Macron et l’hôpital en 10 chiffres : pourquoi plus de 150 personnes ont été tuées en un mois faute de moyens ?

vendredi 29 mars 2024.
 

Dimanche dernier, un bébé de 13 mois en détresse respiratoire a été refusé aux urgences pédiatriques de l’hôpital public de Saintes. Quelques semaines plus tôt, une patiente de 85 ans était retrouvée morte dans un conteneur à ordures du centre hospitalier d’Aix-en-Provence, le 23 février au soir. Chaque semaine, des brèves morbides de la même veine. Une hécatombe silencieuse se déroule à l’hôpital. « La vérité, c’est que quand il y a des morts, on ne fait pas remonter », confesse des soignants esseulés.

Dans la 7ᵉ puissance du monde, 150 patients, en un mois, ont été tués faute de prise en charge et de moyens suffisants. Le chiffre provient du syndicat Samu-Urgence France et date de décembre 2022. Depuis, rien n’a changé. Lits supprimés, 2 soignants sur 3 en burn-out, conditions de travail infernales, budgets saccagés, les politiques du camp présidentiel assassinent sur les brancards et maltraitent ceux qui les tiennent. L’Insoumission.fr vous livre les 10 chiffres clés pour tout savoir sur la responsabilité d’Emmanuel Macron et ses politiques néolibérales sur cette hécatombe. Notre article.

29 800 lits d’hôpitaux supprimés entre fin 2016 et fin 2022 Dont 21 000 lits d’hôpitaux ont été supprimés en cinq années de politiques macronistes. Après 15 000 sous Hollande et 37 000 sous Sarkozy, Emmanuel Macron s’inscrit dans la droite lignée de politiques néolibérales privilégiant le profit de quelques-uns à la santé de tous. Au total, ce sont 40.000 lits supprimés depuis 2013, et 80.000 depuis 2000. En parallèle, les besoins de soin augmentent au sein de la société.

Une politique explicitement mortifère donc et que peu de responsables politiques dénoncent car ayant participé eux-mêmes à ce saccage. Des voix se distinguent toutefois, comme celle de Jean-Luc Mélenchon et des insoumis ayant appelé très tôt à un moratoire sur la fermeture des lits, ainsi qu’à un plan d’urgence à l’hôpital public. Celui-ci comprenait, entre autres, la « titularisation des précaires de la santé » et l’augmentation de la rémunération des soignants, qui sont parmi les moins bien payés du continent.

1 500 tués aux urgences par an pourraient être évités Chaque année, ce sont plus de 1 500 personnes qui perdent la vie aux urgences alors qu’elles auraient pu être sauvées. Les chiffres du syndicat Samu Urgence France corroborent cette réalité. Ces derniers en avaient comptabilisé 150 par mois en décembre 2022. Ces 150 sont des « morts inattendues » ; autrement dit, soit parce que ces personnes ont attendu trop longtemps pour pouvoir être secourues, soit parce qu’elles n’ont tout simplement pas pu y être prises en charge faute de moyens. Sans surprise, ce décompte reste d’actualité et risque même d’augmenter avec les annonces de casse supplémentaires de l’hôpital public. Les politiques néolibérales et leurs émetteurs ont du sang sur les mains.

8 milliards : le trou budgétaire manquant pour l’hôpital public La Fédération hospitalière de France, représentante institutionnelle des hôpitaux, considère qu’il manquait 3 milliards d’euros pour le budget de 2023 à cause de l’inflation. Elle réclame une hausse minimale de 5% pour 2024, soit environ 5 milliards d’euros supplémentaires. Au total, Macron est donc 8 milliards d’euros à la traîne pour faire fonctionner l’hôpital.

Six jours, c’est le temps d’attente qu’un patient peut passer sur un brancard avant d’être hospitalisé Aux urgences comme à l’hôpital, les soignants ne sont plus en capacité d’accueillir les patients, y compris lors de situations d’urgence. Certains d’entre eux attendent des heures dans les couloirs, sur des brancards quand ils sont disponibles, faute de leur trouver une place dans des délais convenables. Dans un témoignage pour l’Insoumission, Sabrina, infirmière aux urgences dans le 93, témoignait de ce type de situations d’extrême urgence, expliquant comme des patients peuvent attendre jusqu’à 6 heures au milieu de l’hôpital.

Ces situations de non-prise en charge involontaires mènent parfois, de plus en plus, à des drames. C’est le cas du décès de Lucas aux urgences d’Hyères, après 8 heures d’attente agonisante. Sa famille a porté plainte pour homicide involontaire. C’est aussi le cas de Josiane, 66 ans, décédée après 10 heures d’attente à l’hôpital d’Eaubonne en Essonne. Ses enfants aussi ont porté plainte pour non-assistance à personnes en danger. Les jours passent et ces histoires d’abandon se répètent inlassablement, partout en France. Les patients sont abandonnés sur des brancards au bord de l’autoroute de la casse de l’hôpital.

« Je voudrais qu’ils se rendent compte qu’il y a des gens qui meurent quand on ne s’en occupe pas », déclarait il y a quelques semaines la mère de Lucas, 25 ans, décédé lui aussi aux urgences faute de prise en charge et après avoir attendu plus de 8 heures à l’hôpital d’Hyères. Comme Joëlle, Lucas et Josiane, ils sont de plus en plus nombreux à mourir à l’hôpital, tués par l’inaction politique et malgré les alertes répétées, sans cesse, des soignants qui décrivent un « enfer ».

Une information qui a des allures de déjà-vu. « La vérité, c’est que quand il y a des morts, on ne fait pas remonter », confesse des soignants esseulés. Tel est le résultat d’un système de santé sabordé par six ans de néolibéralisme, incarné par la suppression de 21 000 lits d’hôpitaux en cinq ans.

En France, ⅔ des soignants en burn-out, un quart ont des pensées suicidaires et 3 soignants se suicident tous les deux jours Les politiques néolibérales maltraitent les patients comme les soignants. Les soignants sont en souffrance chronique. Deux tiers sont en burn-out, un quart pensent à se suicider. Surtout, ils sont de plus en plus à passer à l’acte. Trois soignants se suicident tous les deux jours. Un chiffre glaçant, que le gouvernement a délibérément décidé d’ignorer, tout comme les divers appels à l’aide des personnels d’hôpitaux partout en France.

85% des soignants considèrent que les conditions de prises en charge des patients se sont dégradées récemment Si la mise à mal de l’hôpital public ne date pas d’hier, les soignants sont une immense majorité à souligner l’approfondissement tout récent de ces dégradations. Dans une enquête réalisée fin 2022 par Action Patients, 85% des soignants déclarent que la prise en charge de leurs patients s’est considérablement dégradée entre septembre 2022 et septembre 2023. La moitié des patients interrogés ont déclaré avoir fait face à des difficultés de prises en charge personnelles lors de l’année écoulée.

22 millions de Français abandonnés dans un désert médical Le rapport « #AlloSégur : Urgence à l’hôpital« , mené par des députés LFI dans le cadre d’une commission d’enquête populaire, dévoilait en 2023 des chiffres accablants. Au premier rang d’entre eux : un tiers des Français vivent dans un désert médical, dans la 7ᵉ puissance mondiale. Un chiffre honteux, auquel seule une action politique forte peut répondre.

Une profession en décomposition : le taux d’abandon d’études pour devenir infirmier et aide-soignant est passé de 5 à 25% Sans surprise, la dégradation des conditions de travail des soignants a des conséquences durables sur l’attractivité de l’emploi. Le taux d’abandon d’études est désormais d’un quart par an. Les étudiants en formation d’infirmière sont aujourd’hui trois fois plus nombreuses à abandonner en première année qu’en 2011.

Moins bien payés que dans le reste de l’OCDE, les soignants et infirmières français sont à bout de souffle dans un système qui les maltraite et leur interdit d’exercer leur profession convenablement.

Macron et l’hôpital, c’est une histoire de milliers de morts, de soignants qui se suicident et désertent les hôpitaux. À ce rythme, qui pourra bien soigner les français dans les années à venir ? Surtout, quels français auront le luxe de se pouvoir se faire soigner ? Le saccage des services publics est une constante des politiques néolibérales. Il est plus que jamais en marche depuis les quinquennats macronistes.

Par Zoé Pébay


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