« Choc des savoirs », pénurie de moyens, groupes de niveaux : la large mobilisation contre la casse de l’École publique

mercredi 17 avril 2024.
 

« Nous ne trierons pas nos élèves ! » Des syndicats d’enseignants ont appelé à la grève et à manifester ce mardi 2 avril partout en France en défense de l’École publique et contre les réformes du « choc des savoirs », lesquelles organisent un « tri des élèves qui empêche toute progression », souligne la FCPE

Parmi les revendications aussi : des hausses de salaires et des postes d’enseignants et de personnels éducatifs, tels que les AESH. Le mouvement est parti de Seine-Saint-Denis, où depuis plus d’un mois, les enseignants, syndicats et parents d’élèves se mobilisent pour un « plan d’urgence pour l’Éducation nationale ».

Depuis, l’étincelle a mis le feu à la plaine. Des départements ont rejoint le mouvement. Débrayages, pétitions, assemblées générales, opérations « collège désert », nouveaux comptes militants sur les réseaux sociaux, appel à la désobéissance civile… Partout sur le territoire, le refus du plan Attal est massif. Notre brève.

École publique : une mobilisation contre le « tri » entre les élèves et l’accentuation du séparatisme scolaire

C’est un dimanche, le 17 mars dernier, que le décret entérinant la mise en place de la réforme du collège paraît. Après des mois de mobilisation. À partir de la rentrée prochaine, les élèves des classes de 6ᵉ et 5ᵉ seront répartis dans des groupes en cours de français et de mathématiques.

Le couperet tombe, mais la mobilisation ne faiblit pas. Au contraire, elle s’amplifie, les parents se rallient au mouvement pour crier leur colère : enfants évalués, séparés, triés dès leur arrivée au collège. Résultat : une préparation inégale au Brevet des collèges. Diplôme qui devient obligatoire pour passer au lycée. Des élèves orientés dès la 6ᵉ dans des filières qui leur barreront l’accès au lycée général et technologique. L’École publique est plus que jamais sacrifiée.

Une réforme macroniste qui aggrave la destruction méthodique de l’école Alors que la France remporte le triste palmarès des classes les plus chargées d’Europe, la réforme de Gabriel Attal se met en place sur fond de coupes sombres dans le budget de l’Éducation nationale : 6120 suppressions de postes à la rentrée 2024 au niveau national, fermetures de classe en pagaille dès septembre prochain (plus de 200 à Paris), 4 000 suppressions de postes d’AED et d’AESH sur l’ensemble du territoire, ces professionnels pourtant tellement essentiel pour permettre l’accès de toute et tous à l’éducation.

C’est en tout et pour tout plus de 700 millions d’euros d’économie réalisées sur le dos de la profession qu’annonce le gouvernement au moment où la généralisation du SNU est estimée à 2 milliards d’euros.

Par ailleurs, la réforme, gourmande en moyens, se fera à moyens constants. Pour mettre en place les groupes, ce qui nécessite l’alignement des heures en français et mathématiques, il faut des enseignants. Or, il y a pénurie (suppression de postes, difficulté à recruter au concours, crise des vocations et démissions…) et le gouvernement semble à peine réaliser le problème. Qu’à cela ne tienne. Nouvelle idée brillante du Premier ministre : recruter des retraités !

Dans une lettre adressée aux recteurs le 28 mars, la Direction générale des ressources humaines du ministère de l’Éducation nationale invite les recteurs à « favoriser le recours aux professeurs des écoles » ainsi qu’à « favoriser le recours aux professeurs retraités » avec un gros avantage financier. Or des moyens existent : 97 milliards de dividendes versés aux actionnaires du CAC 40, 100 milliards de plus pour l’armée d’ici à 2023.

De quoi rhabiller l’école autrement que par l’uniforme et repenser une autre distribution des richesses pour l’école de la République. Les établissements privés sous contrat avec l’État ont d’ores et déjà annoncé qu’ils ne mettraient pas la réforme des groupes. De quoi alimenter un peu plus la colère sociale.


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