Prix planchers pour les agriculteurs : chaos au RN après la passe d’armes entre Bardella et Marine Le Pen

dimanche 10 mars 2024.
 

« Une trappe à pauvreté », voici comment Jordan Bardella a qualifié, au salon de l’agriculture, l’instauration de prix planchers pour les agriculteurs, se positionnant vivement contre.

Une improvisation qui n’a pas tardé à provoquer chaos et confusion dans les entrailles du RN. Marine Le Pen l’a sèchement recadré pour ce revirement programmatique.

Dans son recadrage, Marine Le Pen a déclaré que le RN se positionnait pour des « prix planchers ». Oui mais lesquels ? Depuis que les insoumis ont imposé la mesure dans le débat public, chaque parti y va de sa propre petite musique pour tenter de rattraper le train de retard, Jean-Luc Mélenchon défendant les prix garantis rémunérateurs depuis 2018. Dans les faits, le RN défend des prix qui n’ont de planchers que le nom. Marine Le Pen privilégie « la négociation » entre industriels et producteurs plutôt que l’intervention de l’État.

La conséquence ? Le RN entérine le rapport de force favorable aux industriels de l’agro-business, qui, dans ce type de négociation, ne font qu’une bouchée des producteurs. Rien d’étonnant pour le parti de Marine Le Pen qui a voté en faveur de l’actuelle PAC qui ne prévoit ni prix planchers ni encadrement des marges. En opération déminage ce jour au salon de l’agriculture, la cheffe de file du parti d’extrême droite tente de réparer les pots cassés par Bardella. L’opération peine à convaincre : « ils changent d’avis comme de chemise », déclarent de nombreux agriculteurs, pointant l’hypocrisie du RN sur le sujet agricole. Notre brève.

Prix planchers : Bardella se dit contre, panique au RN

« Si vous mettez en place des prix planchers au niveau français, c’est une trappe à pauvreté parce que, précisément, on ira se fournir sur le marché européen. Et si vous mettez en place de manière totalement chimérique des prix planchers au niveau européen, on ira se fournir sur les marchés internationaux », a-t-il déclaré sur France Bleu le 26 février 2024. Un revirement complet, à rebours de ce que défend son parti. Il semblerait que le président du parti d’extrême droite n’ait pas de colonne vertébrale idéologique : celui-ci défendait cette même mesure sur BFMTV le 25 février dernier. De nombreux députés frontistes se sont retrouvés dans l’embarras, incapables de défendre Jordan Bardella.

Marine Le Pen a été obligée de sonner la fin de la récréation. En grande pompe, elle affirme que le RN est favorable à l’instauration d’un « prix garanti par l’État, intervenant comme arbitre dans le cas où les négociations entre les producteurs et les industriels ne seraient pas concluantes ». En réalité, cela n’a rien à voir avec les prix rémunérateurs garantis proposés par les insoumis, bien qu’elle se targue que leur mesure soit plus efficace.

Tel qu’elle le propose, le rapport de force se fera inexorablement en faveur des agro-industries, au détriment des petites exploitations. Négociations, qui, a priori, ne se feraient pas filière par filière, comme le proposent les insoumis. Tout pour les plus gros, les petits se débrouillent seuls.

Le RN, un soutien des agriculteurs ? Le parti d’extrême droite se moque du monde. Il n’y a qu’à regarder dans le détail leurs votes au Parlement européen ou à l’Assemblée nationale pour s’en rendre compte. À Bruxelles, le RN vote contre, entre autres, des amendements visant à rendre la distribution des subventions de la PAC plus équitables et plus favorables aux petits exploitants ou la garantie de prix justes à la production pour le lait.

De même, au Palais Bourbon, les députés RN ont voté contre, entre autres : l’indemnisation des agriculteurs victimes de catastrophes naturelles ou des amendements proposés par des députées insoumis visant à protéger la rémunération des agriculteurs face aux industriels et à la grande distribution. Le RN, une arnaque sociale, que L’insoumission continuera de démasquer sans relâche.


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