Comment le mouvement issu du 29 mai 2005 peut-il se donner un avenir ? (Texte du 22 juin 2006)

vendredi 28 janvier 2022.
 

La campagne sur le Traité Constitutionnel Européen a montré :

- la capacité d’environ trois cent mille militants à porter une critique pertinente du libéralisme.

- l’audience possible de cette avant-garde auprès d’une dizaine de millions de citoyens de notre pays

- l’écho de cette alchimie au niveau européen

Toute organisation anticapitaliste ou seulement antilibérale qui passe aujourd’hui cette réalité par pertes et profits se trompe lourdement et n’a pas grande chance de réussite.

Cette force s’est retrouvée dans le soutien aux jeunes durant la lutte contre le CPE. Dans l’immédiat, il ne s’agit évidemment pas d’un front, encore moins d’un parti, mais plutôt d’une mouvance instable dont l’avenir n’est pas écrit. Contrairement à ce que peuvent penser les "mouvementistes spontanéistes", cette mouvance ne trouvera pas d’elle-même son débouché politique. Les organisations ont donc la responsabilité d’en proposer un et de contribuer à le construire.

Qu’est-ce qui a fait la force du NON durant la campagne du printemps 2005 ?

- La réalité d’environ trois cents mille militants signalés plus haut.

- Le rejet des conséquences du libéralisme dans des milieux ouvriers et populaires très larges, la sensibilité de millions de citoyens français au thème de la résistance face au capitalisme financier transnational

- L’existence en France d’organisations politiques minoritaires mais militantes ( PCF, LCR, LO, PT...) dont l’écho potentiel est très important sur une campagne conjoncturelle comme celle du printemps 2005, leur credo rejoignant la réactivité anticapitaliste naturelle d’une bonne partie du peuple français.

- L’unité et la complémentarité des leaders dont les discours entraient en résonance avec les aspirations des milieux ouvriers et populaires.

- Les quatre syndicats CGT, Solidaires, FSU, Confédération paysanne ont apporté des relais irremplaçables sur les lieux de travail.

- Le travail d’ATTAC a porté ses fruits à ce moment-là.

- Enfin, pour que 75% des citoyens de gauche votent Non, il ne faut pas sous-estimer la façon dont la campagne pour un non de gauche a réussi à toucher largement l’électorat socialiste

Qui compose l’actuelle mouvance issue du 29 mai ?

- D’une part plusieurs organisations, réseaux et sensibilités non étanches : Altermondialistes radicaux et mouvementistes anarchisants, ATTAC, Collectifs du 29 mai (personnalités, groupes locaux, individus, Alternatives citoyennes...), Parti Communiste, LCR, Pour la République Sociale, Républicains autres (dont la Gauche républicaine, le MARS)...

- d’autre part des personnes non organisées politiquement, présentes dans les comités locaux

Où en est cette mouvance ? Elle est hétérogène tout en se situant, en gros, à la gauche du PS . Elle est avide de rejouer un rôle. Mais elle ne peut éviter l’étape redoutable des prochaines élections et les questions auxquelles elle devra répondre. Quel projet politique ? Quel candidat aux présidentielles ? Quel rapport à l’Union des gauches et au Parti Socialiste ? Quelle forme d’organisation pour porter une action commune ? Quelles références politiques essentielles ?

Après le 29 mai, le mouvement né de la campagne du printemps a beaucoup perdu de sa force. Quelles erreurs ont été faites ? Par qui ? Il est évident que les deux organisations Parti Communiste et Ligue Communiste révolutionnaire sont restées partie prenante tout en espérant capitaliser le mouvement pour les présidentielles. Le courant mouvementiste anarchisant, par exemple en Aveyron, a joué un rôle négatif en pesant dans les collectifs contre un rôle et une représentation spécifique des organisations. Comme si celles-ci n’avaient pas joué un rôle majeur dans la campagne du printemps 2005 ! Comme si l’avenir du mouvement pouvait s’imaginer sans elles ! Comme si une candidature Bové crédible et utile pouvait se passer d’un consensus avec elles ! Le maintien ou pas de l’unité des organisations, le rapprochement de leurs références théoriques et de leur programme étaient des enjeux décisifs. Si la force née du 29 mai veut un avenir, ce ne sera pas seulement par de petits groupes locaux se rencontrant de façon conviviale et pratiquant de temps en temps l’action directe.

Nous ne pouvons pas éluder le rôle de PRS depuis le 29 mai, même si notre poids réel sur ce qui s’est passé, pour des raisons de forces disponibles et d’écho public, est moins important que celui du PC, de la LCR ou même des réseaux soutenant José Bové. Quatre sujets peuvent être abordés dans ce bilan de PRS :

- PRS a engagé toutes ses forces dans les luttes contre les conséquences du libéralisme ( CPE, services publics, rôle des collectivités...). Tel a été par exemple notre cas aussi en Aveyron.

- Les suites du 29 mai : Aussitôt près le 29 mai, nous avons participé aux collectifs, parfois les avons animés (Montpellier...). JL Mélenchon a participé à des meetings unitaires avec Bové, Buffet, Besancenot... à l’automne 2005 ( Marseille, Toulouse). PRS est resté partie prenante du processus unitaire même déclinant, jusqu’à aujourd’hui ( participation au Collectif national du 29 mai ; Assises pour l’Alternative ; meeting à Paris pour l’anniversaire du 29 mai). Plus récemment, une partie significative des adhérents de PRS s’est investie dans l’Appel à un rassemblement anti-libéral.

- Le Congrès socialiste

- PRS a développé une activité autonome comme le meeting de Rodez et une orientation autonome ( Manifeste débattu puis voté lors de la Convention Nationale de début avril 2006). Sur le fond, nous militons à la fois pour une Union des gauches sans exclusive sur un programme commun répondant aux aspirations des Français et pour un rassemblement anti-libéral, fer de lance de cette Union. Nous militons sur ces deux objectifs avec un même projet, celui de la république sociale. Un projet n’a aucun poids sans forces pour le porter. Aussi, nous avons essayé de peser dans le sens d’un regroupement des socialistes républicains et anticapitalistes conséquents.

La mouvance issue du 29 mai est-elle capable de devenir une force politique ? Quatre points sont incontournables :

- une analyse scientifique du capitalisme financier transnational d’aujourd’hui et de ses relais politiques divers

- un programme républicain, écologiste et anticapitaliste susceptible d’apparaître comme une solution à la crise actuelle

- un fonctionnement de type front dans un premier temps, des organisations et réseaux de collectifs locaux,

- l’autonomie vis à vis du PS mais aussi l’objectif d’une victoire de la gauche face à la droite et à l’extrême droite. En effet, nous voulons absolument battre Sarkozy, Villepin , Chirac.

Mettre la droite et la gauche dans le même sac, le PS et l’UMP dans un même panier des libéraux, c’est le meilleur service à rendre à Jean Marie Le Pen dont le score au premier tour sera aussi fort qu’en 2002 sinon plus. Quand on analyse concrètement l’Aveyron, il est évident que le Parti socialiste porte dans la casi totalité des cantons le rapport de force face à la droite. Ceci dit, privilégier cette seule dimension électorale nécessitant l’unité au dépens d’une stratégie anticapitaliste autonome nous mènerait dans l’impasse... Vieux dilemne !

PRS n’est pas une organisation politique mais une association dont les adhérents viennent d’horizons politiques, syndicaux et associatifs divers. Nous avons réussi à fonctionner depuis deux ans comme un lieu de débat ouvert, rigoureux et riche. En ce mois de juin 2006, deux sujets de réflexion priment : celui sur le programme qui vient de s’enclencher à partir d’une analyse du projet socialiste et celui sur l’avenir du mouvement issu du 29 mai.

Notre groupe aveyronnais de PRS peut et doit aujourd’hui engager ces débats, sans oublier l’essentiel, à savoir quel projet politique pour la gauche aujourd’hui : refondation républicaine de la France, répartition des richesses, moyens à se donner face à la mondialisation libérale...

Notre but n’est pas de débattre pour débattre mais de progresser collectivement dans la réflexion, de l’acter par des votes de Collectif d’animation ou lors de notre prochaine Assemblée générale PRS 12 le samedi 14 octobre 2006 au FJT d’Onet de 9h à 13h.

Pour commencer, nous mettons en ligne aujourd’hui plusieurs points de vue personnels dont le plus critique vis à vis des choix opérés par les camarades socialistes de PRS, celui de Jean Michel Naudon, adhérent PRS sur Rodez.

Jacques Serieys


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