Le PS change de peau et c’est moche

lundi 3 novembre 2025.
 

La séquence budgétaire en cours est celle où se confirment les évolutions politiques qui continuent de travailler la recomposition du champ politique français. Dans cette circonstance, au fil des amendements, les votes en commission et bientôt en plénière de l’Assemblée nationale, prennent une allure de moment refondateur pour deux protagonistes essentiels de cette recomposition : le Rassemblement national et le Parti socialiste.

La publication de la « lettre rectificative » a eu l’immense avantage de faire aussitôt cesser le concours d’interprétation de ce qui a été convenu entre le tandem Lecornu Macron et le trio Olivier Faure, Jérôme Guedj et Philippe Brun. Dorénavant, on sait ce que l’on n’aurait pas connu, sinon avant la discussion du projet de loi sur la sécurité sociale et la présentation dans une semaine de l’amendement gouvernemental qui avait été annoncé.

Les dispositions fixées dans cette lettre sont dorénavant incluses dans la loi telle que va la discuter la commission des affaires sociales et de celle des finances. On ignore si c’est bien ce qui avait été convenu entre macronistes et socialistes dans le « secret des rencontres » et des conversations téléphoniques directes avec Macron. En effet, l’amateurisme des « négociateurs » est désormais bien établi. Mais ce qui est désormais annoncé est une entourloupe de première grandeur. Pour le montrer ici, je reprends l’essentiel de l’analyse du groupe parlementaire insoumis.

C’est confirmé : ni abrogation ni suspension, la retraite à 64 ans est donc maintenue, mais son entrée en application serait décalée d’un an. Point final. Explication : seule la génération née en 1964 partira à la retraite avant la présidentielle de 2027. Par conséquent, si le décalage proposé devait entrer en vigueur, cette seule génération serait assurée de pouvoir en bénéficier. Rien n’est garanti pour les autres. Sauf des ennuis imprévus.

Car voici le pire : la lettre rectificative prévoit de faire payer à tous aujourd’hui et demain le financement de cette « victoire ». Comment ? Les pensions de retraite pour les prochaines années seront encore moins revalorisées et une taxe sur les mutuelles sera appliquée et donc répercutée sur les adhérents. C’est là que se situe la plus grosse entourloupe. Le bilan est clair et net : tous les retraités actuels et futurs y perdront. Voyons cela.

L’espérance de vie moyenne à la retraite est de 25 ans. Le gel (2026) et la sous-indexation (2027 à 2030) ont un effet cumulatif. En effet, la sous-valorisation d’une année n’est jamais compensée par la suite. Cela représente donc pour chaque nouveau retraité né après 1969 une perte totale de revenu de 14 600 €. Tel est le « c’est mieux que rien » obtenu par Le PS. C’est ce que le communiqué des syndicats qui s’est exprimé avant d’avoir la lettre rectificative appelle « une victoire de l’action populaire ». L’alignement sur la propagande du PS leur coûte en crédibilité. Ici, les syndicats ont surestimé leur partenaire politique. Ils l’ont cru aussi vigilant et entraîné qu’eux pour la négociation.

Il reste à croire que le trio Faure-Guedj-Brun ne savait réellement pas ce qui allait arriver. On peine à croire à tant d’amateurisme. Mais alors ils ne seraient pas des nigauds, mais des menteurs. Donc on peut et on doit se demander : qu’ont-ils réellement négocié d’autre « dans le secret des conversations » évoqué par le Premier ministre lui-même à plusieurs reprises et les contacts directs de Faure avec Macron cité dans « Le Monde » sans autre détail ? On finira par le savoir bientôt.


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