La guerre franco-allemande de 1870 1871

jeudi 16 mars 2023.
 

A) Causes de la guerre de 1870

A1) Causes objectives de la guerre : la Prusse

Dans les années 1860, le roi de Prusse Guillaume 1er s’entoure de la meilleure équipe gouvernementale d’Europe, particulièrement quant à sa capacité à gagner une suprématie politique en Allemagne et constituer la meilleure armée du continent : Bismarck, Roon, Moltke...

Le royaume s’agrandit du Slesvig-Holstein au détriment du Danemark. Après la victoire de Sadowa sur l’Autriche il gagne le Hanovre, la Hesse électorale, le Nassau, Francfort-sur-Main (soit 67000 km2 et 4300000 habitants). La Confédération de l’Allemagne du Nord sous hégémonie prussienne absorbe divers petits Etats.

Pour conforter l’unité allemande autour de Berlin, Guillaume 1er et Bismarck ont besoin d’une guerre victorieuse contre la France. Napoléon et ses pantins lui en fournissent l’occasion.

A2) Causes objectives de la guerre : la France

Les années 1860 voient le Second Empire faiblir sans cesse. La catastrophique campagne du Mexique épuise le pays.

Campagne du Mexique de Napoléon 3 (1861 - 1867)

L’armement devient largement désuet, les canons se chargeant encore par la bouche, avec une faible portée, de même que beaucoup de fusils.

Le maréchal Niel devient en janvier 1867 ministre de la guerre. Clairvoyant, énergique, il considère la relation avec la Prusse comme un armistice et engage une réforme militaire d’ampleur. Malheureusement, il partage la vision élitiste de tous les chefs militaires français de l’époque pour lesquels seule compte la petite armée d’active qui bénéficie des largesses financières alors que la réserve (400000h) et la garde mobile (400000h) sont délaissées ; pourtant ce sont celles-ci qui assumeront, très faiblement armées et encadrées, la poursuite de la guerre après les capitulations de l’armée d’active à Sedan puis Metz. Niel décède le 13 août 1869 et se voit remplacer par le maréchal Le Boeuf portant beau mais plutôt superficiel.

Concernant les raisons de la déclaration de guerre française à la Prusse, nous renvoyons nos lecteurs à l’article que nous avons déjà mis en ligne sur ce site :

19 juillet 1870 Napoléon 3 déclare stupidement la guerre à la Prusse

A1) Second empire et guerre de 1870

Le déroulement de cette guerre est incompréhensible pour quiconque n’a pas en tête :

- > la nature capitaliste libérale du Second empire et trois caractéristiques habituelles de ce type de régime :

- les responsabilités non économiques sont confiées à des "cufelas" (mot occitan pour désigner des personnes aussi vides et souvent aussi pourries que les vesces de loup) qui se prennent pour des génies. Ainsi, en 1870, les chefs militaires se vivent comme une élite de la nation, rempart de la société raffinée contre les aspirations du peuple. La Prusse et autres Etats allemands étant en train de constituer une armée nationale de masse et présentant une menace de plus en plus évidente pour la France, ils ne cherchent pas de solution. Leur seul souci, c’est de maintenir le peuple sous le joug et pour cela mieux vaut armer le moins de citoyens possible. Dans son ouvrage "La légende de Metz", le conservateur comte de Hérisson a résumé cela ainsi « La création de la garde nationale mobile avait indisposé l’armée, qui n’avait pas pris au sérieux ces troupiers d’occasion, ventrus, barbus et chevelus. Elle ne les considérait pas comme des frères d’armes, formant une réserve qui pourrait la soutenir au besoin, mais ne voyait en eux que les partisans de l’émeute, l’armée de la révolution. » Pourtant, pendant la guerre de 1870 1871, ces "ventrus, barbus et chevelus" se battront bien mieux que les troupes d’élite.

- le maître mot des gagnants étant la réussite individuelle, les chefs militaires sont tous jaloux les uns des autres. En pleine guerre, ils préfèrent bien souvent laisser écraser leur collègue plutôt que de prendre en compte l’intérêt collectif. « Ce qu’on s’est plu à appeler la corruption de l’Empire, c’est-à-dire l’avancement convoité avec frénésie comme un moyen d’accroître son bien-être, l’intrigue remplaçant le mérite, les intérêts privés l’intérêt général, cette corruption était répandue dans toute l’armée, depuis les plus hauts emplois jusqu’aux plus modestes. » (La légende de Metz)

- l’existence de réseaux d’influence parmi les gouvernants et le personnel politique. En 1870, le clan réactionnaire de l’impératrice pèse lourdement dans les choix, en particulier dans la déclaration de guerre.

- la ou les religions sont valorisées pour bien encadrer la société hors des lieux de travail

- la fibre nationaliste guerrière sert à détourner les salariés et milieux populaires de leurs aspirations sociales vers la solidarité nationale.

A2) Ambiance d’irresponsabilité générale lors de l’entrée en guerre :

- l’empereur Napoléon 3 dirige officiellement l’armée française mais en est incapable en raison de ses problèmes de santé (maladie de la pierre, coliques...) et de ses très faibles capacités militaires. Il entre en campagne sans plan, comptant sur la chance qui lui avait souri en Italie.

- de nombreux ministres et chefs militaires partagent cette incompétence doublée de convictions cléricales profondément réactionnaires

- des officiers peu instruits, infatués de leurs "batailles" remportées sur des peuples africains rejoignent leurs unités en retard (incroyable en temps de guerre), ne se préoccupent pas d’intendance, s’avèrent peu présents et bien peu utiles durant les batailles.

- une mobilisation très lente de l’armée française (seulement 265000 soldats en campagne quinze jours après la déclaration de guerre sur 900000 mobilisés). Même dans la ville du commandement général (Metz), des milliers de soldats déambulent le ventre vide, débraillés et sans affectation connue, vont se baigner dans la Moselle...

- la Bourse réagit aux défaites de l’armée française de façon tout aussi irresponsable puisqu’elle monte à partir du déclenchement de la guerre et que les 25 premiers jours de défaite ne stoppent pas cet optimisme sans fondement.

A3) Disposition incohérente de l’armée française

De la Moselle au Rhin, sont disposées les meilleures unités :

- 4ème corps d’armée (33500 h, général Paul de Ladmirault) à gauche vers Thionville, Bouzonville à gauche,

- 3ème corps d’armée (42000 h, maréchal Bazaine) autour de Boulay

- 2ème corps d’armée (28000 h, général Frossard) vers Saint Avold, Forbach Spicheren

- 5ème corps d’armée (29000 h, général Charles de Failly) vers Sarreguemines Bitche à droite,

- 1er corps d’armée (38000 h, maréchal Mac Mahon) au Nord de l’Alsace, autour de Strasbourg

En arrière de cette ligne, l’armée française compte :

- la Garde impériale (23000 h) du général Bourbaki, avec l’état-major et le commandement général à Metz

- la cavalerie de réserve (7000h) à Lunéville

- le 6ème corps d’armée (40000h, Général Canrobert) en formation à Châlons

- 7ème corps d’armée (27000h, général Félix Douay) à Belfort

Notons trois points :

- cette disposition en cordon (avec des troupes moins nombreuses) avec des réserves à l’extrême gauche du dispositif, va permettre à l’état-major allemand (général von Moltke) d’attaquer plusieurs fois séparément les corps français.

- le 5ème corps, en particulier, couvre près de 60 kilomètres entre Frossard et Mac Mahon avec des unités en formation, mal ravitaillées, mal aidées par la cavalerie

- Le 1er corps d’armée du maréchal Mac Mahon se retrouve fort isolé pour protéger l’Alsace. Or, c’est là que débute l’attaque allemande.

B) L’armée d’Alsace, de Wissembourg à la capitulation de Sedan


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