Rassemblement pour les droits des personnes intersexes : une lutte encore invisibilisée

jeudi 6 novembre 2025.
 

À Paris ce samedi 1ᵉʳ novembre, des militant·es, allié·es et associations se sont réunis pour dénoncer les violences médicales faites aux personnes intersexes et réclamer la reconnaissance de leurs droits fondamentaux. Sous les drapeaux violets et jaunes, les voix se mêlent : celles des concerné·es, des allié·es et des organisations qui refusent que cette cause reste dans l’ombre. Camille, militante intersexe, prend la parole d’une voix calme, mais déterminée : « C’est une lutte qui est invisibilisée, et qui reste invisible, même par rapport aux autres luttes. »

Dans cette phrase, tout est dit : l’effacement, le silence, le poids de l’indifférence. Alors que la France a déjà été condamnée à trois reprises par l’ONU pour son inaction face aux mutilations médicales sur les enfants intersexes, les responsables politiques continuent de détourner le regard. Camille le martèle : « Il faut des actes, pas seulement des discours. On parle de droits humains, mais on laisse les médecins continuer ! ». Reportage sur place.

Un engagement personnel et politique

Sacha, venu·e un peu par hasard grâce à des proches impliqué·es, découvre au fil des échanges une lutte qui résonne intimement : « J’ai découvert récemment que ce sujet me concernait plus que je ne le pensais. Je sens que ça va devenir très important pour moi. »

Sa participation à la quinzaine intersexe et aux lectures des mémoires de Clémentine Delait témoigne d’une prise de conscience militante et personnelle. Sacha fait partie de ces nouvelles voix qui rejoignent la lutte, conscientes que la visibilité est une première victoire : « On n’est pas nombreux·ses, alors chaque présence compte. Il faut qu’on fasse nombre. »

Des associations en première ligne

Matt, membre du Collectif Intersex Activist, résume l’objectif du rassemblement : « On veut rappeler la nécessité du respect des droits des personnes intersexes, surtout des enfants et des adolescent·es. Le droit à l’intégrité physique et au consentement doit être non négociable. »

À ses côtés, Sébastien Tuller, responsable des questions LGBTI+ chez Amnesty International France, rappelle que la protection des droits intersexes ne doit pas se limiter au cadre national : « Les communes, les régions, les écoles ont un rôle à jouer. Former les polices municipales, lutter contre les stéréotypes de genre dans le périscolaire, c’est aussi protéger les personnes intersexes. »

Tous deux soulignent la nécessité d’une meilleure collaboration entre associations et parlementaires, encore largement insuffisante.

Une responsabilité politique partagée

Les militant·es présents rappellent que la gauche a une responsabilité historique : celle de ne pas reproduire les silences du pouvoir. « Les droits intersexes ne peuvent plus être relégués au second plan des luttes féministes ou LGBTQIA+, ils en font pleinement partie », insiste Matt.

Les associations réclament une loi claire, un moratoire immédiat sur les chirurgies non consenties, et une reconnaissance légale de l’existence intersexe dans les institutions publiques.

Pour la dignité et la visibilité

Le rassemblement s’achève dans les chants et les sourires fatigués, mais déterminés. Les pancartes violettes se replient lentement, comme les ailes d’un mouvement qui refuse de disparaître. Les personnes intersexes demandent simplement ce que la République promet à toutes et tous : Le droit de disposer de leur corps, de leur identité, et de leur dignité.

Par Charlène


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