L’enquête du « Washington Post » sur la Russie gâche les fêtes du Rassemblement national

vendredi 12 janvier 2024.
 

Le quotidien américain affirme que le Kremlin s’applique à ce que ses éléments de langage sur l’Ukraine se retrouvent utilisés par le parti de Marine Le Pen.

https://www.huffingtonpost.fr/polit...

En cette fin d’année 2023, le journal américain The Washington Post a une surprise pour le Rassemblement national. Mais ce n’est pas vraiment un cadeau de Noël. La prestigieuse publication a sorti ce samedi 30 décembre une longue enquête consacrée à la méthode employée par la Russie de Vladimir Poutine pour affaiblir le soutien de la France à l’Ukraine.

Une entreprise de subversion dans laquelle le parti présidé par Jordan Bardella joue un rôle primordial, à en croire les documents consultés par le quotidien américain, qui a également mené de nombreux entretiens pour les besoins de cette enquête. Ce travail « d’ingérence » est piloté par Sergueï Kirienko, premier adjoint au cabinet de Vladimir Poutine. Il consiste à diffuser, auprès d’intermédiaires non identifiés, des éléments de langage qui seront ensuite repris par les cadres du parti d’extrême droite, dont Marine Le Pen, présidente du groupe RN à l’Assemblée nationale.

Fermes à trolls

Ces éléments sont bien connus par ceux qui suivent l’actualité de la guerre en Ukraine. Il s’agit d’affirmer que les sanctions économiques visant Moscou pénalisent davantage la France que la Russie, que la livraison d’armes à Kiev entraîne un risque de troisième guerre mondiale ou que les Français n’ont pas à payer pour une guerre menée par d’autres. Soit effectivement des arguments entendus chez plusieurs responsables du RN, Marine Le Pen comprise. Pour appuyer cette offensive narrative, la Russie a monté des fermes à trolls, sorte d’usines à faux comptes d’utilisateurs prétendument français diffusant cette propagande sur les réseaux sociaux.

Ces faux comptes sont particulièrement actifs. À titre d’exemple, durant les émeutes du mois de juin, ceux-ci (représentant 1,2 % des utilisateurs) étaient à l’origine de plus de 30 % des commentaires publiés sur les réseaux sociaux à ce moment-là. « Parmi les comptes les plus prolifiques, 24,2 % inséraient des messages pro russes dans leurs commentaires », note le Washington Post, qui rappelle que la plupart de ces faux comptes s’affichent comme supporters de Marine Le Pen ou Éric Zemmour. De quoi raviver les critiques fréquemment faites au RN sur le sujet.

« Voter Le Pen et Bardella, c’est voter Poutine »

Sur le réseau social X (ex-Twitter), le parti d’Emmanuel Macron, Renaissance, s’est empressé de réagir, en publiant une série de tweets montrant une concordance entre les éléments de langage préparés par le Kremlin et ceux utilisés par Marine Le Pen dans les médias. « L’article du Washington Post sur les tentatives russes d’ingérence en France et la complicité du camp Le Pen fait écho aux conclusions de notre commission d’enquête », renchérit le député macroniste Stéphane Vojetta, en référence aux travaux menés par l’Assemblée à ce sujet, et dont le rapport décrivait le RN comme « la courroie de transmission efficace » du discours du Kremlin en France. « Voter Le Pen et Bardella, c’est voter Poutine. Point barre », insiste le député des Français de l’étranger.

Sur le même réseau social, Chloé Ridel, porte-parole du Parti socialiste, estime que le parti de Jordan Bardella « menace la sécurité de notre pays ». Même son de cloche pour l’eurodéputée écologiste Karima Delli. « Ces manipulations d’informations diffusées par le Kremlin menacent notre démocratie », s’alarme-t-elle.

En réalité, les liens entre le parti lepéniste et le pouvoir poutinien sont connus, l’article du Washington Post étayant ce que de nombreux observateurs affirment depuis plusieurs années. Mediapart, Le Monde mais aussi le rapport de la Commission d’enquête… Les éléments attestant de la proximité politique, voire matérielle, entre le RN et la Russie s’empilent depuis plusieurs années.

Et ce sans que cela ne change fondamentalement l’approche de Marine Le Pen à l’égard de la Russie. Ce dimanche 31 décembre, la députée du Pas-de-Calais a publié ses vœux pour 2024. Cinq minutes et vingt secondes de discours, et pas un seul mot pour l’Ukraine, une guerre au bilan humain effroyable se déroulant à moins de 3 000 kilomètres de Paris et dont les conséquences affectent considérablement les bourses françaises, notamment sur le plan énergétique.

Par Romain Herreros


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