Georges Couthon Du modéré (1792) au Comité de salut public (1793)

jeudi 15 novembre 2007.
 

1) GEORGES COUTHON, UN AMI DE ROBESPIERRE PEU CONNU

Association Maximilien Robespierre pour l’Idéal Démocratique

Bulletin n° 8 - Octobre 1998 - Ventôse 207

C’est peut-être lors de la première séance de l’Assemblée Législative que Robespierre a conçu de l’amitié pour Couthon. Moins d’un mois après l’ouverture des travaux de cette Assemblée, il se rendit à Arras où il écrivit à son hôte Duplay de le rappeler au bon souvenir de Couthon. Le nouveau député s’était mis en vedette dès ce premier jour, demandant de simplifier le cérémonial pour la réception du roi. Marat l’avait fort applaudi et avait consacré à cette intervention pas moins de trois numéros de « l’Ami du Peuple ». Avec un sûr instinct psychologique, Robespierre devinait en cet homme aimable et handicapé un patriote sincère, éloquent et combatif.

Couthon répondait-il à cette sympathie ? Il est permis d’en douter. Il trouvait trop excessifs les discours des députés d’extrême gauche, surtout ceux de Marat qu’il détestait, écrivant plus tard « son nom seul est un crime ». Ses meilleurs amis étaient Brissotins, Delaunay d’Angers ; Hérault de Séchelles et surtout Lanjuinais, qu’il recevait à sa table. Il se situait au Centre, approuvant tantôt les uns, tantôt les autres. Couthon et Robespierre étaient très différents et pourtant, ils avaient beaucoup de ressemblances… Celui-ci en public avait un abord plutôt froid, distant et n’aimait guère être contredit. Couthon au contraire, était aimable et ouvert, porté à la conciliation. Il avait épousé en 1787 une amie d’enfance Marie Brunel dont il avait deux enfants, Antoine et Hippolyte. Il attachait autant de prix à sa vie de famille qu’à son action politique. Peu spéculatif, il aimait surtout l’action et il a fait peu de grands discours. Robespierre, lui, situait son action dans ses discours. Différences et ressemblances que l’on retrouve dans leur carrière antérieure.

Tous deux étaient issus de milieux robins. Le père de Couthon était notaire à Orcet, près de Clermont-Ferrand. C’est là qu’est né Georges, le 22 décembre 1755, quatrième enfant d’une famille de huit, dont quatre moururent en bas âge. Nous ne savons pratiquement rien sur les vingt premières années de sa vie. Nous pouvons supposer qu’elles ont été heureuses. Nous le retrouvons en 1775 à Riom chez un procureur, puis, à Paris, où il conquit le grade d’avocat, enfin, à Clermont-Ferrand, où il fut inscrit au Barreau le 21 mai 1783, à 28 ans. Tous les témoignages d’amis ou d’adversaires sont unanimes dans les éloges : sérieux, compétent, naïf par bonté d’âme ; « doux et passionné », « voix persuasive et facilement émue », « abord accueillant », « intelligence lucide ». Apprécié de tous, il eut une carrière brillante et rapide : avocat royal, commissaire, juge au Tribunal de District en 1790, seulement six ans après son stage. Dans sa profession, il ne comptait que des amis.

Lui aussi a fait partie d’une Société ; « l’Académie Royale des Sciences et Belles Lettres » où il a su, semble t’il se faire estimer pour son caractère, sinon pour son talent. Il a écrit une comédie politique « l’Aristocrate converti », pièce de circonstance. Surtout, Couthon a été initié dans une Loge maçonnique, Saint-Maurice d’Orient qui l’a profondément marqué. Il y a appris la valeur de la probité, de la loyauté, de la vertu liée au culte du grand Architecte de l’Univers qui excluait les prêtres, il a appris à respecter l’harmonie entre tous les membres et aussi à aimer les petites gens, à les aider, ce qui sera chez lui un souci constant. Il était surnommé « l’avocat des pauvres » car il leur accordait des consultations gratuites. Il a lancé en 1789 une souscription d’humanité pour les secourir, créé un bureau de charité pour les pauvres de sa paroisse. Pour soutenir leurs intérêts, il participa à la création d’une Société Populaire « les Amis de la Constitution », future filiale de la Société des Jacobins. Enfin, en vue de son élection à la Législative, il défendit avec chaleur le droit de pétition.

Une ombre cependant à ce tableau : Une paralysie progressive, d’abord d’une jambe (vers 88 ou 89), puis des deux (début 92) qui ne cessa de s’aggraver pendant sa carrière politique, le transformant en grand malade dont les crises très douloureuses et fréquentes le forcèrent trop souvent à garder le lit.

Bienfaiteur pour sa région

Un des principaux mérites de Couthon, c’est qu’il n’oublia jamais son département d’origine, ni comme député, ni à la tête de l’Etat. Il a toujours répondu aux cas personnels. Il a mené son action longue et obstinée au Comité d’Instruction Publique pour doter Clermont-Ferrand d’établissements scolaires, ce qu’il réalisera de son propre chef lors de sa mission. Il a suggéré aux habitants, des actions pour les mettre en valeur, a eu un souci perpétuel de l’approvisionnement en grains. A la veille de Thermidor, il avait même obtenu par le Comité de Salut Public, la prise en charge par l’Etat des dépenses municipales : une fontaine d’eau municipale à Orcet, l’élargissement et l’embellissement des rues de Clermont-Ferrand, projets qu’il ne pourra réaliser. Il aimait aussi à recevoir chez lui à Paris, des délégations de compatriotes qu’il présentait à la Convention. Avec ses collègues Auvergnats, il partageait les mardis, un « repas fraternel », souvenir de la Franc-Maçonnerie. Nous voyons donc se dessiner, pendant cette période d’abord Clermontoise, certains traits essentiels qu’il partagera avec Robespierre. Sa grande probité, son désintéressement du côté de l’argent, son déisme foncier, son souci d’unir tout ce qui n’est pas aristocratique, sa large conception du mot « peuple » qui englobait les plus démunis et dont la souveraineté sera pour lui un dogme fondamental

Après un échec aux élections à la Constituante, il a donc été élu à la Législative. Il a continué à soutenir la cause du peuple, il a encouragé la fabrication des piques, pris la défense des Suisses de Châteauvieux et surtout, celle du monde paysan dans son grand discours du 29 février 1792 où il demandait une diminution des taux pour le rachat des terres. Avec Robespierre, il a vigoureusement combattu La Fayette et ses intrigues mais aux côtés de Brissot, encore ami de « l’Incorruptible », il a soutenu la nécessité de la guerre pour des raisons, il est vrai, plus naïvement patriotiques. Pourtant, Robespierre ne lui en a pas tenu rigueur.

Couthon, proche des Girondins

Lorsque au début du mois d’août 1792, il alla en cure aux boues de Saint-Amand, près de Valenciennes, à l’occasion de sa mission dans la principauté de Salm, Robespierre lui écrivit une lettre très affectueuse commençant par « Mon cher ami » et finissant ainsi : « Vous nous manquez. Puissiez-vous bientôt être rendu à notre Patrie. Nous attendons votre retour et votre guérison ». Couthon approuva chaudement le 10 août et songeait à regagner le Puy de Dôme lorsque, le 11 septembre, il reçut la nouvelle de son élection à la Convention. Resté jusque là partisan d’une monarchie constitutionnelle, il approuva la proclamation de la République. C’est lui qui le 25 septembre 1792 a proposé la formule « La République Française est une et indivisible ». A cette époque, s’opéra un tournant dans sa carrière. Il logeait dans le même immeuble que Robespierre, 366 rue Saint-Honoré. Le député Dulaure, son compatriote et jusque là son ami, aurait dit le 22 septembre au cours d’une réunion hebdomadaire des députés du Puy de Dôme : « je vois que Robespierre n’est en somme qu’un intrigant. » « Un intrigant ! s’écria Couthon. Vous êtes bien bon ! Moi je le regarde comme un grand scélérat. Je ne veux plus loger dans la même maison que lui, je n’y suis pas en sûreté. Tous les jours je vois monter chez lui une demi-douzaine de coupe-jarret à qui il donne à dîner ».

Comme la Convention envisageait un déménagement aux Tuileries, Couthon demanda à Roland un appartement dans ce palais pour le rapprocher à cause de son infirmité. Il est vrai qu’il était obligé de partir, devant laisser la place à Augustin et à Charlotte qui allaient arriver d’Arras. Roland ne put le satisfaire à cause des travaux. Il lui répondit très amicalement et le logea dans la cour du Manège au n° 97. Puis, vers la mi-octobre, Couthon rompit avec ses anciens amis. Il avait dans l’été rédigé un projet de Constitution et les Girondins l’avaient écarté du Comité où l’on en discutait. Est-ce en partie à cause de ces déconvenues, ou bien surtout parce qu’il était de plus en plus déçu par ses amis du moment ? Le 12 octobre 1792, aux Jacobins, lui qui avait d’abord soutenu le projet Girondin de protéger Paris par une garde départementale, changea brusquement d’avis disant que « l’anarchie n’était qu’un épouvantail et ses prétendus chefs, des têtes volcanisées, mais pas moins animées de sentiments patriotiques ». Le jour même, il déclarait à la Convention : « Il y a un parti de gens fins, subtils, intrigants, surtout extrêmement ambitieux. Il veut la République, mais il veut avoir à sa disposition les places, les trésors, les emplois de la République… C’est sur cette faction qui ne veut la liberté que pour elle qu’il faut tomber à bras raccourcis ». Madame Roland pressa Bancal des Issarts de « ramener un aussi bon esprit », preuve que les Girondins le comptaient pour un des leurs. Dulaure réunit chez lui la députation et interpella Couthon : « Comment se fait-il que vous alliez faire cause commune avec des hommes que vous avez si souvent dépeints comme des scélérats ? Eux n’ont pas changé, vous savez ».Couthon ne répondit rien, fit appeler son porteur et disparut. Il est probable par la suite que la joute oratoire Louvet - Robespierre ait contribué à le rapprocher de celui-ci et de la Montagne, à laquelle il adhéra.

Au procès du roi, il vota la mort sans sursis, ni appel au peuple et le 21 janvier 1793, il déclara : « Maintenant, occupons-nous du peuple et uniquement du peuple ». La trahison de Dumouriez Quand le conflit Montagne - Gironde s’aggrava, au printemps 1793, c’est aux côtés de Robespierre qu’il combattit, surtout depuis la trahison de Dumouriez en qui il avait mis sa confiance. Il l’avait rencontré dans l’été 1792 au camp de Maulde (principauté de Salm) et avait estimé que « ce général nous était très nécessaire ». Dumouriez par contre, n’avait pas si bonne opinion de lui : « Cet homme qui joue un grand rôle dans la Révolution, avec son extérieur doux, bon ami, bon mari, bon père, est un des plus cruels et des plus dangereux tyrans de la faction anarchique par l’excès de son fanatisme qui est sans borne ». C’est à dire qu’il le considérait déjà comme un bon Montagnard, un bon Jacobin, un robespierriste.

Prémonition ? La trahison de ce général fut pour Couthon, un choc. Il prit une grande part aux journées du 31 mai – 2 juin, fulminant contre « l’hypocrite » Pétion et, plus douloureusement, contre « l’effréné » Lanjuinais. Il fit consigner dans leur maison les trente et un Girondins arrêtés ce jour là mais conserva l’espoir d’une conciliation. Le 30 mai 1793, il fut adjoint au Comité de Salut Public et en devint membre effectif lors de son renouvellement, le 10 juillet 1793, en même temps que Saint-Just. C’est là qu’il a pu mieux connaître et approcher Robespierre, nommé le 27 juillet. C’est là aussi qu’il a participé à la Constitution de l’An I, avec Saint-Just et Hérault de Séchelles. Le 29 mai, la Municipalité Montagnarde de Lyon était vaincue après une dure bataille de rues et les Girondins prirent le pouvoir. Le Directoire de Clermont-Ferrand où siégeaient les notables leur envoya une lettre d’approbation et commença à entraîner l’opinion publique. Couthon et Maignet furent envoyés en mission et arrivèrent à Clermont-Ferrand le 30 août.

Le fauteuil de Georges Couthon

Entré dans la place, il s’y comporta avec justice et clémence, réservant sa sévérité aux officiers et aux rebelles pris les armes à la main, épargnant les égarés et les enrôlés de force, rétablit les anciennes autorités, commença à redonner du travail aux ouvriers en autorisant les industriels et commerçants non compromis à reprendre leur activité.. Mais il répugnait à appliquer le décret du 12 octobre ordonnant la destruction des maisons des riches sur les ruines desquelles devait s’élever une colonne portant l’inscription : « Lyon fit la guerre à la liberté, Lyon n’est plus ». Il fit semblant, malgré la recommandation pressante de Robespierre poussé par les "ultras". Il demanda à Saint-Just un changement de mission pour Toulon mais fut rappelé par le Comité de Salut Public à la fin du mois. Il repassa par Clermont-Ferrand où il participa à une campagne de déchristianisation commencée en son absence. Il la mena sans excès, sans mascarades car il en voulait aux prêtres, non à la religion. Il était sincèrement déiste et partisan de rapports directs et personnels avec la divinité. Déjà, durant cette mission, il passait pour l’homme de Robespierre, mais c’est lors de son retour à Paris, le 1 er décembre 1793 qu’il se rapprocha tout à fait de lui, persuadé que la politique du salut public était la seule susceptible de sauver la France. La lutte contre les Factions et Thermidor Au début de 1794, il retourna au 366 rue Saint-Honoré. Il arrivait en pleine lutte entre dantonistes et hébertistes. Il a longtemps espéré que les choses s’arrangeraient, que les factions se détruiraient d’elles-mêmes. Ce n’est qu’à partir su 13 mars, à l’arrestation des hébertistes, que, se rendant compte des implications politiques de ces tendances, il s’est promis de « purger entièrement la République des traîtres et des fripons ». Puis il prépara, avec Robespierre la Fête de l’Etre Suprême, fut rapporteur au Comité pour la Loi du 22 Prairial qui réorganisait la justice et remplaça Maximilien au Comité de police en l’absence de son ami. Le 15 Messidor (3 juillet 1794), il fut chargé d’une mission à Toulon en passant par le Puy de Dôme. Mais la maladie d’abord, puis les attaques contre Robespierre l’empêchèrent de partir. Il préféra « mourir ou triompher avec Robespierre et la liberté ». Il l’encouragea, l’épaula de son mieux, prit son parti aux Jacobins. Avec Saint-Just et Barère, il invita Robespierre le 5 Thermidor à revenir au Comité de Salut Public. Le 8, fut décidée l’impression de son discours, puis il soutint son ami lors de la séance du soir aux Jacobins. Mais le 9 Thermidor, il fut arrêté avec les autres et du partager leur sort sur la guillotine. Appelé le premier, on ne put installer correctement son corps déformé par la paralysie et pendant un quart d’heure, il ne cessa de crier de douleur. Les historiens ont l’habitude de classer Couthon en troisième position dans le groupe des Robespierristes, d’où, leur manque d’intérêt pour lui. Pourtant, chacun a sa personnalité bien affirmée et ni lui, ni Saint-Just ne sont des séides. Couthon aurait sûrement joué un plus grand rôle s’il n’avait pas été aussi handicapé physiquement. S’il n’a pas pensé fortement la Révolution comme Robespierre et aussi Saint-Just, s’il ne l’a pas guidée, il est supérieur à son ami sur le plan de l’organisation et de l’action et aussi des contacts humains et de la diplomatie. Son originalité réside aussi dans son action départementale qui lui donne une place de premier plan parmi tous les hommes politiques de son temps. Pourtant, malgré sa grande volonté de réussir, les circonstances l’ont finalement acculé à l’échec ; la guerre, les malveillants, l’éloignement du Puy de Dôme et finalement, la réaction thermidorienne, sans parler de sa paralysie, ont contrarié tous ses efforts et ne lui ont point permis de laisser de lui, le souvenir de ce qu’il méritait d’être : un grand administrateur ainsi que le bienfaiteur de son village et de sa ville.

Josette BORE

2) Couthon est un vieux camarade

Couthon est né en décembre 1755, un mois après le tremblement de terre de Lisbonne qui impressionnera Candide. Il naît dans un milieu de robins et de marchands. Il suit des études de droit. Il devient avocat. Il défend notamment les pauvres. Il dénonce les privilèges de la noblesse. Il fréquente des sociétés littéraires et il prononce un joli discours sur la patience. Il se plaît même à écrire quelques pièces de théâtre. On fait volontiers l’éloge de son bon caractère et de son talent.

En somme, c’est le profil classique d’un homme des années 1780. Il suit les événements du printemps et de l’été 1789 d’assez loin, c’est-à-dire de Clermont. Il n’en est pas moins passionné et révolutionnaire à sa façon. En octobre, il propose ainsi une souscription d’humanité pour les miséreux : « En prévenant les besoins impérieux des pauvres, vous les rendrez meilleurs et vous parviendrez infailliblement à la sûreté des riches. »

Il s’affirme comme jacobin. Malgré le début de sa paralysie, il est élu à l’Assemblée législative à l’automne 1791 et s’y montre actif. Par la suite, il devient montagnard, mais lentement. Il n’a pas de sympathie excessive pour les sans-culottes ni pour cet autre malade qu’est Marat. Il entre au Comité de salut public et défend la Terreur, mais, s’il fait preuve de fermeté, il observe une certaine clémence, comme le prouve son attitude à Lyon lorsque la Convention décrète la destruction de la capitale des Gaules.

Au printemps 1794, Couthon et sa femme quittent la maison près du Pont-Neuf, à proximité des bains. Ils viennent loger rue Honoré, chez le menuisier Duplay. Le soir, il retrouve les frères Robespierre, Saint-Just, Lebas et une escouade d’enthousiastes, et ils déclament des vers latins qui chantent la gloire de Rome, ils versent une larme sur les malheurs de Bérénice et boivent des chocolats chauds qui changent Couthon de ses bouillons de veau et de ses gouttes d’opium. Et puis, tout ce beau monde est repris par ce qu’on appelle par litote « la force des choses ».

Il trouve que les Exagérés exagèrent et que les Indulgents sont trop indulgents. Il ne fait pas un geste pour sauver Jacques Roux et Camille Desmoulins. Il rapporte donc la loi désastreuse de prairial qui supprime l’interrogatoire préalable et la défense des accusés. Et pourtant, en même temps qu’il se soumet à la logique de la force des choses, il songe aux modalités d’achat du manuscrit de la Nouvelle Héloïse et à créer une collection de liliacées du cap de Bonne-Espérance. Il continue de croire en une sorte de dieu plus ou moins suprême et au sens de l’histoire. Le 9 thermidor, l’histoire le rattrape.

On peut voir au musée la chaise de Couthon. C’est une espèce de chaise roulante en tissu jaune citron. Depuis deux ans, il avait perdu l’usage de ses jambes. La nuit du 9 thermidor, dans le chaos et la cohue, il a tenté de s’enfuir sur les épaules d’un gendarme que la Convention lui avait alloué, mais il a été arrêté, couché sur un brancard, sa culotte gris perle maculée d’urine, porté sur l’échafaud, mais impossible de faire tenir son cou dans la lunette de la guillotine, on ne va pas quand même pas le guillotiner sur le dos, alors on le met de côté et à six heures presque cinquante le bourreau lâche la corde qui libère le couperet.

L’Arbre de vies, Points-Seuil

Bernard Chambaz

3) COUTHON Georges

http://les.guillotines.free.fr/cout...

intime et fidèle de Robespierre, le député paralytique de l’Auvergne. Il format avec Robespierre et Saint-Just une sorte de triumvirat, réprima l’insurrection de Lyon (1793) et fit voter la loi du 22 Prairial (10 juin 1794) instituant " la Grande Terreur " il fut guillotiné le 10 Thermidor. Il tenta d’épargner le pire à la ville vaincue. Ses rigueurs parurent trop indulgentes.

Cet homme encore jeune est devenu tout récemment complètement paralysé et ne se déplace qu’à dos d’homme ou en fauteuil roulant. On raconte à Clermont-Ferrand que ce malheur lui est venu d’un séjour trop prolongé dans un marécage, sous une pluie battante, alors qu’il se rendait chez sa fiancée, la fille du lieutenant général du bailliage. Loin d’arranger les choses, une cure au Mont-Dore a aggravé son mal. Il est pourtant un joli garçon, à la physionomie aimable et douce. C’est l’un des plus brillants avocats de Clermont-Ferrand ; il fait partie du comité judiciaire de l’assemblée provinciale d’Auvergne, et il y est très actif. Il a de nombreux, en particulier parmi les aristocrates libéraux. D’une inépuisable complaisance, d’une totale probité, il défend gratuitement les plus pauvres de ses clients.

homme politique français (Orcet 1750 - Paris 1794)

COUTHON Georges - Né le 22 décembre 1750 à Orcet (Auvergne), Mort à Paris sur l’échafaud, le 28 juillet 1794

Avocat, puis président du tribunal de Clermont-Ferrand. Député en 1791 à l’assemblée législative ; puis à la Convention nationale.

En 1793 devint, avec Robespierre et Saint-Just, membre du Comité de Salut Public. Il joua dans le procès de Louis XVI un rôle important et prit ensuite une part active à la répression de la révolte de Lyon.

La Convention avait ordonné la destruction totale de cette ville.

Couthon se borna à un simulacre légal ; fit nommer un comité de démolition ; mais ne voulant point assumer l’odieux de cette mesure, se fit rappeler par la Convention. Sa mission terminée, il revint siéger au Comité de Salut Public jusqu’au 9 Thermidor.

Il tomba, entraîné par Robespierre, fidèle jusqu’à la mort à sa politique et à son amitié.


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