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Je suis une femme juive ashkénaze.
Je porte en moi une histoire millénaire de fuites, de livres sauvés dans des valises, de noms effacés puis réinventés. J’ai grandi avec la conscience aiguë d’appartenir à un peuple dont la mémoire est tissée de blessures, de résistance et de lumière.
Mais justement parce que je suis juive, je ne peux pas accepter que cette mémoire soit utilisée pour justifier l’animosité, la domination ou la violence d’un État ,quel qu’il soit.
Je ne confonds pas le peuple et le pouvoir, ni la foi et l’armée.
Je ne nie pas la peur, ni la tragédie du 7 octobre, ni la douleur d’Israël. Mais je ne peux pas non plus détourner le regard devant la souffrance des Palestiniens.
Être juive ne m’oblige pas à me taire. Être ashkénaze ne m’impose pas la loyauté à un gouvernement qui oublie le cœur de ce que nos aïeux ont transmis : la dignité, la justice, la valeur absolue de la vie humaine.
On me dit parfois que je trahis. Mais je ne trahis rien.
Je reste fidèle à ce que le judaïsme m’a appris : interroger, questionner, refuser les idoles.
La Torah ne parle pas de supériorité, elle parle de responsabilité.
Je ne veux pas d’un monde où être juive signifierait soutenir l’anéantissement d’un autre peuple.
Je veux pouvoir dire que la sécurité d’Israël ne passera jamais par la négation d’autrui.
Je veux croire qu’on peut aimer un peuple sans idolâtrer un État, et que la fidélité à nos morts ne se mesure pas à la haine des vivants.
Je suis une femme juive ashkénaze.
Et si je parle, ce n’est pas contre mon peuple c’est pour qu’il ne se perde pas.
Esther Sarre
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