Nicolas Sarkozy est entré en prison

dimanche 26 octobre 2025.
 

Sauf exception, personne ne peut ignorer qu’il avait, mardi matin, dans son humble bagage, un exemplaire du Comte de Monte-Cristo, de Dumas. On voit bien l’idée, l’homme injustement condamné bravant le sort et revenant dans la société où il règle ses comptes. Mais de ce côté, Nicolas Sarkozy n’aura pas trop de souci. Les sociétés et groupes avec qui il est en affaires où dont il est même administrateur, comme Lagardère ou Accor, ne lui tiennent pas rigueur de sa condamnation comme de ses différents démêlés judiciaires.

Des amis comme Vincent Bolloré ne sauraient lui faire défaut et le cercle de ses soutiens va bien au-delà des quelques centaines de manifestants du pathétique rassemblement du seizième arrondissement de Paris. Depuis trois semaines, les éditorialistes de droite et d’extrême droite martèlent à quel point est scandaleux le sort qui lui est réservé par des magistrats politisés, jusqu’à parler de despotisme judiciaire.

C’est dans ces conditions que le garde des Sceaux, Gérald Darmanin, n’a pas hésité à déclarer publiquement qu’il lui rendrait visite en prison, que le président de la République a cru bon de le recevoir avant son incarcération en indiquant qu’il était normal « sur un plan humain » qu’il reçoive un de ses prédécesseurs. Lequel, rappelons-le, et quand bien même il a fait appel, est condamné à cinq années de prison pour association de malfaiteurs.

Il y a des humains sans doute plus humains que d’autres et celles et ceux qui n’ont pas un mot à dire quand un employé est licencié pour avoir, par exemple, récupéré des marchandises périmées, ont un sens de la justice à géométrie très variable.

Mais en réalité ce qui se passe là est plus profond, touche aux fondements même de la démocratie. C’est en fait l’expression, le reflet d’une sédition des puissants et des ultrariches au regard de la loi commune, couverte par le pouvoir, encouragée, si ce n’est organisée, par les médias des milliardaires. Qu’il s’agisse de l’impôt ou de la même justice pour tous, de pays en pays la même trahison démocratique se répand.

Maurice Ulrich, L’Humanité


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