PCF : Décisions du Conseil national des 6 et 7 octobre 2007

mardi 9 octobre 2007.
 

Notre pays, la gauche et le PCF connaissent une situation extrêmement préoccupante.

La gauche a été battue à l’élection présidentielle pour la troisième fois consécutive. Pour la première fois depuis 1981, la droite se succède à elle-même et met en œuvre un programme accéléré de casse de l’ensemble des acquis de notre système social. Et le PCF, malgré ses efforts et ses initiatives des dernières années qu’il faut évaluer, a connu un nouveau et très grave revers électoral qui pose la question de sa place.

A court terme, c’est son existence même dans la vie politique de notre pays qui est menacée. Partout dans le monde se développent, malgré d’immenses difficultés, des résistances au néolibéralisme, des recherches d’alternatives et des tentatives de redéfinir les chemins de l’émancipation au 21ème siècle.

Dans ces conditions sans précédent, le Conseil national décide de créer les conditions d’une préparation exceptionnelle du Congrès qui se tiendra à la fin de l’année 2008.

Pour cela, il convoque les 8 et 9 décembre prochain, une Assemblée extraordinaire, étape de préparation du Congrès de 2008. Les communistes veulent, avec toutes celles et tous ceux qui veulent changer, refonder l’espérance. Il est possible de transformer la société et d’améliorer la vie.

I - Ordre du jour de l’Assemblée extraordinaire, étape de préparation du Congrès de 2008.

Cette Assemblée extraordinaire, étape de préparation du Congrès de 2008 devra :

Caractériser la nouvelle période politique ouverte par l’élection de Sarkozy ;

Décider des orientations et des conditions de la riposte à organiser, sur tous les terrains et à tous les niveaux, à la politique de Sarkozy ; Identifier et formuler les principaux problèmes qui sont à l’origine de l’exceptionnelle situation de crise que connaissent la société, la gauche, le PCF, et plus généralement les idées et conceptions visant à une profonde transformation émancipatrice. Au vu des débats qui se sont engagés depuis les élections, le Conseil national soumet notamment à la discussion des communistes, dans la perspective de cette Assemblée extraordinaire, une première approche de ces questions ; Définir un mandat précis sur la façon d’organiser sur ces questions, dans le Parti et dans la société, le travail politique nous permettant d’y répondre au Congrès de fin 2008. Pour cela, le Conseil national élira une commission de travail assurant l’expression de la pluralité des opinions.

II - Débats préparatoires de l’Assemblée extraordinaire, étape de préparation du Congrès de 2008.

Il s’agit de donner aux communistes la possibilité de réfléchir entre eux et avec celles et ceux qui veulent contribuer à ce débat décisif pour le peuple, pour la gauche comme pour notre Parti. Dans chaque département, un ou plusieurs débats publics seront organisés, par les fédérations et sections, sur les questions formulées par le Conseil national d’octobre. Une dizaine d’entre eux, sur les principaux sujets, auront une dimension nationale. Des confrontations sur les principales questions et options en débat seront organisées, en lien avec la commission d’animation et d’impulsion de la préparation d’une Assemblée extraordinaire, sous toutes les formes possibles, en particulier sur le site Internet du Parti, dans CommunisteS, et - dans les conditions qu’elle estimera utiles - dans l’Humanité.

Une Assemblée générale de tous les adhérents de chaque section fera le point des débats et adoptera un projet de mandat de travail que l’Assemblée extraordinaire doit donner à la direction du Parti en vue du Congrès de 2008. Cette Assemblée générale désignera, parmi ses adhérents, ses délégués à Assemblée extraordinaire, étape de préparation du Congrès de 2008, selon le critère : 1 délégué-e par tranche de 200 adhérent-es pour chaque section. Cette Assemblée générale devrait inviter à participer à ses travaux des hommes et des femmes du mouvement social et démocratique.

Une réunion départementale avec notamment tous les délégués de section et les membres des Conseils départementaux approfondira la discussion. Le Conseil national se réunira avant les 8 et 9 décembre afin d’établir à partir de la discussion un projet de mandat soumis à l’Assemblée extraordinaire, étape de préparation du Congrès de 2008.

III - Déroulement de l’Assemblée extraordinaire, étape de préparation du Congrès de 2008.

L’Assemblée extraordinaire se tiendra en quatre séances :

Samedi après-midi : débat général des délégués à partir d’un rapport de la commission d’animation et d’impulsion.

Samedi soir : débat général « en ruche » sur les questions posées par le Conseil national d’octobre. Sur proposition des sections, les réunions départementales des délégué(e)s pourront inviter à cette séance des hommes et des femmes qui auront apporté leur contribution aux assemblées générales de section.

Dimanche matin : débat et décisions des délégués sur les différents points de l’ordre du jour de l’Assemblée extraordinaire, étape de préparation du Congrès de 2008.

Dimanche après-midi : présentation publique et échanges sur les deux points à l’ordre du jour et les décisions de l’Assemblée extraordinaire, à laquelle seront invités toutes celles et tous ceux qui sont intéressés à travailler avec les communistes sur les questions en débat. Les membres du Conseil national, les secrétaires départementaux et les parlementaires seront délégués à l’Assemblée extraordinaire. Seront invitées des délégations du MJCF, de l’ANECR et des Vétérans.

IV - Questionnements proposés

1. Notre choix de société

Face à l’évolution du monde, du système capitaliste mondialisé, des sociétés, pour l’émancipation du genre humain, quels sont le sens et la cohérence de notre projet politique ?

Cela implique de questionner la nature du capitalisme mondialisé et financiarisé, militarisé, ses conséquences sur l’organisation de la vie sociale et politique, ses contradictions profondes, les dynamiques suscitées par les nouveaux antagonismes de classe, par les développements du féminisme, la révolution technique, scientifique et informationnelle, l’urgence écologique...

Il s’agit tout autant de questionner l’évolution des comportements et des rapports sociaux, des mentalités et du mouvement des idées. Comment s’articule émancipation de la personne et de la société ? Quelle relation entre individu et collectif ?

Et par rapport à cette réalité sociale, quels sont les potentiels existants de transformation sociale émancipatrice ? Quelles sont les formes de combat à mener pour faire avancer ces idées et convaincre ? Et donc : Quel projet ? Quelles priorités ? Quelle bataille idéologique ?

Que faire pour favoriser l’unité populaire, la formation d’une nouvelle conscience critique, de classe ? Comment rassembler pour un projet de civilisation solidaire ?

L’ampleur des questions posées aujourd’hui à l’humanité appelle donc un effort sans précédent pour refonder ce projet. Ainsi au-delà de chaque question prise séparément, il s’agit ici de travailler le sens du projet d’émancipation humaine que nous appelons aujourd’hui ‘visée communiste’.

D’autres y travaillent également : des acteurs du mouvement populaire, du mouvement social et des intellectuels. Proposons leur de conjuguer nos efforts pour cet immense travail d’élaboration dans le respect de nos engagements respectifs.

2.Les obstacles à surmonter

Il s’agit ici d’identifier les difficultés politiques auxquelles nous sommes confrontés, telles qu’elles se sont révélées dans le débat politique ces dernières années, notamment dans la campagne des présidentielles.

La question du « possible » est au cœur de toutes les difficultés. Comment réhabiliter de façon crédible l’idée que la politique peut effectivement changer les choses ? Comment rendre plus visibles les contradictions pour faire avancer les transformations indispensables ? Comment agir, au niveau national, européen, mondial, pour créer de nouvelles marges de manœuvre ? Comment donc aussi donner de la crédibilité à l’idée d’une autre mondialisation ?

A partir de cette question centrale du « possible », la droite a développé des batailles d’idées sur lesquelles nous n’avons pas réussi à convaincre de choix différents concernant la conception du travail, la place et le rôle des individus, un nouveau type de développement humain, durable et solidaire, un nouveau mode de vivre ensemble dans un monde de paix. Nous devons revisiter la façon dont nous répondons à certaines contradictions : entre la nécessité des solidarités collectives et l’exigence d’affirmation de soi et de reconnaissance individuelle ; entre la satisfaction des besoins et la protection de l’environnement ; entre l’éclatement du salariat et la construction de la conscience de classe ; entre la conception de l’Etat et le rôle clé de l’intervention citoyenne ; entre la place de la nation et la nécessité de mener le combat à l’échelle de l’Europe et du monde ?

3.Notre combat politique

Malgré l’appréciation positive souvent portée sur les militant-e-s et les élu-e-s communistes, nous avons l’image d’un parti tourné vers le passé, dépassé. Comment montrer à la fois que nous continuons de porter l’idéal de justice, de progrès social et de paix qui nous est reconnu, et que nous ne nous rattachons plus à des conceptions qui ont échoué partout où elles ont été mises en œuvre ?

Ne faut-il pas aussi réfléchir à l’image que renvoient notre fonctionnement et nos pratiques politiques ? De ce point de vue, quel bilan du travail de nos directions et quels enseignements en tirons-nous ? Nos propositions sur la démocratie participative et citoyenne sont-elles en phase avec la façon dont nous travaillons dans la société ? Nos élu-es, nos dirigeant-es, sont-ils représentatifs de la société d’aujourd’hui ?

Notre affaiblissement pose la question de l’efficacité de notre combat politique, de notre organisation, de notre stratégie et de nos alliances. Sur quelles difficultés butons nous ? D’où viennent à la fois le succès de nos efforts de rassemblement en 2005 et l’échec de la tentative de la prolonger en 2007 ? Les évolutions actuelles du Parti socialiste, de la gauche, rendent-elles caduc l’espoir d’un rassemblement de toute la gauche sur un projet de réel progrès social ?

Quelle forme d’organisation est nécessaire ?

Que penser de notre forme d’organisation actuelle ? Faut-il dépasser la forme parti elle même ? Que signifie l’idée de la dépasser ?

Faut-il une novation du PCF pour rassembler largement et donner force à un projet de transformation sociale émancipatrice du dépassement du capitalisme ? Sur quoi doit porter cette novation et en quoi doit-elle consister ?

Devons-nous nous poser la question du nom de notre parti ?

Faut-il créer un nouveau parti ? De quelle nature, avec qui ?

Faut-il que le parti dépasse ses conceptions actuelles pour travailler à un renouveau de la visée communiste et de l’efficacité militante ? Et travailler sur cette base, en fonction de chaque échéance électorale, les meilleures alliances nous permettant d’élargir le rassemblement pour la transformation sociale jusqu’à le rendre majoritaire ?

Faut-il, avec d’autres, engager un processus de construction, à la gauche du PS, d’une force politique nouvelle d’émancipation humaine ?

Faut-il, tout en travaillant à renouveler la conception communiste, ouvrir un espace politique à gauche pour y travailler, avec d’autres, à un rassemblement politique sur un projet commun ?

Ce rassemblement, pourrait-il prendre la forme de front, aussi large que possible, à l’occasion des prochaines échéances électorales ?

Faut-il élargir, approfondir et pérenniser jusqu’à faire émerger, dans le respect de l’identité et des apports de chacun, un front durable, une fédération de forces politiques, un nouveau parti ?

Conseil national du Parti communiste français

Paris, le 7 octobre 2007."


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