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Le Rassemblement national (RN) se serait bien passé de cet examen du budget. Il aurait préféré passer directement à l’étape des législatives anticipées, pour se maintenir sur cette ligne de crête consistant à apparaître comme un défenseur des classes populaires tout en séduisant les milieux d’affaires avec des propositions de plus en plus pro-business.
Mais l’extrême droite va devoir se positionner sur chaque mesure mise au débat, au risque de révéler son imposture sociale. En premier lieu sur l’imposition des plus riches. Après des mois de tergiversations sur la taxe Zucman, Marine Le Pen a fini par trancher : son groupe votera contre. Idem sur un retour de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF).
Le RN plaide plutôt pour un impôt « sur la fortune financière » au rabais, puisqu’il exclut de l’assiette les biens professionnels et la résidence principale et ne générerait qu’entre 1,5 et 3 milliards d’euros de recettes.
L’idéologie est désormais assumée par ses cadres : « Ce n’est pas en taxant les entreprises et les plus riches qu’on va redresser le pays », a revendiqué sur France Inter Jérôme Sainte-Marie, sondeur et candidat lepénistes aux dernières législatives.
Pour le nouveau conseiller économique de Jordan Bardella, Charles-Henri Gallois, taxer les riches est loin d’être la priorité. « La justice fiscale peut s’entendre, mais ce n’est pas cela qui va rétablir les comptes publics, explique-t-il au Monde. La face des comptes publics sera changée par la baisse de la mauvaise dépense publique, par la relance de la production en élaguant les normes et en baissant la fiscalité. »
Une doctrine libérale qui justifie de ne pas lutter contre les inégalités fiscales et sociales, par ailleurs instrumentalisées électoralement par le RN. Dans le volet recettes, l’extrême droite ne votera pas davantage la suppression de la flat tax revendiquée par la gauche, et dont il veut au contraire relever le plafond.
Plus généralement, elle propose de baisser les impôts de production dans des proportions encore plus élevées que la droite : 20 %, soit 20 milliards d’euros de rentrées fiscales en moins pour l’État. 20 milliards d’euros, c’est aussi le montant des dépenses publiques que le parti lepéniste veut supprimer chaque année pendant cinq ans, pour atteindre 100 milliards.
Ses votes devraient ainsi s’approcher de ceux de la Macronie sur ce point. La baisse du nombre de fonctionnaires est désormais revendiquée, et d’autres secteurs sont également visés : la politique publique du logement, l’audiovisuel public, qu’il compte privatiser, les subventions aux associations et la formation professionnelle. Avec pour conséquence une poursuite de la dévitalisation des services publics, un autre moteur du vote d’extrême droite.
Ces économies, auxquelles s’ajoutent d’autres mesures chiffrées au doigt mouillé, comme les 25 milliards d’euros liés au « coût de l’immigration », ont pour objectif final de faire passer le déficit public sous les 3 % du PIB. Et donc de suivre à la lettre le pacte de stabilité budgétaire dicté par Bruxelles.
Il semble loin le temps de la sortie de l’euro. Désormais, le RN est en matière budgétaire un des partis les plus zélés des injonctions de l’Union européenne comme des milieux financiers, qu’il veut à tout prix rassurer.
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