Débat budgétaire (France) : un « pari » déjà perdu ?

mardi 28 octobre 2025.
 

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C’est à quitte ou double que se jouera le budget de la France dans les prochaines semaines. Sur le papier, le Parti socialiste (PS) a certes la main : le Rassemblement national (RN) ayant cette fois renoncé à sauver le gouvernement, c’est bien vers le groupe dirigé par Boris Vallaud que Sébastien Lecornu doit désormais se tourner s’il veut survivre aux débats budgétaires et éviter une nouvelle dissolution.

La semaine dernière, le PS a donné l’illusion de remporter une première manche en troquant sa non-censure contre l’abandon du 49-3 et une très symbolique suspension de la réforme des retraites. Depuis, les socialistes se targuent de tenir en joue l’exécutif. Pas de suspension de la loi Borne ? Un budget trop à droite ? Ils appuieront alors sur le bouton de la censure. « C’est simple ! », répète à l’envi Olivier Faure.

En réalité, pourtant, rien n’est « simple » dans cette affaire. Le circuit législatif s’avère si labyrinthique que rien ne dit que le gouvernement donnera in fine la main aux parlementaires, même si le premier ministre l’a promis. En outre, il faudra faire avec les autres forces en présence à l’Assemblée nationale. À commencer par l’extrême droite, qui a tout à gagner d’une la dissolution – et la réclame bruyamment.

Le groupe dirigé par Marine Le Pen a ainsi tout intérêt à faire dérailler les débats qui commencent à la fin de la semaine dans l’hémicycle. Une stratégie qui pousserait le gouvernement dans les retranchements d’un possible recours aux ordonnances, contraindrait par conséquent le PS à la censure, et reposerait la question de la dissolution.

Il faudra aussi regarder de près le comportement de La France insoumise (LFI), ulcérée par le risque que font courir les grandes manœuvres du PS. Pour l’heure, les mélenchonistes semblent résolus à jouer le jeu parlementaire, quitte à offrir momentanément le point à Olivier Faure. Mais ils savent aussi que l’échec des plans socialistes pourrait porter le coup de grâce à Emmanuel Macron, dont certains, y compris parmi ses alliés, réclament déjà la démission.

Dans l’équation à mille inconnues qui débute aujourd’hui en commission des finances à l’Assemblée, une chose est sûre : parce qu’il ressemble moins au pari de Pascal qu’à un aléatoire coup de dés, le « pari » socialiste, est loin, très loin d’être gagné.

Pauline Graulle


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