27 janvier 1964 Etablissement de liens diplomatiques entre la France et la Chine

samedi 28 janvier 2017.
 

Paris et Pékin annoncent le 27 janvier 1964 : « Le gouvernement de la République française et le gouvernement de la République populaire de Chine ont décidé, d’un commun accord, d’établir des relations diplomatiques ». La simplicité du communiqué tranche avec sa portée. La France devient le premier pays dit « occidental » à établir avec la RPC des relations diplomatiques complètes, ne se résumant pas à la gestion des affaires courantes. Taïwan le comprend et rompt ses relations avec la France le 10 février.

La décision de De Gaulle sonne comme un coup de semonce dans l’ordre établi de la guerre froide. Celui qui avait auparavant estimé en privé : « il y a quelque chose d’anormal dans le fait que nous n’avons pas de relations avec le pays le plus peuplé du monde, sous prétexte que son régime ne plaît pas aux Américains », va s’expliquer publiquement le 31 janvier. Il précise qu’il ne s’agit pas de reconnaître un régime ou une idéologie à laquelle il était opposé, mais un Etat en qui la nation chinoise se reconnaît.

Derrière ce « poids de l’évidence et de la raison », De Gaulle entend favoriser une résolution politique du conflit vietnamien et pointer la convergence de vue Franco-chinoise sur certains aspects comme leur relative indépendance par rapport aux « deux grands ». Aux Etats-Unis, la décision fait scandale. Cet acte est bien le premier jalon essentiel d’une politique étrangère alternative et indépendante. En 1966 viendront la sortie du commandement intégré de l’OTAN, la détente avec l’URSS, et la condamnation de la guerre états-unienne au Vietnam…

50 ans après cet acte pourrait inspirer une politique étrangère française souveraine soutenue par une analyse réaliste des recompositions mondiales en cours, qui tranche avec la pathétique « diplomatie » de l’injonction verbale et des indignations sélectives. Comme en 1964, il ne s’agirait pas de s’éprendre d’un régime désormais converti au capitalisme et toujours contestable sur bien des aspects, mais de jouer un rôle d’intermédiation et d’influence entre les nouveaux pôles de puissance. Bref, en finir avec l’enlisement occidentalo-atlantiste qui imprègne la politique étrangère française depuis de trop longues années.

Théophyle Malo


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message