Deux médecins australiennes affirment auprès de l’Agence France Presse avoir été témoins de scènes d’horreur dans la bande de Gaza, décrivant des enfants déchiquetés par les bombardements israéliens incessants et des hôpitaux submergés par les morts et les blessés.

Au terme d’une mission de quatre semaines dans le territoire palestinien dévasté par la guerre, Saya Aziz estime que « les images de la destruction à Gaza dans les médias ne reflètent pas pleinement la réalité sur le terrain ».

« Ce que les images ne montrent pas, c’est l’odeur, les hurlements, la détresse des parents en pleurs, voyant leurs enfants mourir, souffrir dans la douleur », ajoute cette anesthésiste. Gaza, dit-elle, connaît « un massacre après l’autre ».

« Des corps déchiquetés, désintégrés, du sang, des têtes fracassées, des bras brisés, des membres coupés, du sang partout… On se croirait dans un abattoir », raconte-t-elle.

Saya Aziz et sa collègue Nada Abou al-Rub, une Palestino-Australienne, ont témoigné avant de quitter le territoire palestinien dimanche 5 octobre. Au cours des deux dernières années, la destruction à Gaza a été immense, des quartiers entiers ont été rasés et des millions de tonnes de décombres recouvrent désormais les zones où vivaient autrefois des familles.

Les bâtiments résidentiels, les hôpitaux, les écoles, les systèmes d’approvisionnement en eau et le réseau d’assainissement ont été durement endommagés par les attaques israéliennes, menées en réponse à l’attaque terroriste sans précédent du Hamas, le 7 octobre 2023.

« Qui a-t-il de dangereux dans le lait pour bébés ? »

Mais les enfants sont ceux qui payent le lourd tribut du conflit, selon Saya Aziz. « Le plus difficile, ce sont les enfants malades, inconscients, ensanglantés. Il faut les anesthésier en sachant qu’ils n’ont plus de famille, raconte-t-elle. Qui va leur dire ? Qui va s’occuper d’eux ? »

Nada Abou al-Rub accuse de son côté les autorités israéliennes de restreindre l’entrée de produits essentiels, dont le lait infantile et les compléments nutritionnels pour enfants. Les Israéliens « ont menacé de fermer toute organisation apportant du lait pour bébés et d’interdire à ses médecins de revenir à Gaza, selon elle. Qu’y a-t-il de dangereux dans le lait pour bébés ? »

Le beurre de cacahuète et la Nutrition parentérale totale (NPT), une alimentation intraveineuse vitale pour les enfants opérés de l’intestin, avaient également été bloqués, selon elle. « Ces flacons ont été cassés, on nous a empêchés de les faire entrer. »

Elle aussi décrit des scènes « horribles ». « Les gens meurent dans les explosions, leurs corps réduits en morceaux, des familles entières anéanties. » Tous les collègues avec lesquels elle a travaillé, ajoute-t-elle, avaient perdu des proches, leurs maisons, leurs biens, leurs voitures. « Ils ont tout perdu, il ne leur reste plus rien pour survivre ici, à Gaza. »