TRIBUNE. Pour nos combats européens, face à la droite et à l’extrême-droite, ne fermons pas la porte au débat de l’union

mercredi 12 juillet 2023.
 

A moins d’un an des prochaines élections européennes, le collectif Combats socialistes appelle à ouvrir une discussion à gauche pour ouvrir la voie à un projet commun.

En 2024, voteront pour la première fois des citoyens et des citoyennes nés après 2005 et les débats sur le traité constitutionnel européen. Pour cette génération, nous devons dépasser nos vieux clivages, parfois artificiellement alimentés par nos adversaires politiques et par ceux qui ont intérêt à ce que rien ne change.

“L’Europe est pour nous un projet politique et non technocratique, il ne s’agit donc plus de subir mais de choisir.” Cette phrase, issue du projet du Parti Socialiste pour l’élection présidentielle de 2022, aurait pu se retrouver dans l’ensemble des programmes des partis politiques de la gauche et de l’écologie. Elle dit l’essentiel de ce qui nous rassemble à gauche sur la construction européenne.

Socialistes, comme les écologistes, communistes et insoumis, nous sommes internationalistes. Et parce que nous sommes internationalistes, nous sommes pour la construction européenne. C’est à l’échelle continentale que nous pourrons le mieux combattre les désordres du monde contre lesquels nous nous sommes engagés en politique, et replacer le curseur, orienté sur le sujet identitaire par l’extrême-droite, vers le sujet social qui est celui de l’exploitation abusive des travailleurs et des ressources.

Toutes et tous, nous sommes pour l’Europe des gens. Il n’y aura pas de projet commun possible sans renforcement de la démocratie européenne. Renforcement du rôle du Parlement européen par rapport à la Commission européenne, possibilité d’intervention directe des citoyens, plus grand contrôle des lobbys : nous remarquons que toutes ces propositions se retrouvent dans l’ensemble de nos programmes.

Toutes et tous, nous refusons de subir la mondialisation déloyale et le productivisme. Nous voulons que les normes sociales et environnementales priment sur les règles du libre-échange, que les géants américains du numérique payent leurs impôts en Europe, que nos industries et nos ouvriers soient protégés des délocalisations, que les multinationales soient responsables quand elles ou leurs sous-traitants exploitent les hommes ou la nature.

Aucun partenaire politique à gauche ne propose la sortie de l’Union Européenne ou de sa monnaie unique. Et si nous parlons de désobéir à certains traités pour les uns, de déroger de manière transitoire pour les autres, nous partageons toutes et tous le même objectif : changer l’Europe pour la sauver.

Nous ne nions pas les désaccords qui peuvent encore exister entre nos familles politiques, mais ces divergences sur la question européenne ont toujours existé à gauche, jusqu’au sein même de nos mouvements. Faisons preuve d’intelligence collective, soyons à l’écoute de la société et nous n’aurons pas besoin de nous compter dans une sorte de primaire sauvage de la gauche et des écologistes pour construire un chemin commun.

La gauche et l’écologie rassemblées peuvent porter un projet radical, pour redonner espoir dans la construction européenne, faire qu’elle redevienne pour nos concitoyens l’horizon du progrès et d’un avenir meilleur. Portons des mesures radicales en matière de bifurcation écologique et d’investissement dans les énergies renouvelables, protégeons concrètement les Européens de la spéculation sur les prix de l’énergie, créons un impôt européen sur les grandes fortunes, appelons au boycott des marques qui exploitent les êtres humains, et notamment les Ouïghours, soutenons l’Ukraine et son intégrité territoriale ! Voilà les combats qui vivent dans la société, voilà les combats de la jeunesse, voilà les combats européens qui doivent être les nôtres.

A l’heure où la droite et l’extrême-droite s’allient en Italie, en Suède, en Finlande et maintenant en Espagne, et que cette alliance des droites est envisagée au Parlement européen après les élections de l’année prochaine, la gauche a l’immense responsabilité de construire en France comme en Europe l’alternative aux libéraux, aux conservateurs et à l’extrême-droite.

Enfin, si des sondages peuvent laisser à penser que les listes de gauche pourraient avoir plus d’élus si elles se présentaient séparément, nous croyons l’inverse : une dynamique de campagne unitaire enverrait un signal fort qui pourrait faire venir voter des électeurs démobilisés par une offre politique désunie, et changer la donne. Au contraire, des campagnes qui répètent ou artificialisent des clivages, comme ce fut le cas pendant l’élection présidentielle, démotivent nos électeurs et peuvent aboutir à une spirale négative pour les listes de gauche.

C’est pourquoi, nous voulons continuer de croire qu’une convergence de nos combats européens est possible et souhaitable, sur la base d’un projet commun, discuté et accepté de tous. Nous appelons tous les partis de la NUPES, leurs responsables comme leurs militants, à créer des espaces de discussions ouverts et bienveillants, nous permettant d’échanger, débattre et de confronter nos idées afin de trouver la voie d’un rassemblement à la hauteur des attentes de nos électeurs.

Signataires : Sarah BENNAMOU, Thomas BONNEFOY, Morgan BOUGEARD, Yvain BOURGEAT LAMI Philippe BRUN, Clovis CASSAN, Mehdi CHALAH, Arthur DELAPORTE, Inaki ECHANIZ, Yasmine EL JAI, Clément FOUTREL, Brice GAILLARD, Nina KARAM LEDER, Sarah KERRICH, Jonathan KIENZLEN, Louis L’HARIDON, Victor LEMONIER, Joao MARTINS PEREIRA, Nastasia NAGUSZEWSKI, Martin PAUGAM, Anna Pic, Emma RAFOWICZ, Alexane RIOU, Maxime SAUVAGE, Angélique SUSINI, Alexandra TZATCHEV, Maxime VIALA, Karim ZIADY

Collectif Combats socialistes


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