2002 : De l’explosion de la Gauche Socialiste à la création de Nouveau Monde : Clarification ou manoeuvre ? ( Christian Picquet LCR)

mercredi 29 juin 2005.
 

L’apparition d’un nouveau courant de gauche au Parti socialiste ne paraît pas devoir aboutir à la clarification annoncée par Emmanuelli et Mélenchon.

Un nouveau pôle est né au sein du Parti socialiste. Baptisé Nouveau monde, il regroupe les amis d’Henri Emmanuelli et de Jean-Luc Mélenchon autour d’un discours très orienté à gauche. Dans les propos tenus devant la réunion constitutive d’Argelès-sur-Mer, les 28 et 29 septembre, les chefs de file de ce nouveau courant n’ont ainsi pas ménagé leurs critiques du "socialisme d’accompagnement" qui "prétend encadrer la mondialisation libérale", d’un François Hollande qui pratique "le mi-chèvre mi-chou", et de la dérive à droite que symbolisent Laurent Fabius et Dominique Strauss-Kahn. Et d’en appeler, dans la foulée, à participer aux manifestations du 3 octobre contre la privatisation des services publics, au nom du fait que l’on "ne peut pas être et pour la privatisation partielle d’EDF et contre, dans la manif et au chaud dans son bureau".

Au passage, la naissance de Nouveau monde aura consacré l’éclatement de la Gauche socialiste. S’opposant au choix de Mélenchon, Julien Dray, Harlem Désir et Marie-Noëlle Lienemann critiquent vertement la faible consistance sociale des propositions du nouveau regroupement. Ils dénoncent aussi une entreprise qui risque, selon eux, d’isoler les adversaires du social-libéralisme dans une opposition interne stérile, qui laisserait le champ libre à la candidature présidentielle de Fabius en 2007. Au terme d’une crise où coups bas et insultes se seront succédé, une GS "maintenue" a donc vu le jour, sa stratégie affichée consistant à recomposer à gauche la direction socialiste.

Incontestablement, les diatribes d’Argelès tranchent avec la ligne de conduite du gouvernement de Lionel Jospin. Mais ni Mélenchon, ni Emmanuelli ne se hasardent à remettre cette dernière en question sur le fond. Sans doute parce que, durant cette législature, l’un était ministre tandis que l’autre présidait aux délibérations de la commission des Finances de l’Assemblée nationale. Plus substantiellement, l’opération en cours laisse deviner un calcul qui ne répond en rien à l’urgent besoin de construire une autre gauche, après le désastre sur lequel s’acheva l’expérience de la gauche plurielle.

La perspective politique dont manque cruellement le monde du travail ne peut se faire jour au travers d’une réédition de cette pratique qui vit, si souvent, la social-démocratie française parler à gauche dans l’opposition pour gouverner à droite une fois arrivée aux affaires. En l’occurrence, ce qui fait présentement défaut à la gauche, ce n’est pas un grand parti dont le PS représenterait le noyau dur et au sein duquel une aile servirait de trait d’union entre les sociaux-libéraux et les secteurs radicalisés de la société. Or, c’est très précisément ce que Mélenchon paraît appeler de ses voeux, lorsqu’il place son projet sous les auspices de "l’héritage du mitterrandisme qui a su réunir la gauche radicale à la gauche de gouvernement". On sait déjà comment tout cela s’acheva, par une capitulation en rase campagne devant les exigences du capital...

Christian Picquet.


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