Les forêts d’Asie du Sud-Est et leurs orangs-outans en fragile sursis (par Les Amis de la Terre)

mardi 16 octobre 2007.
 

Les Amis de la Terre ont lancé la campagne ’’Orang-outan en voie d’extinction, quand les forêts disparaissent’’, parrainée par Emmanuelle Grundmann, primatologue et auteur de ’’Ces forêts qu’on assassine’’.

Cette campagne vise à alerter le grand public sur les causes et les impacts de la déforestation massive en Asie du Sud-Est, et met en avant les bonnes pratiques à adopter.

L’Indonésie et la Malaisie ont des taux de déforestation parmi les plus élevés dans le monde : chaque année 1,5 million d’hectares de forêts primaires disparaissent en Indonésie selon la FAO.

En 1950, les forêts d’Indonésie couvraient environ 160 millions d’hectares alors qu’aujourd’hui elles ne couvrent plus qu’environ 48 millions d’hectares soit une diminution de près de 70%. À Sumatra et à Bornéo, les forêts sont détruites si rapidement qu’elles auront disparu à 98% en 2022 si des actions urgentes de préservation ne sont pas entreprises. Il y a cinq ans, le Programme des Nations Unis pour l’Environnement (PNUE) estimaient que ce seuil fatidique ne serait atteint qu’en 2032 (source : rapport The Last Stand of the Orangutan, PNUE, 2007).

Les impacts sociaux et environnementaux de cette déforestation sont très forts.

Les forêts d’Asie du Sud-Est rendent à l’humanité de nombreux services notamment grâce à leur capacité de stockage du carbone et à leur capacité à réguler le climat. Elles constituent surtout le lieu de vie des populations locales et des peuples autochtones, qui en dépendent aussi bien pour leur alimentation, leur approvisionnement en eau potable, leur médecine ou leur spiritualité. L’archipel indomalaisien abrite des centaines de communautés indigènes qui vivent de la forêt depuis des milliers d’années. Sur 216 millions d’indonésiens, 100 millions de personnes qui dépendent des forêts sont directement menacés par la déforestation.

Cette déforestation met en danger la survie des orangs-outans mais aussi d’autres espèces menacées comme le tigre de Sumatra, le rhinocéros de Sumatra ou l’éléphant d’Asie. Il n’y aurait plus que 45.000 à 69.000 orangs-outans vivant à l’état sauvage à Bornéo et pas plus de 7.300 à Sumatra. Au rythme actuel, les orangs-outans sauvages pourraient disparaître d’ici une dizaine d’années.

L’extension de la culture de palmier à huile est considérée comme la principale menace actuelle et à venir pour les forêts d’Asie du Sud-Est : en Malaisie, le développement des plantations de palmier à huile est responsable de 87% de la déforestation entre 1985 et 2000.

En 2020, en Indonésie, la superficie des plantations de palmiers à huile pourrait avoir triplé et atteindre 16,5 millions d’hectares.

La culture du palmier à huile est une culture d’exportation : l’Europe est le premier importateur mondial d’huile de palme, un ingrédient discret que l’on retrouve dans de très nombreux produits alimentaires ou d’utilisation courante.

L’extension massive des cultures de palmier à huile pour la fabrication d’agrocarburants pourrait entraîner la destruction des dernières forêts primaires d’Asie du Sud-Est.

Le succès de l’huile de palme

Toutes les 10 secondes, une superficie de forêt équivalente à un terrain de football disparaît en Indonésie, menaçant la biodiversité et les populations locales qui en dépendent notamment pour leur alimentation. 90% des forêts mondiales sont concentrés dans 44 pays. Parmi eux, l’Indonésie, qui possède aussi près de 80% des dernières forêts tropicales primaires d’Asie du sud-Est, est celui dont le rythme de déforestation est le plus rapide au monde. De nombreuses causes sont à l’origine de cette situation, néanmoins, l’extension de la culture de palmier à huile est considérée comme la plus importante, avant même l’exploitation des forêts pour le bois et la pâte à papier.

En 2005, l’Indonésie et la Malaisie ont, à elles seules, été à l’origine de 86% de la production mondiale d’huile de palme. Entre 1985 et 2000, le développement des plantations de palmier à huile a été responsable de 87% de la déforestation en Malaisie. Parfaitement adaptée à différents usages, cette huile végétale est utilisée dans la production d’un grand nombre de produits d’usage quotidien dans des secteurs aussi divers que l’alimentaire, les cosmétiques ou les produits ménagers. La demande d’huile de palme a été multipliée par six depuis le milieu des années 80.

Les agrocarburants, une menace imminente ?

Les Amis de la Terre dénoncent également les risques liés à l’engagement de l’Union européenne d’incorporer 10% d’agrocarburants dans les carburants d’ici 2020. En effet, l’huile de palme est aussi utilisée comme diester pour la fabrication d’agrocarburant. En refusant de s’attaquer au problème fondamental de la surconsommation d’énergie dans le domaine des transports, l’Union européenne prend le risque d’ouvrir ses portes aux importations massives d’agrocarburants, notamment à base d’huile de palme. Cette nouvelle demande créée une pression terrible sur les dernières forêts d’Indonésie explique Sylvain Angerand, chargé de campagne Forêts aux Amis de la Terre.

En ne tenant compte que de la hausse de la demande mondiale en huile de palme pour un usage alimentaire, la superficie des plantations de palmier à huile en Indonésie pourrait avoir triplé et atteindre 16,5 millions d’hectares d’ici 2020 selon le Programme des Nations Unies pour l’Environnement. Que restera t’il des forêts d’Asie du Sud-Est si, à la demande alimentaire en huile de palme, s’ajoute la demande en agrocarburants ?


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