Le Figaro analyse la nouvelle doctrine du Parti Socialiste sur "l’économie de marché"

jeudi 27 décembre 2007.
 

Le Parti socialiste a enfin décidé de mettre fin à « des décennies d’ambiguïté ». Il a procédé le 15 décembre à « l’aggiornamento » de sa doctrine économique. Le texte issu des travaux dirigés par François Hollande dit ceci : « Nous reconnaissons l’économie de marché, mais nous avons un rapport critique au capitalisme et nous combattons le libéralisme... » Admirable concentré de la pensée socialiste version Hollande ! Ou l’art de la synthèse des contraires. On passe ainsi de l’ambiguïté précédente (la contradiction entre la doctrine et la pratique du pouvoir) à l’incohérence.

Quand les socialistes écrivent « nous reconnaissons » que l’économie de marché est sans doute la forme la plus efficace pour produire de la richesse, on comprend bien qu’ils se résignent à l’admettre - faute de mieux. Mais de quel mieux ? Le socialisme totalitaire a été ruiné par les tragiques dégâts qu’il avait provoqués, tandis que le socialisme « à visage humain » est resté à l’état d’utopie.

L’économie de marché, c’est le libre choix par le consommateur entre des produits concurrents en qualité et en prix. Ce qui suppose trois acteurs : l’entreprise, pour fabriquer les produits et les mettre sur le marché, l’actionnaire, pour les financer, le client, pour les acheter. Ces trois acteurs, producteurs, actionnaires et consommateurs, ont un point commun : la liberté, laquelle s’exprime par le libéralisme. Les socialistes disent vouloir le combattre. S’agit-il de la doctrine philosophique ? Alors ils combattraient le relativisme et la licence. S’il s’agit du libéralisme économique, ce ne sont que les règles nécessaires au bon fonctionnement du marché. Quant au capitalisme, dont l’origine est à chercher dans le latin « caput, capitis », tête, qui renvoie à l’idée de responsabilité individuelle, il consiste à fournir les moyens d’exercer son choix. Or le capital, indispensable au développement de l’entreprise et au service du client, a besoin de profit pour vivre. Que signifie donc une économie de marché sans capitaux ni liberté ? Rien. Un moteur inerte, sans carburant.

En réalité, derrière ces incohérences, on devine l’idée qu’il faille combattre les abus : ceux du capitalisme « financier » ou du libéralisme « sauvage ». Il est évident que tout modèle social entraîne avec lui ses défauts et ses abus. Mais à la différence des autres modes de fonctionnement humains, le capitalisme est le seul qui sache corriger à tout instant ses erreurs, sous l’effet conjugué de la concurrence et de la responsabilité.

Que le PS reconnaisse enfin que l’économie de marché est le système économique le mieux adapté pour produire des richesses reste néanmoins un « grand bond en avant », comme disaient les Chinois. Cela implique en effet, malgré ses contradictions, qu’il reconnaît en même temps le capitalisme et le libéralisme sans lesquels il n’y a pas d’économie efficace. Il est vrai qu’il compte deux des siens au sommet des institutions les plus symboliques du libéralisme, Pascal Lamy à l’OMC et Dominique Strauss-Kahn au FMI.

le Figaro Magazine du 22 décembre 2007

d’Orcival François


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