En 2017, Jean-Luc Mélenchon est arrivé en tête à Toulouse avec 29 % des votes. En 2019, aux Européennes, La France insoumise chute à 9 %. Où sont passés les électeurs  ?

On ne peut pas comparer les scrutins. Un mouvement comme le nôtre est calibré pour la présidentielle et les législatives. Aujourd’hui, selon les sondages, Jean-Luc Mélenchon est entre 10 et 13 %, soit le double de ses concurrents. Ce débat (qui est le mieux placé à gauche, NDLR) n’est plus d’actualité. À moins de 60 jours du scrutin, tous les ingrédients sont réunis avec deux effets qui jouent à plein. Le premier est le vote efficace  : si je veux changer les choses, je sais qu’il faut choisir le bulletin Mélenchon. Le second est la participation populaire. Plus que les autres partis, notre sort y est lié. Les sondages ont tendance à ne pas en tenir compte.

En 2019, Jean-Luc Mélenchon craignait que «  les fâchés votent facho  ». Le risque n’est-il pas le même  ?

Un camarade m’a dit qu’il avait convaincu un électeur de Zemmour en une seule phrase  : vous avez l’intention de travailler plus longtemps  ? Une fois qu’on a extrait des discours de Zemmour et Le Pen les sujets d’obsession, comme l’immigration, il ne reste plus que des programmes de droite voire macroniste. Leur but est de diviser le peuple plutôt que de l’amener à se serrer les coudes.

Pourquoi soutenez-vous les «  Convois de la liberté  »  ?

J’observe que l’essentiel des participants n’est pas contre le vaccin mais contre les mesures liberticides et pour l’augmentation du pouvoir d’achat. Il y a une erreur de diagnostic de croire que Gilets jaunes sont rentrés à la maison. Cette France qui s’est mobilisée pour une meilleure répartition des richesses n’a pas de raison d’être rentrée à la maison. C’est une autre forme de la même mobilisation. Jean-Noël Gros