Une politique socialiste d’accueil des étrangers (Texte Trait d’Union)

samedi 27 mai 2006.
 

Le 29 mai dernier, les Français ont exprimé leur rejet d’une mondialisation libérale qui augmente le nombre des chômeurs dans les pays riches et aggrave la situation des pays pauvres. La question des migrations humaines s’inscrit pleinement dans notre rapport à la mondialisation.

La politique française de l’immigration, appelée gestion des flux migratoires, est caractérisée par des ambiguïtés et des paradoxes, qui trahissent une certaine forme de lâcheté. Elle se distingue par une méfiance avérée à l’égard d’une immigration de travail qu’elle n’arrive pas à maîtriser - à cause d’intérêts contradictoires -, et de l’absence de clarté et de concertation avec toutes les parties concernées.

Les errements des orientations économiques de la Droite, ajoutés à la surenchère démagogique de son discours électoraliste, ont fini de banaliser une véritable politique d’exclusion à l’origine de l’apparition de phénomènes de ghettoïsation et de l’augmentation du nombre de travailleurs clandestins sans-papiers. Les travailleurs immigrés, rendus responsables de tous les maux dont souffre notre société représentent curieusement un enjeu de taille qui mobilise les états-majors politiques à chaque échéance électorale.

Etre socialiste, c’est être internationaliste, et c’est donc penser la question de l’immigration non comme une gestion des flux migratoires, mais comme une politique globale d’accueil des étrangers dans le respect de leur dignité, et comme la concrétisation du choix volontariste de la coopération et du co-développement.

L’intrusion de la notion même de « quotas » dans la réflexion de quelques responsables socialistes s’avère, dès lors, en totale contradiction avec nos valeurs. Choisir dans nos « importations » de main d’œuvre, en fonction des orientations ou des injonctions du patronat et des hérauts de la politique ultra-libérale, revient à considérer l’homme comme une marchandise, profilée, négociée et expédiée à la demande.

C’est par fidélité à nos valeurs et par respect de la dignité humaine que nous refusons la politique des quotas. Et c’est aussi parce que nous prenons en compte la réalité économique mondiale que nous posons quelques préalables à ce que devrait être une politique socialiste d’accueil des étrangers.

Après avoir constaté l’échec patent des politiques de contrôle des flux migratoires, nous affirmons que l’immigration zéro est un mythe. Nous devons sortir d’une logique qui consiste à ignorer la réalité des besoins de mobilité des personnes. La question de l’immigration doit être abordée sous l’angle d’un internationalisme clairement réaffirmé et établissant la nécessité de rapports équitables dans les relations d’échanges avec les pays en développement.

L’approche strictement économique de l’immigration est non seulement indigne mais dangereuse car, en réduisant l’homme à sa seule force de travail et donc à une valeur marchande, elle heurte la conscience humaine et crée les conditions d’un désordre aux répercussions incalculables à l’échelle de la planète. Ce serait le retour de l’esclavage, sous sa forme la plus sournoise puisque le tri entre les hommes, dont le seul péché est d’être pauvres, se ferait sans violence physique mais sur la base d’un volontariat. L’immigré est non seulement volontaire pour le départ, mais il en accepte les conditions alors que l’esclave était contraint à l’exil et aux travaux pénibles sous les coups de la chicotte et au bon vouloir du négrier. Faut-il se résigner à la création de situations aussi indignes sur notre sol ?


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