11 octobre 1303 La mort du pape Boniface VIII renforce son adversaire Philippe le Bel

mercredi 2 juin 2010.
 

Depuis 1302, le conflit entre le pape Boniface VIII et le roi Philippe Le Bel, qui entend taxer les biens de l’Église situés dans le Royaume de France, s’est exacerbé. Soucieux de conserver le principe de prééminence du pape sur les rois, en d’autres termes la supériorité du pouvoir spirituel sur le pouvoir temporel, le pape publie la bulle Unam Sanctam. De son côté le roi qui entend s’assurer l’appui de ses sujets réunit un concile des évêques de France pour condamner Boniface VII, ainsi que des assemblées de nobles et de bourgeois à Paris (précurseurs des états généraux). Le chef de l’Eglise réplique par des menaces d’excommunications et d’interdits sur le royaume de France.

Inflexible, Philippe Le Bel convoque un concile œcuménique à Lyon dont le but serait de juger le pape, que plusieurs qualifient d’« indigne », et de le déposer. Guillaume de Nogaret est chargé de se rendre en Italie afin de notifier au pontife les volontés du roi. Il arrête le pape à Anagni dans sa résidence d’été et, selon certains chroniqueurs, le gifle avec un gantelet de fer. Humilié par ce geste et affaibli par l’âge, le pape meurt le 11 octobre 1303. Son remplaçant, Clément V, élu en 1305, est un Français. Il installe la papauté à Avignon et lève toutes les condamnations portées contre le roi et ses conseillers, déclarant que durant tout le conflit l’attitude de Philippe le Bel avait été « bonne et juste. »

Au delà des aspects conjoncturels, cet événement illustre la victoire du pouvoir temporel sur le spirituel, ouvrant la voie à la construction de l’Etat moderne. Dès lors, le chef de l’exécutif commence à s’assurer le monopole de la légitimité. L’État devient le maître des principes qui justifient ses décisions. Philippe Le Bel renforce le pouvoir des légistes pour résister aux grands nobles et permettre à la France d’abandonner ses traditions féodales pour devenir un État avec une administration moderne et centralisée. Le processus prendra des siècles. Nous sommes très loin de la République une et indivisible, de la laïcité ou même de la désacralisation du politique, mais ces acquis en favoriseront l’émergence.

Aigline de Causans et Théophile Malo


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