Point de vue personnel : Etat de la gauche anti-libérale

samedi 17 juin 2006.
 

« Cher Jean-Luc, cher Camarade,

Après lecture de ton analyse critique du projet socialiste sur ton blog du 06/06, je suis globalement d’accord avec les thèses que tu y développes et partage le fait que ce projet est plutôt flou sur bien des points et pour moi, il me semble plus libéralo-socio-démocrate que véritablement de gauche !

Mais malheureusement ce projet sera le socle programmatique, qu’on le veuille ou non, du, ou de la, candidat du PS et très franchement, ce projet ne me semble pas, en l’état, être de nature à séduire l’électorat de la Gauche anti - libérale, tant s’en faut !

Je crois savoir que tu t’es abstenu lors du vote de ce projet, je m’en félicite car c’est une attitude cohérente avec notre position lors du référendum et en accord avec les idées sociales et républicaines que nous défendons. Mais je crois savoir aussi que Laurent Fabius, que tu persistes à soutenir, sauf mauvaise information de ma part, a lui, voté pour ce projet !

Dans l’état de délabrement hyper concurrentiel où se trouve la gauche actuellement, c’est une cacophonie de plus, une cacophonie de trop ! !

Cet état de fait, vous avez largement contribué a le créer mes chers camarades militants socialistes et adhérents de PRS, en courant, il n’y a pas d’autre mot, à une synthèse qui n’avait pas lieu d’être et qui vous a emprisonnés une fois de plus dans le carcan de la logique d’appareil du PS lors du congrès du Mans.

Il aurait été plus logique, plus en accord avec nos positions lors du référendum et plus honnête envers les citoyens qui nous ont suivi sur le non, de refuser cette synthèse castratrice et de réaliser une alliance d’opposition ferme et résolue avec les autres composantes de la gauche noniste du PS......mais peut-être que depuis le 14 Décembre 2005, je ne suis toujours pas un bon analyste politique...pourtant tous les thèmes que j’avais exposés lors de cette réunion se vérifient malheureusement un par un ! !

Et cette alliance aurait dû être préparée avec toutes les autres forces de gauche pour le non, sans exclusive, dès le lendemain du 29 Mai, mais comme d’habitude on a temporisé, au nom de quoi ?...Pour aboutir à l’immense pagaille à laquelle on assiste, Beau résultat en vérité !...Belle satisfaction pour les millions de citoyens de gauche qui avaient placé un immense espoir dans ce NON ! !

Alors questions :
- Quelle attitude prendront PRS et son fondateur une fois que le (la) candidat du PS sera désigné puisque ce sera, sans trop se tromper, un ou une oui-ouiste ?

- Suivrons nous, au nom de « Battre la Droite » un candidat porteur d’idées trop libérales au regard de celles d’égalité et de justice sociale que nous défendons ? Pour ma part, et pour d’autres j’espère, il ne saurait être question de cautionner une telle expectative et ce au nom de ma rébellion citoyenne commencée en 68, poursuivie en 81 et parachevée en 2002 en refusant catégoriquement de voter CHIRAC ! Pour finir, que l’on ne me dise pas qu’il n’y aura pas d’autres solution sinon ce sera SARKO, voire LE PEN et que malheureusement il semble impossible de dégager une candidature de rassemblement de la Gauche anti libérale pour le 1er tour !

La situation est ce qu’elle est

Il nous reste à assumer, chacun en conscience ! »

Depuis ce meeting à RODEZ, Jean Luc MELENCHON a explicité et développé les raisons qui ont motivé son abstention sur le projet socialiste.

J’adhère pour ma part à l’ensemble de l’analyse justifiant ce choix.

Par contre lorsque je lis, je cite, « Le Parti Socialiste est mon Parti, je ne veux pas le laisser aux mains des libéraux », j’avoue que je ne comprends plus grand chose et je ne suis sûrement pas le seul ! !

Car enfin, et pardon d’y revenir, c’était, me semble- t’il, lors du Congrès du Mans qu’il fallait faire échec, ou pour le moins faire acte d’opposition ferme et résolue à cette dérive libérale du PS initiée par JOSPIN (« Mon programme n’est pas Socialiste »), relayée et amplifiée depuis par HOLLANDE, DRAY, LANG, STRAUSS-KHAN, AUBRY, ROYAL et Consorts ! !

Etait-il si difficile de parvenir à un accord entre toutes les composantes du NON Socialiste qui représentaient quand même, en étant rassemblées, plus de 45% des votes exprimés sur les motions ? ? Ce n’est quand même pas rien ! !

Alors qu’on ne vienne pas nous dire qu’en ayant cette attitude cela aurait fait exploser le PS et ruiné toutes chances pour la Gauche,- pardon,- pour le PS, de revenir aux affaires !

Cet argument est non seulement fallacieux mais en plus, et c’est là le plus grave, profondément malhonnête vis à vis des autres organisations politiques engagées sur le NON et grâce auxquelles, mais on a décidément la mémoire très courte au PS, nous avons pu devant des millions de citoyens en espérance, développer nos arguments anti-libéraux.

Mettre cet argument en avant c’est considérer les autres composantes de la Gauche anti-libérale de ce pays comme quantités politiques accessoires voire négligeables ! !

Cette attitude hégémonique et un tantinet méprisante est à mon sens, une énorme erreur politique et c’est, une fois de plus si elle perdure, le Peuple qui en fera les frais !

Pourtant, dans cet immense chaos régit par la seule logique politicienne et électoraliste, des voix, encore bien timides certes, se font entendre pour tenter d’inverser les choses, pour essayer de fédérer les immenses espérances qui se sont exprimées le 29 Mai, pour initier une candidature commune de la Gauche anti-libérale.

La tâche est loin d’être aisée car il faudra dans un premier temps combattre nombre d’à priori sectaires et c’est bien loin d’être gagné d’avance !

Pour autant, il me semble que c’est là la seule voie qui vaille pour qu’à tout le moins nos idées de justice sociale et de refus du libéralisme, à la sauce gauche ou droite, puissent être valablement et réellement prises en compte dans une future mandature

Pour ma part, c’est dans cette optique résolument rebelle aux diktats du « politiquement correct » que j’entends m’engager et travailler, à mon niveau, en compagnie de toutes celles et tous ceux qui se reconnaissent dans mon analyse.

Ensemble nous refuserons cette soit disant fatalité du libéralisme de droite ou de gauche.

Ensemble, dans une logique d’écoute honnête et sans exclusive, nous donnerons corps à cette UNION des gauches. Jean-Michel NAUDON


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