Egypte : une 2ème révolution a commencé

samedi 13 juillet 2013.
 

14) 8 juillet 2013 Les Frères musulmans tentent une contre-attaque militaire

Ce matin à l’aube les terroristes entrés en guerre au Sinai contre l’armée depuis une dizaine de jours ont essayé de prendre d’assaut la garde nationale et subi la riposte de l’armée.

Bilan ; 42 morts dont 6 officiers et 322 blessés des deux côtés.

Ce bilan très lourd a provoqué une indignation générale, tant dans la population que chez les hommes politiques. L’engrenage de la violence depuis le 27 juin dernier, qui atteint son pic le vendredi 5 où près de 24 personnes ont trouvé la mort et des centaines de blessés ; lorsque des milices Ikhwan ont attaqué des points de rassemblements de manifestants en plusieurs endroits au Caire, à Alexandrie et à Damanhour.

L’attaque supposée de la garde nationale intervient quelques heures après les manifestations énormes dans toutes les villes égyptiennes qui ont eu lieu le 7 juillet pour sauver les acquis de la révolution. Depuis le 27, les supporters de Morsi regroupés devant une mosquée dans la banlieue nord du Caire ont créé après les manifs du 30 un autre point de rassemblement devant le campus de l’université du Caire. Depuis l’université est fermée et les études et les examens sont suspendus.

L’engrenage a commencé avec des accrochages précédents avec la garde nationale, située à 1km 50 du lieu de rassemblement à Rabaa, ce qui a amené l’armée à lancer une mise en garde claire de ne pas attaquer les institutions militaires. Ensuite, les islamistes ont coupé toutes les routes menant à Héliopolis et à la ville nouvelle du 6 octobre à l’ouest. Pendant tout ce temps l’armée et la police ne sont pas intervenus pour éviter l’effusion du sang.

En outre, elle n’a pas de raisons de dégager les manifestants armés par la force car elle est dans une situation très délicate et accusée d’avoir commis un coup d’Etat.

Les frères étant dans une situation plus critique, encerclés et isolés,ils ont tout perdu et n’ont pas trouvé mieux que de commettre un suicide collectif pour se transformer en martyrs.

En même temps que Hezb El Nour qui a dénoncé très rapidement ce massacre a quitté l’équipe politique qui élabore la feuille de route. Tandis que Aboulfotouh, l’islamiste dissident des Ikhwans, a appelé à la démission du nouveau président par intérim. Ceci sans parler de la fronde des médias étrangers contre les militaires et les appels lancés par les chefs des frères, les vrais instigateurs de la violence, jamais aux premiers rangs, aux Etats Unis, pour intervenir, déjà, pour sauver Morsi et ses adeptes.

Tout ceci est très inquiétants et sent le complot. Mais nous ne pouvons que regretter profondément tous ces morts quelles que soient leurs appartenances idéologiques ou politiques.

De nombreuses voix qui se sont associées à celle de Baradei et exigent qu’une enquête soit très rapidement menée pour identifier les auteurs du crime et surtout celui qui a tiré le premier.

Par ailleurs les initiatives d’apaisement se multiplient et tout le monde espère le retour de ces pauvres militants de base qui représentent 90% des occupants de Raba et de Nahda, à leurs provinces d’origine à la veille du Ramandan qui commence le mercredi 10 juillet.

Parmi ces initiatives celle du parti Tahalof et celle d’un nouveau groupe de jeunes Ikhwans dissidents qui ont rejeté le discours appelant au crime et à la violence, au versement du sang et au martyr, tenu par des ex terroristes tels que l’assassin de Sadate Zomor, et l’auteur de la tuerie d’Assiout en 1998, Abdelmagued, ainsi que les grosses têtes du bureau de Irchad, El Eryan, Beltagui et Hégazi, en fuite après le mandat d’arrêt issu par le parquet à leur encontre pour incitation à la violence et au meurtre.

Ces anciens et nouveaux terroristes utilisent leurs pauvres militants comme chaire à canon. D’autant plus que ceux qui doivent être mis en examen se cachent dans la foule en l’utilisant comme bouclier.

Tristement G. K

13) 6 juillet : Nouvelles du Caire

Après la nuit sanglante d’hier qui s’est prolongée dans l’île de Roda jusqu’au lendemain midi,où le bilan fut très lourd, on parle de 16 morts, la journée d’aujourd’hui semble plus calme.

Les pro Morsi manifestent devant leur mosquée, les anti un peu partout mais sans grande mobilisation, celle-ci est prévue pour demain

Le choix de Baradei comme chef du futur gouvernement est confirmé officiellement , mais déjà le parti salafiste Àl Nour a contesté ce choix

Une campagne de collecte de 40 milliards de livres égyptiennes pour sauver l’économie égyptienne et se passer du prêt du FMI vient d’être lancée, elle a trouvé un écho favorable chez des hommes d’affaires travaillant à l’étranger . Le compte qui a été crée à été mis sous la responsabilité du président intérimaire

Les trois activistes, Doma, Nawara Negm et Alaa Abdelfatah incarcérés pour crime de lèse majesté Ex Morsi El Ayat, ont été libérés

G. K.

6 juillet 2013, 1h43 de la nuit

Pendant quatre heures, les heurts se sont poursuivis, bilan un mort et 66 blessés.

J’ai vu des horreurs ; des jeunes avec des trous dans le corps ; nous leur avons fait face par le nombre et réussi à les repousser ; vers 22H ils se sont enfuis et les forces de l’armée sont descendus pour nous sécuriser

Entre temps le cheikh de l’Azhar a lancé un appel pour éviter l’effusion du sang entre égyptiens

Soyez convaincus qu’il s’agit de fascistes religieux.

Honte à tous ceux qui renient le caractère fasciste de ces Ikhwans ;

6 juillet 2013, 1h30 de la nuit

Je viens de rentrer de Tahrir ; nous avons subi une terrible épreuve

Les Ikhwans ; forts du soutien des Etats-Unis et d’Israel se sont fortement mobilisés aujourd’hui pour réclamer le retour de leur président

A partir de 18h hier ; ils ont commencé à nous attaquer, du côté nord, à partir de la la placette Abd El Moneim Ryad

Ils étaient sr le pont du six octobre ; à lancer des pierres et des tirs de chevrotine

Nous leur avons fait face ; et des renforts sont arrivés du quartier populaire de Boul

12) Mobilisations historiques en Égypte : la révolution continue

11) Le peuple restera dans la rue jusqu’à la satisfaction de ses exigences révolutionnaires

Vive l’Egypte … et vive la révolution de son noble peuple !

Communiqué du Parti communiste égyptien

Le Parti communiste égyptien adresse encore une fois à notre grand peuple égyptien un hommage pour son héroïque résistance à un régime tyrannique et fasciste en faillite.

Le parti voit dans cette position unanime l’expression d’une sincérité, une noblesse d’esprit et un niveau de conscience d’un peuple qui refuse de transiger sur le droit à vivre dans la liberté et la dignité, peu importe les sacrifices à réaliser, persévérant dans une approche pacifique et civilisée, défendant notre choix de société de toujours, représenté dans notre croyance en la liberté, le respect du pluralisme, les valeurs de tolérance et les droits civiques.

Le Parti salue également la déclaration des forces armées et son positionnement sans équivoque du côté des revendications du peuple égyptien. Nous soulignons l’importance, à travers ce communiqué, du respect par les forces armées de son rôle de défenseur de la sécurité nationale égyptienne, de protection de la volonté populaire, sans s’impliquer pour autant dans l’arène politique, ce qui serait incompatible avec la nature de sa mission, en respectant les règles de la démocratie et les principes sur lesquels l’Etat moderne est établi.

Le peuple égyptien s’est exprimé, tout le monde doit s’y plier. C’est la seule source de légitimité. Lui seul doit décider comment nous devons sortir de cette situation. Le peuple a décidé que Mohamed Morsi avait trahi le serment qu’il avait rendu lorsqu’il est devenu président. Lui et son groupe des Frères musulmans, avec leurs alliés, ont osé attaquer la sacro-sainte institution judiciaire et ont ruiné l’économie du pays, menaçant la sécurité nationale, la paix sociale et l’unité du pays. Par conséquent, le peuple avec sa descente massive dans les rues a fait de cet homme et de son régime fasciste des usurpateurs de l’autorité. Il doit se retirer de la scène politique et être poursuivi en justice avec sa bande de criminels pour ce qu’ils ont commis contre le peuple et le pays.

Notre parti insiste que la seule feuille de route choisie par le peuple est celle de la pétition « Rebellion » signée par les masses dans toute l’Égypte. Nous appelons les masses du peuple égyptien à ne pas quitter les places et ne pas abandonner la révolution jusqu’à la satisfaction de nos revendications.

Vive l’Egypte … et vive la révolution de son noble peuple !

10) 3 au 4 juillet : Peuple égyptien dans la rue. Morsi arrêté et destitué par l’armée

Source : Nouvel OBS AFP

Le président égyptien Mohamed Morsi renversé par l’armée a été transféré jeudi 4 juillet à l’aube au ministère de la Défense, tandis que son équipe était détenue dans un bâtiment militaire, quelques heures avant la prestation de serment de son remplaçant par intérim qui ouvrira la voie à une délicate transition.

La détention du premier président démocratiquement élu d’Egypte et de sa garde rapprochée est la dernière étape d’une série de mesures des forces de sécurité qui ont resserré en quelques heures leur étau sur les Frères musulmans, dont Mohamed Morsi est issu, en lançant 300 mandats d’arrêt contre ses membres, dont des hauts dirigeants.

L’armée, qui a suspendu la Constitution et nommé en remplacement de Mohamed Morsi le président du Conseil constitutionnel Adly Mansour, a suscité l’inquiétude à l’étranger, le président américain Barack Obama appelant à réviser l’importante aide militaire à l’Egypte, et l’Union européenne réclamant une nouvelle présidentielle rapidement.

Alors que ses opposants exultaient sur la place Tahrir du Caire -une scène rappelant la liesse populaire lors de la chute du président Hosni Moubarak en février 2011-, les partisans de Mohammed Morsi ont attaqué des bâtiments de la sécurité dans le nord du pays. Sept d’entre eux ont péri dans des heurts avec les forces de l’ordre à Marsa Matrouh et Alexandrie, sur la côte méditerranéenne.

Après les violences qui ont émaillé les rassemblements organisés depuis le 26 juin faisant 47 morts, le ministère de l’Intérieur a averti qu’il répondrait "fermement" aux troubles et des blindés ont été déployés au Caire, bloquant les voies menant aux rassemblements pro-Morsi.

Morsi détenu par les militaires

Après son éviction, Mohamed "Morsi et toute l’équipe présidentielle (ont été placés) en résidence surveillée au club de la Garde républicaine de la présidence", avant que le président déchu ne soit "séparé de son équipe et emmené au ministère de la Défense", a déclaré Gehad al-Haddad, responsable au sein des Frères musulmans.

En outre, des sources de sécurité ont affirmé que le chef du Parti de la justice et de la liberté, vitrine politique des Frères musulmans, Saad al-Katatni, et l’adjoint du Guide suprême, Rached Bayoumi, avaient été arrêtés, tandis que le journal gouvernemental Al-Ahram faisait état de 300 mandats d’arrêt lancés contre des membres du mouvement islamiste.

Mohamed Morsi et plusieurs dirigeants de la confrérie, dont le Guide suprême Mohammed Badie, et son "numéro 2" Khairat al-Chater, avaient auparavant été interdits de quitter le pays dans le cadre d’une enquête sur l’évasion en 2011 de Mohamed Morsi et de 33 autres Frères d’une prison en 2011.

La sécurité a également interrompu la diffusion de la chaîne de télévision des Frères et perquisitionné les locaux d’Al-Jazeera-Mobacher qui a diffusé l’enregistrement de Mohamed Morsi.

Adly Mansour, remplaçant par intérim

L’armée, qui avait pris les rênes de l’exécutif durant 16 mois entre la chute de Hosni Moubarak et l’élection de Mohamed Morsi, n’a pas précisé la durée de la transition avant des élections générales.

Les consultations pour la formation du prochain gouvernement -qui regroupera "toutes les forces nationales" et sera "doté des pleins pouvoirs" selon l’armée- ont débuté, a annoncé l’opposant Amr Moussa, et le Conseil constitutionnel a indiqué que son chef prêterait serment jeudi matin.

L’armée a promis qu’elle "resterait éloignée de la politique" par la voix de son chef, le général Abdel Fattah al-Sissi, qui apparaît comme le nouvel homme fort du pays.

Il a détaillé, avec les chefs religieux chrétiens et musulmans du pays et le représentant de l’opposition Mohamed ElBaradei, une "feuille de route", qui, selon Mohamed ElBaradei, "répond aux revendications du peuple".

9) En finir avec Morsi

Au moment où le peuple festoyait à Tahrir , à itihadeya, et dans toutes les places de l’Egypte, Morsi El Ayat à adressé un discours à la nation au cours duquel il a appelé à la guerre contre ses opposants et n’a répondu à aucune des demandes du peuple qui remplit les espaces publics depuis 5 jours.

Il a surtout prononcé le mot légitimité 54 fois adressant un message clair aux E U qui le soutiennent et tiennent à une légitimité qu’il a déjà piétiné avec sa déclaration constitutionnelle du 21 novembre 2012 et qui avait provoqué un ras de marée de protestations.

La moitié des ministres a démissionné, contesté ce discours et déclaré se ranger auprès du peuple. Ils ne sont pas les seuls a avoir sauté du navire, presque tous les gouverneurs nommés par lui l’ont fait ainsi que ses porte paroles.

Les accrochages entre les supporters de Morsi et ses détracteurs ont fait ce soir 8 morts dans la banlieue sud du Caire et de nombreux blessés. Parmi ces derniers le chef adjoint du commissariat de la police. Ces meurtres dont la plupart par chevrotine, sont commis par les Ikhwans contre des manifestants pacifistes.

Ce président criminel doit être jugé, tel fut la première réaction du responsable du mouvement rebelle. Celui-ci a appelé le peuple à faire le siège du palais présidentiel demain

Par ailleurs, les diplomates égyptiens lancent un mouvement de désobéissance civile demain.

Aux dernières nouvelles, les supporters de Morsi qui campent devant l’université du Caire viennent de forcer ses portes et d’envahir le campus.

Les prochaines 24 heures seront décisives, pour nous il s’agit d’une question de vie ou de mort pour défendre notre identité , sauver le pays de la dérive dont il est le premier responsable, pour lui et la mafia criminelle qui le soutient il s’agit de défendre son siège obtenu de justesse par la fraude électorale.

La révolution continue

G. K.

8) Obama : Oreilles ouvertes et yeux fermés

Communiqué du Parti de Gauche

Les intérêts américains n’ont pas de prix, et surtout pas celui de la marche vers la démocratie.

Evoquant le second surgissement du peuple égyptien pour refuser les politiques des Frères musulmans et de Mohamed Morsi, Barak Obama a ainsi appelé, dans un amalgame misérable, « toutes les parties à la retenue ».

Cherchant à discréditer le mouvement et à servir son fidèle allié godillot Morsi, il a fait allusion aux « agressions » pour récuser le fait que ce soient des « manifestations pacifiques ».

Barak Obama ferme les yeux, ouvre les oreilles, et pense avec son portefeuille.

François Cocq, Secrétaire général du PG

7) 1er juillet 2013 : La mobilisation continue

Le bilan du 30 juin est lourd, 7 morts et de nombreux blessés dans la destruction du siège principal des ikwans à Moqattam. Tous tués par balles par des éléments parqués à l’intérieur du siège À Assiout, les tirs contre les manifestants pacifistes ont fait 3 morts et beaucoup de blessés

Les manifestants affluent sur les places des grandes villes, un nouveau jour de mobilisation annonce un autre tsumanie prévu demain

À Tanta, capitale du gouvernerat de gharbeya, les rebelles ont destitué le gouverneur et nommé un gouverneur militaire, un mouvement amené à faire tâche d’huile ailleurs

Les forces armées ont annoncé qu’ils s’adresseront au peuple égyptien dans quelques heures

Je vous laisse pour rejoindre les manifestants à Tahrir

La révolution continue

G.K.

Ci-dessous, le communiqué de l’armée publié ce jour 1er juillet dont chaque mot pèse lourd

Communiqué de l’armée

1. Un grand salut à la lutte du grand peuple égyptien qui est sorti en masse hier et a envoyé au monde entier un message civilisationnel

2. La sécurité de l’Etat est fortement menacée

3 ; Les forces armées ne vont pas s’impliquer dans la politique

4 ; les forces armées offrent un ultimatum de 48 heures à toutes les parties en présence pour répondre aux attentes des manifestants

5. en l’absence d’une réponse ; le devoir moral des forces armées appellera son intervention pour tracer une feuille de route à laquelle seront associés toutes les forces en présence et en particulier ses jeunes et dont elles contrôleraient la mise en oeuvre

6) Egypte : La plus grande manifestation de l’histoire de l’humanité – Un message au monde

Il y aurait eu hier 30 juin dans quasi toutes les villes d’Egypte, petites ou grandes, entre 14 millions de manifestants anti Morsi selon l’agence Reuters citant des sources militaires et 33 millions selon CNN ou la BBC. Quoi qu’il en soit, il y en avait bien plus que lors des 18 jours cumulés de la révolution de janvier 2011 qui a fait tomber Moubarak. C’est la plus grande manifestation de l’histoire de l’Égypte et même probablement de l’histoire de l’humanité.

Manifestations festives

Les manifestations, qui étaient de véritables fleuves humains, n’ont connu quasi pas de violences. Il y aurait eu 5 morts et 613 blessés selon le ministère de la santé ( sur provocation souvent des Frères Musulmans), ce qui est à déplorer mais ce qui est peu par rapport à l’ampleur considérable du nombre de gens dans la rue. Les manifestations ont surtout été marquées par une immense ambiance festive. Les gens étaient tout simplement heureux de se voir si nombreux, chantaient, riaient, lançaient des feux d’artifice. Pour beaucoup, malgré 2 ans et demi de luttes et protestations, c’était leur première manifestation. Ils sont venus par familles entières, avec enfants et parents. On a même vu des villages quasi entiers se vider pour partir à pied, rejoindre les manifestations des villes les plus proches.

Il y avait également des centaines de milliers de gens à leurs fenêtres qui applaudissaient les manifestants, criaient et chantaient avec eux ou agitaient des drapeaux. Bien des personnes âgées qui ne pouvaient pas marcher, ont tenu à manifester en restant en bas de leur immeuble, seuls ou en groupe, toujours avec drapeaux ou pancartes. Des centaines de bateaux de pêcheurs ont « manifesté » sur l’eau à Damiette ou bateaux pour touristes à Luxor. Des policiers, même des Forces Spéciales (anti émeute, nos CRS) ont manifesté en nombre, contre la dictature !

Le slogan principal rugi par ces millions de manifestants à l’attention de Morsi, était unanime d’un bout à l’autre de l’Égypte : « Dégage » ! Comme le carton rouge que tenaient par millions ces mêmes manifestants où était inscrit le même mot : « Dégage » !

Mais on entendait également bien d’autres choses : « Nous voulons des femmes à tous les postes du gouvernement », « Musulmans et chrétiens ensemble sont la révolution », « Les femmes sont la fierté de l’Égypte »...

Manifestations de colère

Se mélangeant à l’ambiance festive, la colère était aussi présente partout.

Sociale d’abord : le dimanche étant un jour travaillé en Égypte (jour de repos le vendredi), la plupart des usines, bureaux et magasins étaient fermés. Ce qui rajoute en profondeur à l’ampleur de la mobilisation. Un syndicaliste notait seulement 10% de présence dans la plus grande usine d’Égypte, les tissages Misr à Mahalla al Kubra. L’immense majorité des manifestants tenait à die qu’ils étaient là parce qu’ils n’en pouvaient plus de ne pas avoir de travail, d’argent, des coupures d’eau et d’électricité incessantes, de la pénurie d’essence... La manifestation a cristallisé et uni les milliers de protestations à caractère économique et social qui ont traversé le pays depuis le début de l’année et qui, là aussi, ont atteint un nombre record dans l’histoire mondiale.

Politique ensuite : de nombreuses pancartes, banderoles tenaient à dénoncer le soutien d’Obama aux Frères Musulmans, aux terroristes islamistes qu’il prétend pourtant combattre. On entendait « Réveille-toi Amérique, Obama soutien un régime fasciste en Égypte ». Et cela valait pour tous les régimes occidentaux ou médias qui ont reconnu le régime des frères Musulmans et l’aident ou sont complaisants à son égard.

C’était un avertissement clair également à toutes les dictatures islamistes du monde arabe et simplement toutes les dictatures. Beaucoup de gens le disaient : « Qu’ils regardent et qu’ils tremblent » !

Manifestations de défiance

A la fête et à la colère, il faut ajouter une ambiance de défiance à l’égard de tous les partis et institutions.

Les manifestants égyptiens veulent imposer un type de démocratie directe où lorsque les dirigeants ne tiennent pas leur promesse, quels qu’ils soient et fussent-ils élus, ils doivent être démis de leurs fonctions sans attendre la fin de leur mandat.

Beaucoup ont signalé que bien des manifestants applaudissaient les militaires dans les rues ou les hélicoptères militaires qui survolaient les manifestations. En fait, beaucoup étaient des primo-manifestants et ne s’étaient pas encore éveillés à la politique lors du pouvoir du Conseil Supérieur des Forces Armées. Mais bien d’autres, plus expérimentés, criaient « Ni Frères, ni armée » et portaient d’immenses drapeaux à l’effigie des victimes tuées lors de manifestations ou en prison alors que l’armée était au pouvoir après la chute de Moubarak.

La Révolution cherchant son chemin, avait jugé intelligemment que le 30 juin, elle ne pouvait affronter de front ses deux adversaires, les Frères Musulmans et l’armée et a décidé de jouer de leurs divisions. Ainsi si les jours qui viennent voient l’armée jouer à nouveau un rôle politique, il faut bien comprendre que sa marge de manœuvre sera encore bien plus faible qu’auparavant, une foule d’égyptiens se faisant infiniment moins d’illusions sur elle, qu’il y a deux ans.

Et maintenant ?

L’ensemble des partis, des frères Musulmans à l’opposition du FSN en passant par l’armée, ont été complétement stupéfiés par cette descente massive des égyptiens dans la rue, dépassant toutes leurs prévisions. Tous semblent interloqués, muets, quasi « interdits », aux deux sens du mot. Les seuls qui ont osé parler se sont ridiculisés. Morsi a dit qu’il était ouvert au dialogue. La rue a répondu qu’elle ne voulait pas de dialogue mais qu’il dégage. Hamdeen Sabbahi, dirigent des socialistes nassériens, qui se voit peut-être déjà futur vainqueur d’éventuelles élections présidentielles, a demandé à l’armée de prendre le pouvoir provisoirement avant des présidentielles anticipées, au cas où Morsi ne dégagerait pas de son plein gré.

Le mouvement Tamarod ( Rébellion) qui a initié cette manifestation géante après une pétition qui l’a préparée de 22 millions de signatures demandant que Morsi dégage, a répondu en lançant un ultimatum au pouvoir : où Morsi s’en va avant mardi 2 juillet à 17 h 00, où nous appelons à une grève générale illimitée et un mouvement de désobéissance civile jusqu’à ce qu’il tombe. Pendant que le « Front du 30 juin » qui a organisé la manifestation et pourrait bien se substituer en notoriété et autorité à l’opposition institutionnelle du FSN, a tenu à dire qu’il ne voulait pas plus du pouvoir de l’armée que de celui des Frères Musulmans et appelé à continuer à occuper rues et places jusqu’au départ de Morsi. Et de fait, toute la nuit des manifestations et sit-in ont continué un peu partout pendant que des villages de tentes se construisaient à bien des endroits.

On ne peut pas prévoir ce qui va se passer. Mais d’ores et déjà, on peut se dire que le message du peuple égyptien contre tous les pouvoirs oppressifs de la planète sera bien mieux entendu qu’il y a deux ans car depuis, du Brésil à la Turquie, de la Grèce au Bangladesh, du Chili à la Bulgarie ou la Bosnie, les peuples ont commencé à soulever le joug qui les opprime.

La révolution ne fait que commencer.

Jacques Chastaing, le 1er juillet 2013

http://www.npa2009.org/

5) Un déluge de manifestants ce 30 juin 2013

Les mots sont incapables de décrire ce que j’ai vécu aujourd’hui, c’est un grand moment historique, je me sens rajeunir......

Un déluge humain a envahi toutes les rues du Caire, toutes les places ; tous les boulevards, du jamais vu dans l’histoire de ce pays

Dans toutes les autres villes y compris celles du Sud, les journalistes ont fait le même constat

La situation a été calme, pas d’accrochages, excepté à Assiout, au Fayoum à Damanhour et à Marsa Matrouh ; où il y a u de nombreux blessés.

A Monouféya, le gouverneur s’est sauvé.

Le front du salut et le front des rebelles appellent à la désobéissance civile.

La révolution continue

G K.

4) Plusieurs millions dans des manifestations monstres et cinq morts

Source AFP

Les cortèges, d’une ampleur sans précédent depuis la révolte qui fit chuter Hosni Moubarak début 2011, ont défilé en scandant "dégage" et "le peuple veut la chute du régime".

L’armée estime à "plusieurs millions" le nombre de manifestants anti-Morsi descendus dans la rue, a déclaré à l’AFP une source militaire. Il s’agit "de la plus grande manifestation de l’histoire de l’Egypte", a ajouté cette source sous couvert de l’anonymat.

Une personne a été tuée à Beni Suef et trois autres dans la province d’Assiout, au sud du Caire, au cours d’affrontements qui ont aussi fait des dizaines de blessés aux abords de locaux des Frères musulmans, selon les services de sécurité.

Au Caire, le QG de la confrérie islamiste, dont est issu M. Morsi, a été attaqué avec des cocktails Molotov et des tirs de chevrotine. Un homme de 26 ans a été tué d’un tir dans la tête, et plusieurs dizaines d’autres personnes blessées, selon une source médicale, dans ces heurts très violents qui se sont poursuivis tard dans la nuit.

Sur la place Tahrir, site emblématique de la révolte contre Hosni Moubarak, la foule a afflué en brandissant des cartons rouges à l’adresse du président.

"Je suis ici parce que Morsi, pour qui j’ai voté, m’a trahi et n’a pas tenu ses promesses. L’Egypte va être libérée une nouvelle fois à partir de Tahrir", affirmait Mohammed Samir, venu de Mansourah, dans le delta du Nil, pour manifester dans la capitale.

Les manifestants se sont également massés sans incident aux abords du palais présidentiel, dans le quartier d’Héliopolis, et sur d’autres places de la capitale.

Des manifestations anti-Morsi ont aussi eu lieu à Alexandrie (nord), deuxième ville du pays, à Menouf et Mahallah, dans le delta du Nil, ainsi qu’à Port-Saïd et Suez, sur le canal du même nom, ou encore dans la ville natale de M. Morsi, Zagazig, au nord-est du Caire.

La présidence a réagi en affirmant que "le dialogue était la seule façon de parvenir à une entente" et qu’elle était "ouverte pour lancer un véritable et sérieux dialogue national".

Mais la principale coalition de l’opposition égyptienne a appelé les manifestants à rester dans la rue jusqu’à la démission du régime "dictatorial" du président Morsi, accusé de gouverner au seul profit des islamistes et de laisser l’économie s’effondrer.

Un des principaux dirigeants de l’opposition, le nationaliste de gauche Hamdeen Sabbahi, a appelé l’armée à "agir" pour "faire respecter la volonté du peuple" si M. Morsi ne partait pas de lui-même.

Les militaires se sont dit récemment prêts à intervenir si le climat dégénérait, après que des heurts eurent déjà fait huit morts, dont un Américain, dans les jours qui ont précédé les rassemblements de dimanche.Redoutant de graves troubles, l’armée et la police se sont déployées à travers le pays pour renforcer la protection des installations vitales, notamment le canal de Suez.

"Jour du jugement"

Non loin du palais présidentiel, des militants islamistes campent depuis vendredi dans le quartier de Nasr City pour défendre la "légitimité" du premier chef de l’Etat égyptien librement élu. Ils étaient 25.000 dimanche soir, selon l’armée.

Cette journée constituait le point d’orgue de la campagne Tamarrod (rébellion en arabe), le mouvement à l’origine des appels à manifester massivement pour réclamer le départ de M. Morsi le jour même de l’anniversaire de son investiture.

Tamarrod assure avoir recueilli plus de 22 millions de signatures pour une présidentielle anticipée, soit plus que le nombre d’électeurs de M. Morsi en juin 2012 (13,23 millions).

Après un an d’une présidence mouvementée, déjà marquée par plusieurs crises, M. Morsi vit son "Jour du jugement", ont titré dimanche certains journaux.

Les adversaires de M. Morsi dénoncent une dérive autoritaire du pouvoir destinée à instaurer un régime dominé par les islamistes, ainsi que son incapacité à relancer l’économie.

Ses partisans en revanche soulignent qu’il puise sa légitimité dans la première élection présidentielle libre de l’histoire de l’Egypte. Ils accusent l’opposition laïque de faire le jeu des nostalgiques de l’ancien régime.

L’instabilité persistante en Egypte, pays le plus peuplé du monde arabe avec plus de 80 millions d’habitants, pèse lourdement sur une économie handicapée par une inflation et un chômage en hausse ainsi qu’une chute de sa monnaie.

Samedi, le président américain Barack Obama a demandé à M. Morsi et à l’opposition d’engager un dialogue "plus constructif".

Craignant des dérapages, le département d’Etat américain a annoncé le départ d’une partie de son personnel diplomatique et plusieurs pays, dont la France et la Grande-Bretagne, ont diffusé des consignes de prudence à leurs ressortissants.

Source : AFP

3) Egypte : « Notre révolution n’a pas vraiment abouti »

30 juin 2013 : Sur la place Tahrir, dans le centre du Caire, des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées pour réclamer le départ du président Mohamed Morsi

Au milieu de la place Tahrir, un vieil homme a les larmes aux yeux. Il s’appelle Hussein, a les yeux injectés de sang, et porte triste. Quand son souffle le lui permet, il brandit un portrait de Nasser (président de 1956 à 1970) sous lequel il a griffonné ces quelques lignes, au fusain : « Un grand leader pour un grand pays. Qui sauvera l’Egypte ? »

C’est la question que se posent des millions d’Egyptiens. Depuis le milieu de l’après-midi, et malgré une chaleur à décorner les bœufs, tout ce que Le Caire compte d’opposants au président islamiste, Mohamed Morsi, prend possession de la rue. Slogans vengeurs, klaxons stridents, vuvuzelas, le centre-ville s’habille d’un joyeux tintamarre. Selon plusieurs observateurs, l’ampleur de la foule dépasserait même les plus belles heures de la révolution qui avait eu raison du régime autoritaire d’Hosni Moubarak, en février 2011. En début de soirée, une marée humaine s’est mise à converger vers al-ittihadiya, le palais présidentiel, faisant craindre des affrontements avec l’armée ou avec des partisans du chef de l’Etat issu de la confrérie des Frères Musulmans.

A la tête de l’un de ces cortèges, une femme, la cinquantaine abritée derrière un foulard couleur crème, est acerbe à l’encontre de celui qu’elle qualifie de « Moubarak barbu » : « Cela a beau être le premier président démocratiquement élu, c’est un âne. Il n’a rien compris à l’Egypte. Il a tenté de gouverner en contentant à la fois les libéraux et les islamistes mais, au final, c’est intenable et il n’a rien fait. La vie est de plus en plus dure au Caire. Alors qu’il dégage ! »

Lors de son investiture, il y a tout juste un an, Mohamed Morsi, un brin cavalier, s’était engagé à résoudre, en 100 jours, les problèmes de circulation, de sécurité, de nourriture, d’ordures, et d’essence. Vaste blague. Régulièrement, Le Caire est victime de pénurie en tout genre. Il faut dire que l’économie du pays est exsangue. Sans l’aide financière régulière du Qatar, allié traditionnel des Frères Musulmans, l’Egypte ne pourrait probablement pas honorer ses importations... Hausse de l’insécurité, montée d’un anti-islamisme virulent, et urgence sociale, telle semble être la recette d’un magma qui pourrait mettre plusieurs jours à retomber. Voire aboutir à un coup d’Etat militaire si l’armée venait à se désolidariser du raïs.

Cette éventualité ne fait pas peur à Osman, 31 ans. Muni d’un laser vert, ce grand timide, surnommé « el doctor » par ses amis très à cheval sur les titres, peste contre le peu d’avancées démocratiques engagées par Morsi : « S’il tombait, cela ne m’empêcherait pas de dormir ! Mais, je ne souhaite absolument pas le retour de l’armée. Ce qui me désespère, c’est que notre révolution n’a pas vraiment abouti à ce que l’on espérait. On attendait la liberté et la justice sociale. Elles ne sont jamais venues. La crainte que nous avons désormais, c’est de nous faire déborder par les felouls (partisans de l’ancien régime de Moubarak). Ils reviennent en force noyauter les cortèges et font vibrer la corde du retour à l’ordre. » Halim, 29 ans, étudiant en sociologie, promet même de prendre les armes si le besoin s’en faisait sentir : « Il y a deux ans, nous avions tous un ennemi commun en la personne d’Hosni Moubarak. Aujourd’hui, nous devons éviter que ses fidèles reviennent et lutter contre les islamistes. Si les mots ne suffisent pas, on emploiera d’autres méthodes. »

Par WILLY LE DEVIN (Libération) envoyé spécial au Caire

2) Le Parti de Gauche soutient la campagne « Tamarod » pour des élections présidentielles anticipées

1) Egypte : Grande manifestation ce 30 juin. MORSI dégage !


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