Un footballeur professionnel sur six évoluant dans les cinq grands championnats européens (Angleterre, Italie, Allemagne, Espagne et France) vient d’Afrique. C’est dire l’importance de ce « grenier » à talent qu’est devenu le continent noir. En Ligue 1 et Ligue 2 françaises, les joueurs africains représentent même près de 50 % de leurs joueurs étrangers (1). Voilà pour les élus. Mais combien de jeunes joueurs africains rejetés de ce rêve ?

A la source du trafic des joueurs

Culture foot solidaire reste la seule association en France à venir en aide à ces jeunes pousses ayant tenté en vain l’aventure européenne, soit seules, soit par le biais de recruteurs peu scrupuleux ou de filières d’émigration clandestine. Après avoir alerté sur la situation en France, l’association veut s’attaquer au problème à la source de ce trafic de joueurs. Mi-mars, elle va organiser une conférence internationale au Cameroun afin de médiatiser ce problème sur le continent noir. Pour l’association soutenue par Aimé Jacquet, il s’agit surtout d’avancer sur la rédaction d’une charte internationale du football solidaire, engageant les clubs signataires à respecter de bonnes pratiques en matière de détection, de recrutement et de formation.

Parallèlement à cette conférence, l’association va lancer sa première maison du footballeur africain à Yaoundé. Cette maison servira de modèle pour la fondation d’autres à travers le continent. Des éducateurs et des entraîneurs de foot y délivreront toutes les informations pour orienter, guider et conseiller les jeunes footballeurs africains désireux de tenter l’aventure en Europe. Ils y dispenseront aussi des conseils quant à la pratique de leur sport.

Première maison du footballeur africain

« Pour le moment, nous sommes en phase de test, explique Jean-Claude Mbvoumin (2), président de Culture foot solidaire. Une quarantaine de personnes travaillent sur ce projet. Des éducateurs, des bénévoles, des gens du foot camerounais. » Reste à pérenniser le financement, le troisième objectif de cette conférence internationale. « Nous recherchons environ cent mille euros auprès de partenaires afin de financer toutes les maisons. Certaines ligues de foot européennes sont déjà derrière nous. Des entreprises privées sont prêtes à nous donner un coup de main. Malheureusement, l’UEFA et la FIFA (fédérations européenne et internationale) ne nous ont pas recontactés. Mais on a bon espoir puisque Michel Platini a pris la tête de l’UEFA », affirme Jean-Claude Mbvoumin.

Depuis le mois d’octobre, l’association a distribué plus d’un millier de son Livret d’accueil du jeune footballeur africain dans les centres de formation des clubs français et en Afrique. Une opération effectuée en partenariat avec l’Union des clubs de foot professionnels français (UCPF). « Le foot exerce un formidable pouvoir d’attraction. Il ne faut pas casser ce rêve d’ascension sociale évident lorsque l’on voit les exemples des Weah, Drogba ou Eto’o, explique Philippe Diallo, directeur général de l’UCPF. Notre responsabilité est que ce rêve puisse se dérouler dans les meilleures conditions. Tous les jeunes footballeurs ne parviendront pas au bout. Nous devons les protéger de ce que j’appelle les agents de malheur. » Pour le moment, ces derniers n’ont toujours trouvé face à eux que des voeux pieux. Les temps ont-ils vraiment changé ?

(1) Source : www.eurofootplayers.org

(2) Pour en savoir plus : www.footsolidaire.org

Stéphane Guérard