Les plus pauvres sont les plus mal soignés (enquête de l’INSEE)

lundi 29 octobre 2007.
 

Étude . Suite à une enquête menée entre 2002 et 2003 sur les soins médicaux, l’INSEE confirme les inégalités d’accès aux soins pour les ménages les plus démunis. Édifiant.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’enquête INSEE rendue publique hier et titrée « La santé des plus pauvres » tombe à point nommé. En pleine discussion du projet de budget de la Sécurité sociale à l’Assemblée, en pleine bataille contre les franchises médicales, au lendemain de la manifestation des jeunes futurs médecins, une enquête sur les soins médicaux, menée entre 2002 et 2003 auprès de 40 000 personnes, confirme les inégalités d’accès aux soins dont souffrent les ménages les plus pauvres.

PLUS NOMBREUX À FRÉQUENTER LES HOPITAUX

Ces derniers et leurs enfants consultent peu les médecins généralistes, encore moins les spécialistes, 21 % des moins de cinquante ans n’ont pas consulté contre 17 % pour le reste de la population du même âge. Mais quand ils consultent « c’est souvent au moment où la pathologie est déjà grave », précise Thibaut de Saint Pol, sociologue à l’INSEE. Ces ménages les plus fragiles sont également plus nombreux à fréquenter les hôpitaux. Ils sont 19 % à avoir été hospitalisés au moins une fois au cours de l’année précédant l’enquête contre 16 % du reste de la population. Côté pathologies spécifiques, ce sont les caries qui arrivent en tête. 11 % des plus pauvres souffrent de caries contre 6 % du reste de la population. Idem pour les enfants des ménages les plus modestes : ils sont moins nombreux à bénéficier d’un suivi en orthodontie (6 % contre 10 % des autres enfants) et ils ont également plus de caries, 6 % contre 2 %. L’asthme affecte davantage ces enfants, 6 % contre 4 %. Les rhumatismes, les varices, les maladies ostéo-articulaires, l’arthrose ou les maux de dos sont également plus répandus.

Mais paradoxalement, les plus pauvres sont moins nombreux à déclarer certaines pathologies courantes, comme notamment les problèmes de vue. 51 % déclarent au moins une maladie de l’oeil ou de la myopie et de l’hypermétropie, contre 60 % du reste de la population. Cet écart est dû à un sous-diagnostic lié à une moindre consultation chez le médecin. « Et puis des gens qui ont mal à la tête n’auront pas le réflexe d’aller chez le médecin, car le rapport au corps peut être différent », souligne Thibaut de Saint Pol. Résultat, l’accès à la prévention est très inégalitaire : parmi les femmes de quarante ans appartenant à des ménages modestes, 34 % n’ont jamais réalisé de mammographie contre 19 % des autres femmes. Même chose pour le frottis gynécologique : 12 % des femmes les plus pauvres n’ont jamais réalisé de frottis gynécologique, c’est deux fois plus que le reste de la population. On retrouve ces écarts pour les tests de dépistage du VIH, de l’hépatite C, du sang dans les selles (dépistage du cancer colorectal). On ne sera pas surpris d’apprendre enfin que 22 % des individus à faibles revenus n’ont pas de complémentaire santé et que faute d’information, les plus pauvres ne demandent pas toujours à bénéficier de la CMU, tandis que d’autres n’y ont pas droit, leurs ressources étant de peu supérieures au plafond requis pour l’affiliation. Pour autant et il est bon de le rappeler, les plus pauvres ne creusent pas le trou de la Sécurité sociale, car leur consommation médicale est plus faible que celle du reste de la population.

Maud Dugrand


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