Le Medef solidaire de DGS ? on en est à 20 millions d’euros liquide sans comptabilité, et il n’est toujours pas mis en examen ni en préventive !

mardi 16 octobre 2007.
 

En pleines discussions avec les syndicats de salariés sur la réforme du marché du travail, le Medef risque de traverser une période de turbulences en raison de l’enquête judiciaire sur son négociateur Denis Gautier-Sauvagnac.

De nouvelles découvertes de la brigade financière à la banque de Marseille Martin-Maurel ont porté à 17 millions d’euros le décompte des espèces retirés par ce haut dirigeant de l’organisation patronale entre 2000 et 2007 sur plusieurs comptes de l’organisation qu’il préside, l’Union des industries et des métiers de la métallurgie (UIMM).

D’autres comptes sont actuellement examinés et le total des retraits pourrait excéder les 20 millions d’euros, estime-t-on de source proche de l’enquête.

Vendredi, les policiers avaient aussi saisi environ deux millions d’euros dans un coffre loué dans une agence de la BNP par l’UIMM, sans qu’on sache avec précision si cette somme s’ajoutait dans le décompte ou s’il fallait l’y inclure.

Le conseil exécutif du Medef doit se réunir lundi et la présidente de l’organisation, Laurence Parisot, pourrait être confrontée à des pressions des représentants de diverses fédérations pour qu’elle mette à l’écart Denis Gautier-Sauvagnac.

La presse du week-end faisait état de voix de plus en plus nombreuses pour réclamer son départ. Dans l’attente d’une première issue de l’enquête, Laurence Parisot, notoirement peu proche de Denis Gautier-Sauvagnac, lui a pourtant maintenu sa confiance et l’a confirmé dans ses fonctions.

Dans la nuit de vendredi à samedi, le bureau de l’UIMM avait aussi décidé de maintenir Denis Gautier-Sauvagnac à sa tête et il a demandé au Medef de la confirmer dans ses fonctions.

Denis Gautier-Sauvagnac représentait vendredi encore, publiquement, le patronat dans une négociation cruciale avec les syndicats de salariés sur la modernisation du marché du travail.

DIFFÉRENTES PISTES

Il refuse de se prononcer publiquement sur l’affaire. Pour justifier les retraits d’espèces, qu’il ne nie pas avoir fait, il a parlé initialement, dans la première phase administrative de l’enquête du financement des "oeuvres sociales" de l’UIMM, évoquant l’aide aux salariés et retraités nécessiteux.

Il a dit ensuite à la police avoir utilisé l’argent pour "fluidifier les relations sociales", sans autres précisions.

Le parquet de Paris a ouvert le 26 septembre l’enquête préliminaire de police pour "abus de confiance" à la suite d’une dénonciation de "Tracfin", la cellule anti-blanchiment du ministère de l’Economie.

Le procureur devrait décider de confier une information judiciaire à un juge d’instruction, indépendant par son statut, après la remise d’un rapport précis par les policiers.

Pour l’heure, le procureur Jean-Claude Marin et les policiers semblent vouloir poursuivre l’examen préalable des comptes et faire interroger les protagonistes subalternes de l’affaire, avant d’interroger en détail le responsable patronal.

La destination des fonds retirés reste mystérieuse. L’enquête a montré que le dirigeant du Medef faisait retirer lui-même les espèces en envoyant dans les banques une collaboratrice de confiance.

La piste du financement syndical est démentie par les principaux syndicats de salariés et aucun élément ne l’a confirmée à ce jour, même si les spécialistes soulignent l’opacité des sources de revenus de ces organisations.

La piste de l’enrichissement personnel, jugée a priori peu probable pour une personnalité aux revenus très confortables, a été suivie par les policiers.

Ils ont perquisitionné plusieurs résidences de Denis Gautier-Sauvagnac et se sont intéressés à un prêt de 300.000 qu’il a contracté personnellement auprès de l’UIMM, ainsi qu’à l’achat d’un logement à Paris.

Restent la piste du financement politique occulte ou de la corruption. Les magistrats habitués de ces dossiers font remarquer que si les principaux protagonistes ne parlent pas, il n’est pas simple de retracer les circuits de sommes en espèces, sauf dans le cas - déjà rencontré dans ce type de scandales - où aurait été tenue une comptabilité occulte.


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