Travail des enfants : Loin des regards, les petites filles dans les mines ( par l’Organisation Internationale du Travail)

samedi 29 septembre 2007.
 

Une nouvelle étude du BIT montre que non seulement des enfants sont toujours contraints de travailler dans des mines mais aussi que la plupart sont des filles, dénonce le 13 septembre 2007 l’Organisation internationale du Travail (OIT).

« Il s’agit d’une des pires formes de travail des enfants : les jeunes filles risquent en permanence de se blesser en portant de lourdes charges de pierre ou d’être contaminées par le mercure, dangereux pour le système nerveux. Sans aucune chance d’aller à l’école, elles sont prises au piège d’une vie de misère », souligne un communiqué publié aujourd’hui à Genève. « Il s’agit d’une des pires formes de travail des enfants : les jeunes filles risquent en permanence de se blesser en portant de lourdes charges de pierre ou d’être contaminées par le mercure, dangereux pour le système nerveux. Sans aucune chance d’aller à l’école, elles sont prises au piège d’une vie de misère », souligne un communiqué publié aujourd’hui à Genève.

La nouvelle étude de l’OIT fait état de recherches menées au Ghana, au Niger, au Pérou et en Tanzanie en 2006. Les enquêteurs ont rencontré des jeunes filles parfois d’à peine 10 ans exposées à d’innombrables dangers dans les mines artisanales — chutes de pierre, poussière suffocante, accidents impliquant des outils bien trop lourds et trop grands pour elles, exposition à des vibrations constantes, au bruit et à des substances chimiques toxiques telles que le mercure.

Le rapport affirme que les filles sont aussi embauchées pour des tâches connexes comme le transport de nourriture, de fournitures, d’eau et de pierres. Elles aident aussi leur mère à préparer les repas et les boissons. Pour atteindre les consommateurs sur place dans les mines, elles doivent traverser des galeries et des terrains dangereux qui peuvent s’effondrer ou être contaminés au mercure. Au Pérou, des filles sont régulièrement employées dans les bars et les restaurants destinés à la communauté minière. On y a trouvé des filles, âgées de 10 à 12 ans, travaillant jusqu’à 12 heures par jour. Dans certains cas, travailler dans un bar peut mener à la prostitution ou aux abus sexuels imposés par des clients ou des employeurs, ajoute le rapport. L’étude de l’OIT montre que les filles qui évoluent aux alentours de la mine sont vulnérables au harcèlement et aux abus sexuels. L’exploitation sexuelle à des fins commerciales des filles et des femmes est patente dans tous les pays étudiés. Dans la zone minière de Minerani en République-Unie de Tanzanie par exemple, sur 130 filles interviewées, 85 déclarent avoir échoué dans une forme ou une autre de prostitution à proximité de l’exploitation minière.

La nouvelle étude de l’OIT remet en question les lieux communs relatifs au partage des rôles entre les filles et les garçons dans les communautés des mines artisanales. Elle démontre que les filles accomplissent souvent des tâches tout aussi dangereuses que celles entreprises par les garçons, effectuant de plus lourds horaires avec un volume de travail plus important ; elles ont également moins de chance de pouvoir être retirées du marché du travail, scolarisées et réinsérées. Selon cette étude, les filles âgées de 12 à 17 ans dans les mines artisanales en République-Unie de Tanzanie travaillent de 42 à 70 heures par semaine dans le commerce des pierres précieuses. Des garçons travaillent aussi dans ce secteur mais ils sont souvent plus âgés (au-delà de 15 ans) et travaillent moins longtemps (entre 28 et 52 heures). Même lorsque des projets relatifs au travail des enfants sont conçus, les filles sont souvent ignorées. « Une mauvaise compréhension du problème se traduit par une action insuffisante », explique Susan Gunn, experte au Programme international pour l’abolition du travail des enfants (IPEC) qui a commandité ce rapport. « Les politiques et les programmes d’action qui traitent de la question des mines artisanales ignorent le fait qu’il y a des enfants qui y travaillent, exposés à des risques comparables voire pires que les adultes ? et que nombre d’entre eux sont des filles. Par conséquent, les filles ne bénéficient pas des allocations ni de l’aide sociale que délivre le programme ».

Le rapport ne fait pas seulement la lumière sur cette question mais montre comment la coopération entre le Programme international de l’OIT pour l’élimination du travail des enfants (IPEC) et les autorités locales a commencé à traiter cette question des filles employées dans des mines artisanales et à la résoudre. Malgré la forte prévalence de tels cas, le rapport de l’OIT entrevoit la lumière au bout du tunnel. L’étude affirme ainsi que l’élimination du travail des enfants des mines artisanales est possible grâce à des politiques éclairées et à leur mise en oeuvre sur le terrain, grâce aux changements technologiques, à une aide aux mineurs adultes pour qu’ils améliorent leurs revenus en obtenant de meilleurs prix de vente de leur production, grâce à des améliorations des services de base et à la sensibilisation des parents et des propriétaires de mines aux dangers qu’encourent les enfants. Autre exemple, des moyens de production modernes ont été mis en place à Santa Filomena, au Pérou, et ont complètement éradiqué le travail des enfants. De 2000 à 2004, l’IPEC a soutenu trois initiatives en matière de prévention dans les communautés minières au Pérou, ainsi qu’un effort combiné avec les associations de mineurs pour générer des changements politiques au niveau national. Les sites de Komabangou et Mbanga au Niger sont aussi exemplaires au regard des progrès que l’on peut faire dans la lutte contre le travail des enfants dans les mines. En 2006, les autorités ont rendu illégal pour les filles de moins de 15 ans le travail dans l’extraction et la production d’or. Grâce à une étroite coopération entre l’IPEC et les autorités compétentes, des alternatives éducatives ont été apportées, et parents et employeurs ont été sensibilisés aux dangers de l’emploi d’enfants. Cette méthode est efficace puisque pas une seule fille de moins de 15 ans sur une population totale de 50 000 habitants dans chaque ville ne travaille dans des activités minières, précise le rapport.

par Organisation Internationale du Travail (OIT)


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