Le Rn change de peau et c’est moche

jeudi 30 octobre 2025.
 

La séquence budgétaire en cours est celle où se confirment les évolutions politiques qui continuent de travailler la recomposition du champ politique français. Dans cette circonstance, au fil des amendements, les votes en plénière de l’Assemblée nationale, prennent une allure de moment refondateur pour deux protagonistes essentiels de cette recomposition : le Rassemblement national et le Parti socialiste.

Le RN prend l’option du virage néo-libéral en assumant un plan d’économies dans la même inspiration que la Macronie. Le but s’affiche sans complexe : prendre la tête du bloc des droites. Au PS, l’épisode crucial du refus de la censure de Lecornu sous prétexte d’accord sur la prétendue suspension de la réforme des retraites sombre dans le ridicule et l’arnaque. Mais il concrétise un changement complet d’orientation et de stratégie : le but n’est plus la conquête des secteurs populaires, mais l’héritage du macronisme sous la forme de la grande coalition du centre et davantage si possible.

Le Rassemblement National a pour la première fois annoncé un contre-budget. Sa signature néolibérale est spectaculaire. Avantages pour les riches, acharnement sur tous les autres. Son niveau d’impréparation reste très visible. Le Pen s’excuse pour cela : elle ne dispose pas des services de Bercy ! C’est vrai. Mais ce n’est pas un argument pour un parti qui dispose d’autant de moyens matériels et de complicités. Les Insoumis présentent un contre-budget cohérent et précisément chiffré chaque année depuis déjà longtemps. Et cette fois-ci encore, l’équipe du groupe parlementaire l’a fait en conférence de presse autour de la présidente du groupe Mathilde Panot. À la lecture du contre-budget du RN, on trouve une nuée d’approximations, d’incohérences et d’illusions comptables. Marine le Pen et ses proches sont incapables de répondre aux questions des journalistes et refusent de donner des précisions sur leurs chiffrages invraisemblables. Mais ce qui frappe dans ce contre-budget, c’est le sentiment de mépris macroniste pour les pauvres et les gens en difficulté dans la vie. Que veut dire cette perte de la prime d’activité pour 100 000 personnes en situation de handicap ? Et la perte de la prime de naissance pour des jeunes parents ? Et les économies sur l’allocation décès jeune enfant ? Et pourquoi ce souci du détail des privations comme le doublement des franchises médicales, franchises sur les lunettes, fauteuils roulants, pacemaker, etc. ? Pourquoi suivre les macronistes en abaissant le seuil de TVA des auto-entrepreneurs et petits commerçants ? Pourquoi cette suppression pour 60 000 apprentis mineurs de l’aide pour le permis de conduire ? Et de même que valent les discours du passé du RN avec ces 7 milliards d’économies sur la santé, ce milliard de moins pour l’hôpital, ces 4600 postes de profs en moins ? Tout cela est une signature politique et sociale. Le RN fait le choix de la société des riches contre la société des autres, des gens ordinaires qui vivent de peu et à qui les puissants veulent toujours prendre encore. Une chose est sûre : avec la masse des coupes budgétaires prévues, ce plan prépare la récession au lieu de la prévenir. Sous des promesses habillées de slogans, il prolonge en réalité la même logique inefficace menée depuis des années par les macronistes et la droite : moins de services publics, moins de justice sociale, moins de souveraineté. L’immigration est évidemment la première visée et frappée au-delà de l’absurde avec 11,9 milliards d’économies. Mais le tableau d’ensemble montre davantage de coupes budgétaires que dans le budget Lecornu : 80 milliards ! Deux fois plus violent que le budget du gouvernement. On connaît cette musique. Le plan Lecornu fait déjà baisser la croissance de 0,8 points. Celui du RN pourrait nous faire entrer en récession.

Par contre, il n’y a aucune mesure contre la pauvreté. Ni hausse du SMIC et des salaires, ni dégel du point d’indice des fonctionnaires et pas d’augmentation des minimas sociaux. Par contre, le contre-budget du RN ne prend rien aux plus riches. Ni ISF, ni taxe Zucman. Le message est là : le RN c’est la sévérité pour les pauvres, pas pour les riches qui profitent du système. Et tout cela finit avec un budget plus macroniste que Macron, tout en fleurs et rubans pour le patronat. Cela se note avec 16 milliards d’euros de baisse de recettes supplémentaires sur les entreprises. C’est le refus de revenir sur la flat tax d’où vient l’avantage pour le capital d’être moins taxé que le travail et a bénéficié à 92 % aux 1 % les plus riches !

Le vrai plan global du RN c’est de faire 270 milliards d’euros d’économies. C’est 6 fois le plan Lecornu. Le RN demande 5 milliards d’effort aux collectivités territoriales, soit le montant déjà prévu par la macronie. Les résultats seront identiques, saccage des services publics locaux et des actions des collectivités territoriales mises toujours davantage sous pression. Au passage, l’examen des détails permet de deviner une belle arnaque sur les retraites ! En effet, la réforme du RN ne coûterait qu’1,5 milliard d’euros, c’est-à-dire pas plus que le « décalage » de Lecornu ! Il n’y aura donc pas d’abrogation de la réforme des retraites avec le RN.

À ce tableau peu ragoûtant, il faut ajouter les exploits du passé du RN. Car en laissant passer le budget Bayrou sans le censurer, le RN a permis une hausse de 60 % des taxes sur l’électricité, une taxe sur les apprentis, une autre sur les auto-entrepreneurs. Ce n’est pas tout dans cette catégorie, le plan Le Pen avalise les pires violences du budget Lecornu puisqu’il ne revient pas dessus. C’est ainsi que l’on retrouverait sans l’annoncer l’année blanche sur les prestations sociales : prime d’activité, AAH, minimum vieillesse, allocation parent qui s’occupe d’enfant gravement malade, tout serait gelé comme en macronie. De même, on ne voit rien sur la nationalisation d’ArcelorMittal, pourtant indispensable à la protection de l’industrie de notre pays. Alors à quoi bon Le Pen ? Tout ici est dans la pire tradition de la communication quand le détail montre ou bien le manque ou bien le contraire. Ainsi, quand le RN parle d’économies sur le train de vie de l’État, mais que leurs maires augmentent leurs indemnités : 17 % d’augmentation pour Louis Aliot, 800 euros de plus pour David Rachline. Ou quand le RN annonce prendre en compte le défis écologique quand l’écologie est la grande perdante de leur contre-budget avec 20 milliards de coupes budgétaires. Je peux donc proposer ici un résumé pour faciliter le travail d’explication que nous demandons de faire à tous nos amis sur le terrain.

Résumé du contre-budget RN présenté par Marine Le Pen ce matin :

– 60 milliards de coupes budgétaires

– Démantèlement des grandes agences de l’Etat

– Baisse des subventions pour les associations

– Suppression de l’aide médicale d’Etat

– 5 milliards de coupes pour les collectivités

– 20 milliards de cadeaux fiscaux annoncés pour les grandes entreprises

La fête pour les très riches continue avec Le Pen.


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