius, Jospin, Mauroy et autre Rocard, ils se gausseront de ce Congrès désastreux. Mais qui dira la détresse, le désespoir de ces militants de base, de ces vieux fantassins, comme Albert, comme René, comme tant d’autres, qui, depuis des décennies, ont passé leurs loisirs dans des réunions, des collages d’affiches, des distributions de tracts, pour défendre un idéal, bafoué par l’appétit de pouvoir de quelques-uns ?... Ton père et moi avons été de ceux-là. » Et Anne raconte, à une Claire ébahie et passionnée, les petits matins blêmes et glacials à la porte des usines, les doigts gourds de froid qui ont du mal à saisir le tract dans le paquet coincé sur l’avant-bras et les moqueries affectueuses des ouvriers.

« Alors les socialos ? Déjà levés ? Ça vous change de vos horaires de prof ! »

Mais, sous l’ironie, la satisfaction de se sentir écoutés, respectés, compris par des militants qui vont changer la vie. Car tout est simple avant la prise du pouvoir : un gouvernement de gauche s’attaquera au capital et sera le relais puissant de la lutte de classes.

Elle dit les nuits de collages, les soirées de débats passionnés pour un mot, une phrase, une virgule, dans la préparation du projet socialiste, les bagarres sur les motions de congrès...

« Tu sais, on n’a pas menti, on voulait “ changer la vie ”,

" On y croyait avec tout notre enthousiasme. Pour en arriver là ! »


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