Pourquoi les patrons aiment la France ?

mercredi 7 juin 2006.
Source : L’HUMANITE
 

Economie . Selon l¹étude de KPMG, la France est au 3e rang des pays les moins chers pour l¹implantation des sociétés. La fiscalité et le coût du travail y sont plutôt faibles.

Alors que le gouvernement a entamé le travail d¹arbitrage pour l¹élaboration du budget 2007, une étude du cabinet d¹audit américain KPMG vient contredire l¹idée que le coût élevé du travail en France et la rigidité de son droit social, nuirait à son attractivité. Or, la France est le pays d¹Europe où les coûts d¹implantation pour les entreprises sont les plus faibles. Au grand dam du MEDEF, qui ne cesse d¹évoquer un coût du travail et une fiscalité « prohibitifs », l¹Hexagone est au contraire l¹un des territoires les plus attractifs au monde. Pour le cabinet d¹audit américain KPMG, qui établit le constat, la France est même le 3e pays le moins cher pour l¹implantation des sociétés. L¹étude menée montre que seuls Singapour et le Canada présentent des conditions plus favorables. La France est même moins chère que le Royaume-Uni (sixième position) ou les États-Unis (septième du classement) ; le Japon et l¹Allemagne étant les deux pays les plus chers.

Des coûts faibles

Les arguties du MEDEF et de la droite sur un marché du travail trop rigide en terme de coût et de possibilité de licenciement sont mis à mal par cette étude. Même en terme de comparaison entre grandes métropoles, Paris est plus attractive financièrement que Yokohama, Londres, Francfort ou New York. En ce qui concerne les très grandes agglomérations (plus de 1,5 million d¹habitants), Lyon arrive en deuxième position derrière Montréal. Et pour les villes de 100.000 à 500 000 habitants, Montpellier et Nantes occupent la tête de ce classement international.

Les propos cette semaine de Christian Noyer tombent du coup un peu à plat. Estimant nécessaire une amélioration de la compétitivité française, le gouverneur de la Banque de France déplore un coût du travail qui progresse plus vite en France que dans la zone euro. Il estime que « la proportion des salariés payés au SMIC et aux minima sociaux est historiquement élevée (16,8 %), suite aux revalorisations accentuées et rapprochées depuis 2003, ce qui crée un risque de pression sur les coûts salariaux ». L¹orthodoxie de la Banque de France se confirme une nouvelle fois alors que l¹attirance des capitaux internationaux pour la France reste réelle. La France propose en effet une fiscalité extrêmement attractive pour les patrimoines.

AVANTAGES fiscaux

Comme le soulignait hier le syndicaliste Jean-Christophe Le Duigou, « les ménages les plus aisés comme les actionnaires n¹ont pas à se plaindre du gouvernement Villepin ». Parlant de « contre-réforme fiscale », le nº 2 de la CGT rappelle que « le bouclier fiscal profitera à 93 000 foyers et chacun gagnera en moyenne 18 000 euros sur son imposition ». Jean-christophe Le Duigou ajoute « les 4 000 euros (de gain) dus à l¹extension des exonérations pour les actions dans l¹assiette de l¹ISF ». Début 2005, le gouvernement avait modifié le prélèvement sur les dividendes en passant d¹un système dit « d¹avoir fiscal » à un système « d¹abattement » ; le basculement augmentant sensiblement le rendement des gros portefeuilles de titres mobiliers (les actions). Alors que les entreprises, de leur côté, développent une politique de dividendes (voir l¹Humanité d¹hier) particulièrement favorable aux très gros actionnaires, le gouvernement leur ajoute la cerise fiscale. Les cadeaux fiscaux pour les entreprises s¹étendent même à l¹impôt sur les sociétés (IS). Le taux nominal de 33 % est souvent décrié par le patronat français pour être l¹un des plus élevés d¹Europe. Or la présence de nombreuses niches fiscales, comme le régime d¹amortissements dégressifs, la déductibilité des intérêts d¹emprunts, le régime d¹intégration fiscale, ou encore le régime du bénéfice mondial, conduit à un taux d¹IS effectif, réel, assez bas. Comme le cadre réglementaire européen permet aux entreprises de localiser leurs bénéfices là où la fiscalité est la plus avantageuse, la France reste l¹un des points de chute favoris de nombreux capitaux.

Sébastien Ganet


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