Sarkozy a pris la lutte des taxis en travers du volant (9 articles)

vendredi 8 février 2008.
 

Décidément, ce conflit des taxis est intéressant à suivre :

Acte 1 : les taxis se mobilisent en septembre contre les projets de dérèglementation émanant de la commission européenne

Acte 2 : le gouvernement paraît leur donner raison

Acte 3 : les propositions de la commission de Bruxelles sont globalement reprises par la commission Attali. Sarkozy soutient particulièrement celles concernant les taxis.

Acte 4 : les taxis se mobilisent en janvier 2008 contre ces propositions.

Acte 5 : Sarkozy les comprend et prend ses distances avec le rapport Attali

Acte 6 : Cafouillage entre le gouvernement, la droite et l’Elysée. Personne ne sait plus ce qu’il advient des demandes des taxis qui menacent d’une nouvelle action

Acte 7 : Sarkozy annonce qu’il prend lui-même en mains la négociation à venir

Voici le plan de nos articles (l’article 9 est le dernier mis en ligne) :

9) Sarkozy dit aux taxis que c’est lui, pas Attali, qui réformera

8) La mobilisation des taxis a payé. Le gouvernement abandonne la réforme Attali

7) Le gouvernement cède devant les taxis

6) Le gouvernement paraît céder aux revendications des taxis

5) Les taxis ont de nouveau manifesté mercredi 6 février dans toute la France

4) Taxis : mouvement de protestation reconduit, nouvelles actions le 6 février

3) Mouvement national des taxis ce 30 janvier 2007

2) Les taxis pilent devant Attali (Libération)

1) Mouvement social des taxis le 27 septembre 2007 (Respublica)

9) Sarkozy dit aux taxis que c’est lui, pas Attali, qui réformera

PARIS (Reuters) -

Nicolas Sarkozy s’est rendu gare Montparnasse à la rencontre de chauffeurs de taxis, à qui il a promis de mettre en oeuvre lui-même une réforme qui leur sera "bénéfique".

"Ce n’est pas Attali qui fera la réforme, c’est moi", a déclaré le chef de l’État à environ 80 chauffeurs de taxis dans le sous-sol de la gare.

"Je ne ferai rien sans vos représentants", a assuré le président, qui est resté une quarantaine de minutes sur place.

"J’ai dit à vos représentants que c’est moi-même qui annoncerai la réforme, dans deux mois. Je ferai la réforme et à l’arrivée, elle sera bénéfique pour les taxis", a-t-il assuré.

Les chauffeurs de taxis se sont mis en grève à deux reprises dans toute la France pour protester contre les mesures sur la déréglementation de leur profession préconisées par le rapport Attali sur la libération de la croissance.

Ils ont finalement reçu mercredi l’assurance que ces mesures ne seraient pas appliquées telles quelles.

Les taxis sont "une profession de gens qui veulent travailler, de gens courageux, dont on a besoin", a dit le vendredi le président, qui avait reçu la veille les représentants des chauffeurs à l’Élysée.

"Je ne laisserai pas les taxis être spoliés du seul capital qui est le leur, qui est la licence, la licence c’est la retraite", a-t-il assuré. "Je vous garantis que vous ne serez pas spoliés".

"Il suffit de donner à un propriétaire d’une licence une autre licence à titre gratuit", a-t-il préconisé.

Pour autant, Nicolas Sarkozy s’est dit déterminé à mener à bien une réforme qui permette d’augmenter le nombre de voitures "parce qu’à Paris, notamment, nous sommes la seule ville au monde où il manque de taxis".

La capitale compte actuellement environ 16.000 taxis. Le rapport Attali préconise de mettre à disposition "6.500 à 7.000 plaques" supplémentaires.

"Il n’est pas question de passer à 6.000 d’un coup, il suffit de gérer les départs à la retraite des taxis", a dit Nicolas Sarkozy.

"À partir du moment où les taxis seront disponibles, on aura une nouvelle clientèle, notamment de gens qui aujourd’hui prennent leur voiture", a-t-il fait valoir.

Elizabeth Pineau, avec pool sur place

8) La mobilisation des taxis a payé. Le gouvernement abandonne la réforme Attali.

http://www.lemonde.fr/

LE MONDE | 07.02.08 | 11h41

La mobilisation des taxis a payé. Le gouvernement a décidé de ne pas reprendre l’une des principales propositions du rapport Attali qui préconisait d’augmenter le nombre de taxis - 48000 au total, dont15900 à Paris - en octroyant gratuitement une plaque "incessible" à tous les demandeurs inscrits fin 2007.

"Le conflit est terminé, a déclaré Alain Estival, président de la Fédération nationale des artisans taxis, la plus importante organisation du secteur, à l’issue d’une réunion avec l’un des conseillers du premier ministre, François Fillon. Le gouvernement nous a confirmé qu’il ne reprendrait pas les propositions de M. Attali", a-t-il affirmé.

Après une journée de mobilisation le 31 janvier, les taxis avaient décidé de reconduire leur mouvement de protestation, mercredi 6 février. Toute la journée, l’accès aux aéroports et la circulation, tant à Paris qu’en province, étaient extrêmement perturbés.

Avant même la réunion à Matignon, les taxis avaient reçu le soutien du gouvernement. "Il ne s’agit pas de déréglementer, mais de mieux réglementeren concertation avec tous les acteurs concernés", a déclaré Christine Lagarde, ministre de l’économie, lors des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale. "Il est hors de question de faire subir une réforme aux taxis qui sont légitimement inquiets", a indiqué de son côté Laurent Wauquiez, porte-parole du gouvernement, à l’issue du conseil des ministres.

Le gouvernement souhaite néanmoins moderniser la profession. Nicolas Sarkozy devait rencontrer, jeudi 7 février, les représentants des taxis.

Selon le rapport Attali, "plus de 6500 chauffeurs de taxis locataires ou salariés attendent de pouvoir acquérir une licence" en région parisienne et "plus de 8000 plaques auraient pu y être créées depuis 1981 pour répondre à la demande". Pour les taxis, ce système ferait mécaniquement baisser la valeur de la plaque. Or le rapport Attali ne prévoyait aucune compensation. "C’est une condition sine qua non : pour réformer, il faut compenser", souligne Jacques Delpla, économiste, membre de la commission Attali et auteur de La Fin des privilèges, payer pour réformer (Hachette).

Au-delà, les taxis estiment qu’augmenter leur nombre aurait pour conséquence de diminuer le nombre de courses quotidiennes et donc leurs revenus. "Nous ne sommes pas hostiles à une réforme. Mais le gâteau n’est pas extensible", prévient Thierry Savary, président de la Fédération des taxis indépendants parisiens.

Nathalie Brafman

7) Le gouvernement cède devant les taxis

Reuters et NOUVELOBS.COM | 07.02.2008 | 08:22

"Le conflit est terminé, et le gouvernement ne reprendra pas les propositions Attali sur les taxis", affirme la Fédération nationale des artisans taxis, après une nouvelle journée de mobilisation suivie d’une réunion à Matignon.

Le président de la Fédération nationale des artisans taxis (SNAT), Alain Estival, a déclaré mercredi 6 février à la presse, que "le conflit est terminé, et le gouvernement ne reprendra pas les propositions Attali sur les taxis". Alain Estival s’est exprimé au nom de "l’ensemble des organisations professionnelles" du métier de taxi, après avoir été reçu à Matignon. Les chauffeurs de taxi ont obtenu gain de cause après avoir organisé, mercredi, une nouvelle journée de mobilisation.

"Le conflit est terminé"

"C’est un élément très important pour nous (...) le conflit entre les 55.000 taxis en France et le gouvernement est terminé", a ajouté Alain Estival. Interrogé sur le fait de savoir si le gouvernement avait abandonné tous les éléments préconisés dans le rapport au sujet des taxis, il a répondu : "Oui, tout à fait. Le gouvernement est prêt à nous écouter et fera tout avec nous."

Le président Nicolas Sarkozy recevra vendredi à 12H15 les représentants des taxis, a par ailleurs indiqué un des participants à la rencontre.

La commission Attali a notamment recommandé dans son rapport d’"augmenter le nombre de taxis" et préconisé d’attribuer des licences gratuites aux demandeurs inscrits à la fin 2007, alors que le nombre de licences est actuellement encadré.

François Fillon avait estimé, vendredi 1er février, que les idées de la commission Attali étaient "une piste de travail intéressante mais non exclusive", qui devait être examinée par le préfet Pierre Chassigneux. Matignon avait confié à ce dernier en novembre 2007 un rapport sur les meilleurs moyens de "desserrer et adapter les contraintes réglementaires" encadrant l’activité de taxi.

Journée de mobilisation

Les chauffeurs de taxi avaient maintenu, mercredi, la pression contre la déréglementation prônée par la commission Attali. Leur nouvelle journée de mobilisation a provoqué de nombreux ralentissements autour de Paris comme en province.

Dans la capitale, plusieurs milliers de taxis stationnaient à la mi-journée porte Maillot, tandis que deux cortèges partis des aéroports d’Orly et de Roissy les rejoignaient en début d’après-midi. Au total, la préfecture de police comptabilisait 3.200 véhicules. Comme le 30 janvier, les taxis ont multiplié dès le début de la matinée les opérations escargot autour de plusieurs grandes villes et sur de nombreuses autoroutes du pays.

En région

Selon la Fédération nationale des artisans du taxi (FNAT), qui appelait à cette journée de mobilisation, des chauffeurs de taxi des régions Picardie, Champagne-Ardenne, Lorraine, Bourgogne et Centre participaient à ces manifestations.

Les représentants des organisations professionnelles ont été reçus à 16h à Matignon pour "réfléchir" sur leur profession car "le système de la profession de taxis ne fonctionne pas bien, en tout cas dans certaines villes", selon François Fillon. Les syndicalistes ont été reçus par des membres de cabinet de Matignon, de l’Intérieur et de l’Economie, a-t-on précisé à Matignon.

Sur RMC-Info/BFM TV, le Premier ministre a toutefois tenu à prendre ses distances avec le rapport Attali, évoquant des recommandations qui ne sont "pas une décision du gouvernement, encore moins un vote du Parlement". Il a proposé aux taxis "qu’on fasse avec leur profession comme on a fait avec les partenaires sociaux pour réformer le contrat de travail".

Les "besoins des usagers"

S’ils proposent "des solutions qui sont des solutions qui répondent à ces attentes-là, nous les prendrons et nous les transformerons en texte législatif", a-t-il expliqué, "sinon il faudra que le Parlement légifère". Le chef du gouvernement a assuré qu’"il ne s’agit pas de déréglementer mais de faire en sorte que ces professions fonctionnent mieux et répondent mieux aux besoins des usagers".

"Il n’y aura pas de perdant", a renchéri le porte-parole du gouvernement Laurent Wauquiez, qui a certifié qu’il s’agissait d’un "engagement très clair" de l’Etat. Il faut "qu’on puisse discuter, échanger" pour "trouver un chemin qui soit gagnant-gagnant", a-t-il plaidé. "Il est hors de question de faire subir une réforme" aux chauffeurs de taxi.

Ces derniers ont par ailleurs reçu le soutien de l’UMP, qui ne prise guère plusieurs propositions du rapport Attali. Une délégation de la FNAT a ainsi dit avoir été reçue mercredi par Patrick Devedjian, secrétaire général du parti majoritaire, en présence des députés Jean-Paul Charié et Frédéric Lefebvre. "De cette réunion se sont dégagés des points de convergence entre élus et professionnels, notamment dans la prise en compte du facteur circulation dans l’activité taxi", se félicite la FNAT dans un communiqué. (AP)

6) Les taxis crient victoire après une nouvelle journée de mobilisation

Les taxis qui ont bloqué l’accès aux aéroports parisiens et perturbé la circulation ont affirmé mercredi soir avoir obtenu l’assurance du gouvernement qu’il ne reprendrait pas les propositions de la Commission Attali sur leur profession, au terme d’une nouvelle journée d’action.

"Le conflit est terminé, et le gouvernement ne reprendra pas les propositions Attali sur les taxis", a affirmé le président de la Fédération nationale des artisans taxis (FNAT), Alain Estival, après avoir été reçu à Matignon.

"C’est un élément très important pour nous (...) le conflit entre les 55.000 taxis en France et le gouvernement est terminé", a-t-il ajouté, précisant qu’il s’exprimait au nom de "l’ensemble des organisations professionnelles" du métier de taxi.

Dans un communiqué, le Premier ministre François Fillon a indiqué qu’il entendait "donner toute sa place à la concertation", sans évoquer le rapport Attali.

M. Fillon "veillera à ce que les évolutions de la profession soient mises en oeuvre dans le respect de l’équité, sans mettre en péril l’équilibre économique de l’activité des taxis".

M. Fillon rappelle en outre avoir confié en novembre dernier une mission sur la profession de taxi au préfet Pierre Chassigneux, qui doit encore remettre son rapport.

Les représentants des taxis seront reçus jeudi par le Président Nicolas Sarkozy, a-t-on appris après la réunion.

La commission Attali recommandait notamment dans son rapport d’"augmenter le nombre de taxis" en préconisant d’attribuer des licences gratuites aux demandeurs inscrits à la fin 2007, alors que le nombre de licences est actuellement encadré.

Une idée rejetée par les taxis, totalement hostiles à toute "déréglementation" de leur secteur, et mobilisé sur ce thème depuis la sortie du rapport Attali le 23 janvier.

Le ministre de l’Economie, Christine Lagarde, a assuré que l’objectif n’était "pas de déréglementer" la profession, mais "de mieux réglementer", une formule qui reprise dans le communiqué de Matignon.

Le porte-parole du gouvernement, Laurent Wauquiez, a affirmé qu’il était "hors de question de faire subir une réforme" aux taxis, qui sont "légitimement inquiets".

Les manifestations de taxis a largement perturbé la circulation dans les grandes villes de province et à Paris, où les taxis se sont rassemblés à la Porte Maillot.

L’accès aux aéroports de Roissy-Charles de Gaulle et d’Orly a été fortement perturbé, et à midi, ils étaient inaccessibles en voiture du fait des bouchons provoqués par les manifestations, selon le Centre régional d’information et de coordination routière (Cricr-Idf).

Une porte-parole de la Fnat a estimé à 5.000 le nombre de participants à la journée d’action à Paris, et plusieurs responsables ont jugé la participation globalement supérieure à la mobilisation du 30 janvier.

La manifestation parisienne a été troublée par un incident en fin de matinée lorsque le taxi d’un gréviste a renversé un policier Porte Maillot, le blessant légèrement, selon la préfecture de police. Le conducteur a été interpellé et conduit au commissariat.

Dans le sud du pays, les accès à Marseille et à la gare TGV d’Aix-en-Provence ont été perturbés. En Languedoc-Roussillon, les taxis ont bloqué l’A9, près de la frontière franco-espagnole du Perthus. A Brest, la ville était encore paralysée en fin de journée.

Des manifestations ou rassemblements ont également eu lieu à Toulouse, Lyon, Nice, Nantes, Lille, Dunkerque, Rouen, Tours, Strasbourg.

5) AFP - Les taxis ont de nouveau manifesté mercredi 6 février dans toute la France, provoquant un blocage des accès des aéroports parisiens, perturbant la circulation, pour protester contre la "déréglementation" de leur profession prônée selon eux par la commission Attali.

Alors que leurs représentants devaient être reçus à Matignon en fin d’après-midi, le gouvernement a tenté d’apaiser les esprits.

Son porte-parole, Laurent Wauquiez, a affirmé qu’il était "hors de question de faire subir une réforme" aux taxis, qui sont "légitimement inquiets". Il "ne s’agit pas de déréglementer" mais "de mieux réglementer", et cela se ferait "en concertation avec tous les acteurs concernés", a renchéri la ministre de l’Economie, Christine Lagarde.

Les manifestations ont provoqué de nombreux problèmes de circulation dans les grandes villes de province et à Paris, où les taxis se sont installés à la Porte Maillot.

L’accès aux aéroports de Roissy-Charles de Gaulle et d’Orly a été fortement perturbé. A midi, ils étaient inaccessibles en voiture du fait des bouchons provoqués par les manifestations, a indiqué le Centre régional d’information et de coordination routière (Cricr-Idf). Selon Aéroports de Paris, les accès aux aéroports étaient "fluides" à partir de 12H30.

Une porte-parole de la Fédération nationale des artisans du taxi (Fnat) a estimé à 5.000 le nombre de participants à la journée d’action à Paris, et plusieurs responsables ont jugé la participation supérieure à celle de la journée d’action du 30 janvier.

La commission Attali a notamment recommandé dans son rapport d’"augmenter le nombre de taxis" et préconisé d’attribuer des licences gratuites aux demandeurs inscrits à la fin 2007, alors que le nombre de licences est actuellement encadré. Une perspective qui est rejetée par la Fnat.

Mercredi, le président de la Fnat Alain Estival a rencontré le secrétaire général de l’UMP Patrick Devedjian. "Il nous a confirmé la position de l’UMP contre la déréglementation", a déclaré M. Estival à l’AFP. "Si la représentation parlementaire a pris position, Attali, c’est déjà du passé", a-t-il estimé.

On attend "qu’on nous dise qu’on enterre purement et simplement les dispositions du projet Attali", a déclaré à l’AFP Jean Gammicchia, président du syndicat des taxis marseillais.

La manifestation parisienne a été troublée par un incident en fin de matinée lorsque le taxi d’un gréviste a renversé un policier Porte Maillot, le blessant légèrement, a-t-on appris auprès de la préfecture de police. Le conducteur a été interpellé et conduit au commissariat.

Dans le sud du pays, les accès à Marseille et à la gare TGV d’Aix-en-Provence ont été difficiles. Des opérations escargot ont été organisés à proximité de Nice.

En Languedoc-Roussillon, quelque 300 taxis ont bloqué l’A9, près de la frontière franco-espagnole du Perthus. A Toulouse, la circulation a été perturbée dans la matinée.

Des manifestations ont également eu lieu à Lyon, Brest, Nantes, Lille, Rouen, Tours et Strasbourg.

La CCPME a réitéré son appui aux artisans taxis dont elle déclare "comprendre les préoccupations", estimant que le rapport Attali "prône une déréglementation brutale de secteurs d’activité entiers".

4) Taxis : mouvement de protestation reconduit, nouvelles actions le 6 février

AFP

La Fédération nationale des artisans du taxi (Fnat) a annoncé jeudi la reconduction du mouvement de protestation des taxis contre le rapport Attali et l’organisation de "nouvelles actions" mercredi prochain.

Le gouvernement "a ignoré les préoccupations des chauffeurs de taxi", a estimé la Fnat dans un communiqué. La Fédération conduisait une délégation syndicale reçue mercredi soir au ministère des Finances, à l’issue d’une journée d’arrêts de travail et de manifestations à Paris et dans de nombreuses villes.

"Le gouvernement nous méprise. Il nous impose de reconduire nos manifestations sous une forme plus dure", a déclaré la Fnat. Les chauffeurs de taxi "refusent la destruction de leur profession et la dépréciation de leurs services au public", a ajouté le communiqué.

La Fnat a réaffirmé que les taxis demandaient "l’abandon de la libéralisation que préconise le rapport Attali", "l’actualisation de leurs tarifs", "la compensation de la détaxe" sur le gazole et "l’exonération de l’éco-pastille".

Plusieurs milliers de taxis ont manifesté mercredi à Paris et en province pour protester contre "la déréglementation de leur profession", préconisée selon eux dans le rapport Attali sur la croissance. Ce rapport propose notamment d’augmenter le nombre de taxis en attribuant des licences gratuites aux demandeurs.

Les organisations professionnelles des taxis ont été reçues mercredi soir à Bercy par des représentants des ministres de l’Intérieur, de l’Economie et du Budget.

Ceux-ci "ont rappelé qu’un séminaire gouvernemental doit se tenir début février pour décider et coordonner les suites à donner" au rapport Attali, selon un communiqué commun.

Les ministres se sont déclarés "confiants quant au bon aboutissement (des) échanges" avec la profession des taxis "et, à l’échéance de quelques semaines, de la mission de M. (Pierre) Chassigneux".

Le préfet Pierre Chassigneux a été chargé par Matignon d’un rapport sur le secteur des taxis.

Le communiqué annonçait en outre l’engagement d’une "concertation dans les prochains jours pour finaliser l’arrêté tarifaire 2008", prenant en compte la hausse des coûts d’exploitation des taxis.

3) Mouvement national des taxis ce 30 janvier 2007

AFP

Plusieurs villes dont Paris, Lyon, Marseille ou Strasbourg, connaissaient mercredi 30 janvier des bouchons, du fait de blocages ou d’opérations escargot de taxis qui manifestent contre "la déréglementation de leur profession" préconisée, selon eux, par le rapport Attali.

Vers 10h45, plusieurs centaines de taxis étaient rassemblés dans la capitale, place de la République : "plusieurs milliers de participants" selon les organisateurs, de 700 à 1.000 voitures selon la police.

Les voitures occupaient entièrement la place, arborant des slogans tels que "Touche pas à mon taxi", "non à la déréglementation". Tous les accès de la place étaient bloqués par les forces de l’ordre.

Le président de la Fédération nationale des artisans du taxi (Fnat), Alain Estival, a qualifié de "catastrophe pour la profession" les propositions de la commission Attali.

"Ce serait une grave injustice. La régulation est une nécessité économique", a de son côté déclaré le secrétaire de la fédération CGT des taxis, Karim Asnoun.

A Lyon, 1.300 taxis, selon la police, devaient défiler dans la ville et le centre de 9H30 à 14H00, séparés en deux cortèges. Une délégation de trois syndicats devait être reçue à la préfecture à 15h00. Des taxis d’Isère, de Haute-Savoie et de Savoie aont rejoint la manifestation lyonnaise.

A Grenoble, plus d’une centaine de taxis a défilé dans la ville, avant de prendre l’autoroute pour Lyon, a constaté l’AFP. Dans les Hautes-Alpes (où 220 licences de taxis sont référencées), une mini-opération escargot comprenant une quinzaine de taxis, selon un organisateur, a été organisée à Gap.

A Marseille, plus tôt dans la matinée, plusieurs kilomètres de bouchons s’étaients formés aux entrées de la ville à cause de barrages de taxis, selon le Centre d’information sur la circulation routière (CRICR).

A Montpellier, 500 taxis perturbaient aussi la circulation.

Autour de l’aéroport de Nice, environ 200 à 300 chauffeurs de taxis selon l’AFP avaient manifesté à pied, entraînant des perturbations de circulation. Autour de Toulouse et Montauban, un total de 45 km de bouchons a été enregistré tôt dans la matinée, en raison d’opérations escargot.

Dans le quartier du Grand Rond à Toulouse, des taxis ont bloqué la circulation et distribué des tracts avec sur leurs vitres des affiches disant "taxis en colère, nous avons été grugés par Mr Sarkozy".

Dans le nord du pays et depuis 9H00, selon le CRICR, des opérations escargot se déroulaient sur les autoroutes A1, A25 et A23 en direction de Lille, occasionnant des bouchons et des ralentissements.

Outre les taxis lillois, une quarantaine de taxis venus de Dunkerque et une dizaine de Valenciennes ont rejoint le mouvement.

A Calais, une cinquantaine de taxis venus de toute la région bloquaient les accès à la gare centrale.

En Bretagne, 120 taxis ont bloqué les entrées de Brest. A Nantes, 170 taxis voulaient mettre en place des barrages filtrants.

A Strasbourg, une délégation de chauffeurs a été reçue par la maire Fabienne Keller (UMP) qui les a assurés de son soutien.

Le rapport de la commission Attali, dont un volet traite des professions réglementées, préconise une série de mesures pour "augmenter le nombre de taxis", dont l’attribution gratuite étalée sur deux ans de licences aux demandeurs inscrits à la fin 2007.

2) Les taxis ne sont pas contents

Libération

En cause, le rapport Attali, qui propose une déréglementation de certaines professions, dont la leur. « Le taxi parisien, c’est le bouc émissaire », a lancé le président de la FNAT, Alain Estival en rejetant les conclusions de la commission Attali.

En réponse à ce projet, le 30 janvier, les artisans taxi organiseront des arrêts de travail à Paris et des manifestations dans la capitale et en province, a dit M. Estival. Le mouvement sera « reconductible », a-t-il menacé.

Obsolète

Une colère augmentée par les mots choisis par le chef de l’Etat pour accueillir cette mesure. Il a en effet jugé nécessaire de réformer certaines professions réglementées, estimant qu’il existe des « réglementations parfaitement obsolètes », comme celle des taxis. Avant d’ajouter : « Paris est quand même la seule ville au monde où on a du mal à trouver un taxi ».

D’accord sur le principe avec les conclusions du rapport, Nicolas Sarkozy a tout de même admis que « ce chantier est difficile, car il touche à des situations individuelles et à des intérêts légitimes qui ne peuvent être ignorés pour des raisons d’équité. Il sera ouvert, en prenant le temps de la concertation »

1) Mouvement social des taxis le 27 septembre 2007

Respublica

Peut-être ne l’avez-vous pas remarqué - ceci dit tout a été fait pour ça ... - mais un mouvement social gagnant a eu lieu la semaine dernière. Jeudi 27 septembre 2007, les taxis de toute la France se sont mobilisés pour exiger le maintien de la détaxe de la TIPP.

Le pourquoi de l’histoire commence à Bruxelles, où la commission européenne travaille sans relache à la construction des « Etats Unis de l’Europe néolibérale ». L’Angleterre ayant depuis longtemps figure d’exemple, il convenait de plier la totalité de l’Europe à la mode anglo-saxonne. Ainsi, le laquais de service, José-Emmanuel Barroso, avait concocté une directive européenne obligeant les états de l’union à déréglementer l’accès à la profession de taxi. Dans un soucis méticuleux de suivisme idéologique, le gouvernement français avait prévu de l’appliquer au 1er janvier prochain. Mais des questions de politiques de fond (les mauvaises langues disent « pour des questions électoralistes » ... ) le gouvernement avait promis aux taxis une compensation financière, car cette mesure aurait entraîné par taxi une diminution des revenus de près de 2000 euros par an. Làs, les caisses de l’état ont eu des priorités autres (bouclier fiscal oblige ! ) et la réforme, dont le président Sarkozy s’est fait lui-même le porte-voix, a été annoncée sans compensation financière. Selon notre « Omniprésident », il s’agissait d’en finir avec les « rentes de situation » et ouvrir la profession (comprendre « déréglementer »). Pour les taxis, en particulier pour les salariés, cette « rupture » aboutissait à coup sûr à une prolétarisation et à une concurrence libérale sauvage, à l’exemple de certaines mégapoles étrangères. Exercer la profession de taxi demande l’achat d’une autorisation, souvent fort chère, entraînant l’endettement. La déréglementation voulue aurait, ni plus ni moins, que la mise en concurrence des taxi endettés avec de nouveaux investisseurs dans la profession, ceux là n’ayant pas à se pourvoir de cette autorisation. Inutile d’être prophète pour imaginer ce qui serait arrivé...

Face à cette attaque en règle de sa profession et dans un climat médiatique hostile (silence désinformateur des média ! ), l’intersyndicale des taxi a décidé de riposter. Sans se poser de problème métaphysique, et sans demander la permission aux directions confédérales, souvent soucieuse de tempérer, une mobilisation massive a été décidée et orchestrée dans les plus brefs délais. Ainsi, jeudi dernier, le 27 septembre, toutes les grandes villes ont connu des embouteillages, conséquence gênante et logique des manifestations des chauffeurs de taxis. A Paris, ce sont plus de 6 000 manifestants qui ont quasiment bloqué la capitale. Quant aux aéroports d’Orly et de Roissy, ils ont été fortement perturbés suite à des opérations escargots. Devant ce mouvement massif, rapide et déterminé, le gouvernement a été contraint à une réaction immédiate et médiatiquement silencieuse. Le soir même, une réunion a été organisée place Beauvau, avec les politiques et hauts fonctionnaires en charge du dossier. A la sortie du ministère, après à peine une petite heure de négociation, le responsable CGT prend la parole au nom de l’intersyndicale et fait part à la presse de sa satisfaction. Il considère que le pouvoir a reculé sur les points essentiels, en particulier sur la fin au 1er janvier de la détaxation de la TIPP. Fin de la séquence et bilan des courses : une reculade dans le désordre d’un gouvernement totalement pris à contre-pied et effrayé par une réaction déterminée de salariés et artisans décidés.

Il s’agit bien d’une défaite du pouvoir, certes partielle, mais elle met en évidence l’impasse dans laquelle le gouvernement pro-anglosaxon s’est engagé : l’acceptation d’un choix de société n’est pas qu’une affaire d’occupation de l’antenne médiatique, mais de faits concrets et de réalités permanentes auxquels les citoyens sont quotidiennement confrontés. Comme pour le TCE en 2005, c’est dans la réalité que nous avons notre force de rébellion et de progrès contre un mouvement qui attaque nos valeurs. Arête dans la gorge du néolibéralisme, la mentalité française s’ancre dans les révolutions, les contestations, les combats « seul contre tous ». Les recettes employées ailleurs par les néolibéraux pourraient avoir du mal à nous passer sur le corps ...

Le recul du gouvernement, aussi rapide que précipité, s’est déroulé dans un contexte de crise sociale de plus en plus affirmé. Il ne fallait donc surtout pas que cet événement fasse la couverture des quotidiens et le premier sujet des journaux télévisés, donnant ainsi davantage de grain à moudre à l’organisation sociale. Aussitôt dit, aussitôt fait ! Bien sûr, la manif-taxi donna lieu à quelques images sur les chaînes hertziennes... mais pas plus. Pas de sujet. Pas d’interview. Pas de débat sur plateau. Côté presse écrite nationale : même topo. Les quotidiens se sont contentés d’une petite brève, et seule la presse quotidienne régionale (moins proche du pouvoir de la capitale) a relayé l’info à sa juste dimension. Notons d’ailleurs que pour la journée du 27 septembre, aucun sujet éditorial français d’importance ne pouvait reléguer les taxis aux oubliettes de l’information. Bref, ce fut le service minimum... minimorum !

Coté média, combien de temps les journalistes soucieux de vérité tiendront sous la chape de plomb ? Mystère.

Pierre Bourdieu avait déjà porté au grand jour le conglomérat des journalistes « bon ton », tenant toujours le haut du pavé, décidant de l’orientation des journaux, jugeant à eux seuls de ce qui relève, ou non, de l’information digne de passer à l’antenne (comprendre : « d’être révélée au public »). Mais si la droitisation des directions des média est une chose, force est de constater par ailleurs que jamais les leaders de la gauche française n’ont utilisé le travail d’un des sociologues les plus renommés au monde - et français de surcroît ! - pour un quelconque projet de réforme en profondeur des mass-média, visant à protéger les citoyens, la République et les professionnels de l’information. Pierre Bourdieu : une carence grave dans les piliers de l’idéologie de l’actuelle gauche ; à lui seul, il est un stigmate de réflexes surannées avec lesquels nous devons rompre. La nouvelle gauche doit se doter de penseurs nouveaux pour armer son projet, ses militants, et les citoyens. Pierre Bourdieu appelait à l’union, travaillons-y.

Coté social, le mouvement des taxis apporte la preuve irréfutable qu’un mouvement peut être victorieux à partir du moment où il ose entrer en lutte ! Ce mouvement prouve aussi que le pouvoir pro-anglosaxon connaît ses forces... et ses faiblesse. Les rencontres quasi-hebdomadaires de Sarkozy avec les leaders syndicaux des confédérations trouve ici un indice révélateur : le pouvoir a peur du mouvement social et de la réaction des individus conscients de leur citoyenneté. Le black-out médiatique sur l’événement des taxi n’est qu’une démonstration de plus de la tentative de contrôle que le gouvernement tente d’imposer sur les opinions via des journalistes complaisants. Devant l’opinion des citoyens, Sarkozy doit désormais maintenir le plus longtemps possible l’inhibition dont font encore preuve les forces sociales, les militants, et surtout le citoyen anonyme, rivé à son poste de télé tous les soirs, à 20h. Quelque soit l’époque, les logiques de pouvoir restent les mêmes et la notre ne fait pas exception : la conversion de la France et des français à la mentalité anglo-saxonne repose sur la nécessité impérieuse de renforcer le verrouillage médiatique pour rendre inoffensif, placides et sans réactions, les salariés du public comme du privé. La force de Sarkozy, c’est la peur intériorisée des directions syndicales, des militants, de chaque individu subissant la rudesse de son quotidien sous les inclinaisons fatalistes des mass-média.

Le devoir à gauche ?! Mobiliser et mobiliser encore pour donner confiance et briser cette impression factice de force dont le pouvoir bénéficie grâce à un pressing médiatique de tous les instants. Les taxis l’ont déjà compris : le géant Sarkozy a des pieds d’argile. La belle mobilisation de samedi dernier contre les franchises médicales, salle Japy, organisée par nos amis de UFAL en est un autre exemple encourageant...


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