« Censure et retour aux urnes, c’est le seul espoir ! » – Le discours d’Aurélie Trouvé pour défendre la motion de censure de LFI contre Sébastien Lecornu

vendredi 14 novembre 2025.
 

Ce 16 octobre 2025 au matin, la motion de censure de LFI contre Sébastien Lecornu est examinée à l’Assemblée nationale. Dans son discours introductif, la députée LFI Aurélie Trouvé n’a pas mâché ses mots contre le Premier ministre illégitime et minoritaire. « Premier ministre, comme moine soldat de M. Macron, vous avez participé, pendant 8 ans, au saccage de notre économie ! » a-t-elle tonné, en rappelant que le budget à venir serait un « désastre » avec la hausse d’impôts sur le revenu pour tout le monde, le racket des micro-entrepreneurs, des malades chroniques, des retraités, des apprentis, des étudiants…

« Voter la censure est le seul moyen d’empêcher ce budget », a-t-elle rappelé, notamment à destination du Parti socialiste qui a annoncé son refus de censurer. « Vous tous ici, qui avez été élus pour abroger la réforme des retraites, allez-vous vraiment vous laisser abuser par cette aumône en trompe-l’œil ? » leur a-t-elle rappelé, en soulignant le « leurre » et la « tromperie » du simple report de la retraite à 64 ans qui vole deux ans de vie à tous les Français.

« Continuer le macronisme et le néolibéralisme ou rompre avec eux ! » – Aurélie Trouvé à la tribune de l’Assemblée, pour défendre la censure du Gouvernement Lecornu

Mme la Présidente, chers collègues,

M. le Premier ministre,

Vous l’avez dit vous-mêmes, vous êtes un « moine soldat », celui de M. Macron.

Mais savez-vous bien ce qu’étaient les moines soldats ? Des hommes qui menaient une guerre « sacrée », qui croyaient servir une cause supérieure, et qui pour cela brûlaient tout sur leur passage.

C’est ce que vous faites : pour servir un pouvoir minoritaire persistant, vous saccagez les fondements mêmes de la démocratie.

Le Président Macron impose désormais son pouvoir contre la volonté du peuple et n’est plus garant des institutions de notre pays.

Lui qui n’a pas une seule fois écouté la colère qui s’exprimait dans les rues et sur les ronds-points.

Lui qui a volé par 49.3 deux années de retraite aux Français.

Lui qui a décidé tout seul d’une dissolution de l’Assemblée nationale, puis a ignoré le vote des Français.

Lui qui, battu dans les urnes, a poursuivi une politique rejetée par le pays.

Lui qui s’arroge à nouveau le droit de désigner un gouvernement de vaincus.

Nous sommes en ce moment même à un tournant de l’histoire : la politique néolibérale en faveur des riches et des multinationales, celle de M. Macron, est massivement rejetée par le peuple. Elle ne peut continuer qu’en étant imposée contre le peuple.

Nous y voilà, au néolibéralisme autoritaire. Et vous en êtes le moine soldat, M. le Premier ministre, avec vos pauvres armes, faites de tractations de couloir, de discussions secrètes, de deals politiciens méprisables.

Vous trahissez l’esprit de la République et son principe premier : le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple.

Dès lors, l’enjeu ce n’est pas vous, c’est la France.

Chers collègues, censurer aujourd’hui, c’est exprimer notre attachement viscéral à la démocratie. C’est sauver la République du fanatisme de ceux qui prétendent aimer la France tout en la mettant sous tutelle. C’est dire à nos concitoyens que leur voix compte encore, qu’ils peuvent être respectés, et qu’en ce lieu, la conscience républicaine n’est pas morte.

M. le Premier ministre, comme moine soldat de M. Macron, vous avez participé, pendant 8 ans, au saccage de notre économie.

Il n’y a jamais eu autant d’entreprises qui ferment. Les salaires, les investissements productifs chutent, les souverainetés industrielle et alimentaire sont en grave danger. Les fins de mois des Français deviennent insoutenables. Vous avez dévasté l’économie du pays.

Et votre budget, que vous dites « sérieux et fiable », va amplifier le désastre. Les instituts de prévision économique le prédisent, il nous fera terminer l’année avec les pires résultats économiques des puissances européennes. 30 Mds de nouvelles coupes budgétaires et un très grave effet récessif. Par la baisse du pouvoir d’achat de toutes les classes populaires.

Ce sera un saccage pour les centaines de milliers d’auto-entrepreneurs qui devront désormais payer la TVA. Les TPE du bâtiment subiront de plein fouet la nouvelle baisse des aides à la rénovation énergétique des logements. Et tant d’autres, agriculteurs face aux traités de libre-échange, ouvriers sidérurgistes qui voient leurs actionnaires déserter… Votre politique dévaste la production et des millions de petites entreprises.

Tous les budgets qui font l’unité de notre nation seront amputés : ceux du logement, de l’aide alimentaire… ceux des Outre-mer, avec une baisse de 200 M€ d’euros.

Ce sera un saccage de notre planète et de notre santé. Par exemple, vous amputez de 84 % le budget dédié à la sortie des pesticides ET, dans le même temps, les gens qui souffrent de cancers liés à ces pesticides devront payer bien plus cher pour se soigner.

Votre budget relève d’une forme de dévotion. Une dévotion CRUELLE. Une dévotion aux marchés financiers et à la dette qui ne peut pas finir autrement qu’en saccage.

Je le dis à tous ceux qui ont été élus pour rompre avec le macronisme. Ce saccage budgétaire aura lieu si nous ne censurons pas. Sans 49.3, certes, mais le moine soldat empruntera bien d’autres chemins pour réussir sa mission. À commencer par les ordonnances.

J’en viens maintenant au cœur du débat de ces derniers jours : la réforme des retraites et son devenir.

Ne nous y trompons pas, mes chers collègues ! Si ce gouvernement demeure, il poursuivra la démolition de notre système par répartition. Car la « suspension » annoncée n’est qu’un leurre, une tromperie : au mieux un bref report, glissé par un amendement budgétaire dont rien ne garantit la présence dans le texte final. Et même s’il s’y trouvait…

Il confirmera, actera la retraite à 64 ans.

Il sera payé très très cher par les retraités : la baisse des pensions de 17 millions de retraités de 300 € en moyenne par an.

Il sera noyé dans un budget de destruction de la protection sociale : baisse des allocations de 13 millions de familles et de plus d’1 million de personnes en situation de handicap, baisse des APL de 300 000 étudiants…

Et surtout, cette grâce de M. Lecornu rouvrira la voie à la retraite par capitalisation par la « conférence sociale ».

Alors, si cette pseudo-suspension des retraites est une victoire, c’est bien pour le Président, et pour tous ceux qui le soutiennent.

Vous tous ici qui avez été élus pour ABROGER la réforme des retraites, allez-vous vraiment vous laisser abuser par cette aumône en trompe-l’œil ?

Chers collègues, il n’y a que deux options ce matin : continuer le macronisme et le néolibéralisme. Ou bien, rompre avec eux.

Les Français ne veulent plus du chaos des marchés. Ils veulent un État qui protège. Ils veulent la sécurité, celle du quotidien, pas celle qui fait de l’étranger un bouc émissaire, pas des droits qui s’obtiennent sur le dos des autres. Ils veulent un travail qui permet de vivre, un médecin à moins de trente minutes, une école qui n’abandonne aucun enfant, une facture d’énergie qui n’explose pas au gré de la spéculation. Ils veulent que la République reprenne la main, que les besoins humains l’emportent sur ceux de la finance. Ils veulent la souveraineté populaire face aux féodalités économiques.

Arrêtons MAINTENANT de gâcher les ressources du pays pour alimenter la finance. Le monde change. C’est MAINTENANT qu’il faut investir des dizaines de milliards d’euros dans la relance écologique et sociale. MAINTENANT qu’il faut transformer notre production. MAINTENANT qu’il faut censurer.

Censure et retour aux urnes, c’est le seul espoir d’un souffle nouveau. Le seul espoir de régénérer notre contrat social. Voilà le sens profond du vote de 2024 et du programme de rupture du Nouveau Front Populaire grâce auquel nous avons été élus et nous avons gagné.

Enfin, je veux dire aux millions de gens, aux travailleuses et travailleurs, qui ont combattu la réforme des retraites en faisant grève et en manifestant : oui, c’est grâce à vous – et seulement vous – si la volonté d’abroger la réforme des retraites reste autant majoritaire dans le pays et dans l’Assemblée nationale. Nous ne vous trahirons pas, nous continuerons le combat, à commencer par la censure.

Respectons le mandat de nos électeurs. Pensons à l’espoir que nous avons soulevé. Il est des moments où l’attentisme devient de la lâcheté. Nous y sommes. Jean Jaurès disait : « Le courage, c’est d’aller à l’idéal et de comprendre le réel. »

Je m’adresse ici à tous ceux qui se disent héritiers de Jean Jaurès : je vous invite MAINTENANT à faire preuve de courage, à comprendre le réel et à censurer.


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