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Il y a des moments dans la vie d’un écrivain où la rétrospective et le bilan s’imposent comme une étape importante. Avec Autoportrait avec Mélenchon, Abdourahman Waberi fait le choix ambitieux de lier son destin personnel à l’histoire politique et sociale du monde dans lequel il a vécu et qui, au fil des déceptions, l’a mené à se désintéresser de la politique. Ce cheminement le conduit au présent : le destin politique de l’insoumission incarnée par Jean-Luc Mélenchon, qui, comme pour des millions de personnes, lui redonne espoir et goût pour une manière entière et intègre de faire de la politique et de porter une vision ambitieuse de transformation de la société.
Dans un contexte où les attaques de la meute médiatique et politique des élites s’amplifient contre les insoumis et les insoumises, où il n’existe plus aucune digue contre la diffamation, l’atteinte à l’intimité et à l’intégrité, une œuvre comme celle d’Abdourahman Waberi se présente comme un phare dans la nuit. Notre article.
La première liberté que prend l’auteur dans ce récit est de s’émanciper en partie de l’ordre chronologique d’un autoportrait. Ici, les impressions thématiques sont privilégiées et réparties en trois parties. La première tourne autour du néolibéralisme ambiant de la fin du XXᵉ siècle, suivie d’une deuxième partie qui nous emmène faire le tour du monde à travers les constats politiques qui ont marqué divers pays de chaque continent. Enfin, la troisième partie se tourne vers le présent et la réincarnation de la nouvelle gauche portée en particulier par le mouvement insoumis.
Au fil des pages, ces grandes parties partent toujours d’un souvenir personnel de l’auteur. C’est là que le choix de l’autoportrait apparaît comme le plus ambitieux : en allant de l’intime, Waberi nous fait ressentir l’universel. Qui, dans sa vie, n’a pas le souvenir d’où il ou elle se trouvait lorsqu’un événement politique ou sociétal important est venu impacter le quotidien et troubler l’ennui et l’ordinaire ?
Et pourtant, la vie de l’auteur est loin d’être ordinaire. Son parcours singulier est marqué par des expériences uniques et des rencontres exceptionnelles, notamment avec de grandes figures de la littérature telles que Maryse Condé et Annie Ernaux.
La littérature, la musique et la poésie sont également au rendez-vous de ce voyage, à travers de nombreuses références qui mènent à l’éveil politique. La question du handicap est abordée avec un recul profondément humaniste, qui rappelle à quel point la condition personnelle peut pousser à l’engagement pour de meilleures conditions de vie pour les plus précaires et les plus démunis de ce monde. La génocide à Gaza est bien sûr évoquée, ainsi qu’une analyse pertinente du traitement ignoble réservé aux insoumis pour avoir défendu le droit international.
Enfin, un parallèle récurrent avec le cheminement politique de Jean-Luc Mélenchon s’intensifie au fil des pages jusqu’à la rencontre de l’auteur avec le mouvement insoumis. Ce choix se présente comme un fil conducteur du récit et mène à des passages de description intenses qui résonnent avec l’expérience insoumise de chaque personne ayant déjà vécu un meeting politique, une soirée électorale ou encore les universités d’été du mouvement, les « AMFIS »
Dans un contexte où les attaques de la meute médiatique et politique des élites s’amplifient contre les insoumis et les insoumises, où il n’existe plus aucune digue contre la diffamation, l’atteinte à l’intimité et à l’intégrité, une œuvre comme celle d’Abdourahman Waberi se présente comme un phare dans la nuit. Les auteurs et les artistes sont de plus en plus contraints de choisir le chemin de la dépolitisation sous peine d’être censurés ou fichés. Or, à travers la publication de cet autoportrait, l’insoumission prend tout son sens.
Abdourahman A. Waberi, Autoportrait avec Mélenchon : l’homme qui a sauvé la gauche, Le Bord de l’Eau, sortie le 3 Octobre 2025.
Par Vincent Umarell
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