Le débat de la fête de l’Humanité s’est cristallisé sur les questions autour d’une nouvelle force politique (article de Politis)

dimanche 23 septembre 2007.
 

L’avenir du PCF était au centre de débats de la fête de l’Humanité, marquée par une affluence sans commune mesure avec les scores du Parti. La question d’une force politique nouvelle cristallise les interrogations.

Le week-end dernier, il y avait foule à la fête de l’Humanité. Un public attiré certes par le soleil et les concerts, et « largement supérieur » aux 500 000 visiteurs de 2006, selon les organisateurs. Mais aussi de très nombreux militants et citoyens engagés, préoccupés et avides de débats. Cette vitalité sans commune mesure avec les résultats électoraux du PCF était d’ailleurs, pour bien des participants, autant un motif d’espoir qu’une source d’interrogations.

Espoir quand, pour répondre au premier verbe du slogan de la fête, « Riposter et reconstruire à gauche », Marie-George Buffet est parvenue à obtenir d’une gauche morcelée le « démarrage d’actions communes ». Le forum de la gauche, qui a réuni autour d’elle samedi, sur un même plateau, François Hollande (PS), Cécile Duflot (Verts) et Olivier Besancenot (LCR), avait tout d’une partie de poker menteur. Il a néanmoins permis à la numéro un communiste d’annoncer la relance du « collectif Riposte », créé par une dizaine de partis de gauche début 2006, au lancement du mouvement anti-CPE. Une première réunion pour décider de « ripostes » à la politique de Sarkozy devait se tenir mardi soir au siège du PCF. Le Premier secrétaire du PS a admis que dans les luttes à mener « on a besoin de toutes les formations de la gauche, y compris de la gauche de la gauche ». Il s’est aussi prononcé « pour des listes de rassemblement, le plus largement possible, de la gauche » aux municipales.

Interrogations sur la cote d’amour du PCF : comment un parti qui ne pèse plus que 1,93 % dans une présidentielle peut-il réunir tant de monde ? La fête n’est-elle que le cache-misère d’un parti moribond ? Ou marquera-t-elle, au-delà des flux électoraux, l’attachement du peuple de gauche, sinon au parti communiste, aux moins aux communistes, à la culture communiste ?

Persuadés que le mauvais score d’une élection entraîne désormais de nouvelles défections à l’élection suivante, les électeurs voulant de moins en moins se contenter de témoigner, responsables et militants communistes rêvent d’une solution qui permette de rompre cette spirale infernale. Si certains croient encore qu’un PCF renouant avec sa faucille et son marteau pourrait regagner en influence, la plupart sont convaincus que leur parti doit bouger. Comment ? Ce sera au congrès extraordinaire de décembre d’y répondre. Sans attendre, le débat a été lancé à La Courneuve. Il s’est cristallisé sur les questions autour d’une nouvelle force politique.

Faut-il « un autre parti » qui soit « avant tout l’œuvre des adhérents du PCF », comme le préconisent d’anciens proches de Robert Hue ? Faut-il abandonner un nom devenu un boulet ? Rassembler toutes les forces antilibérales, comme le suggèrent les communistes unitaires ?

Lors d’un débat avec Jean-Luc Mélenchon sur le stand de PRS, Patrice Cohen-Seat, membre de la direction du Parti, a admis que « l’obligation d’inventer du neuf dans l’organisation du combat politique » s’impose à toutes les forces de gauche. Et précisé que « ce neuf » devait être « fondé sur le rassemblement de courants et de sensibilités politiques qu’il serait absolument absurde et impossible de rassembler sur la base d’une dilution ».

Les façons de penser ce rassemblement sont diverses : un front, des fronts, un front stabilisé organisé de façon permanente, une fédération, un parti... Si ces questions restent à trancher, Patrice Cohen-Seat, Olivier Dartigolles, porte-parole, comme Marie-George Buffet ont souhaité qu’un « front commun » soit organisé pour les élections européennes de 2009. La reconstruction prendra forcément plus de temps que la riposte.

Dans ce débat, comment se positionneront les collectifs antilibéraux rescapés de l’aventure des candidatures ? Leur coordination se réunit le week-end prochain, à Saint-Denis, pour préparer leurs assises prévues en novembre. Une cinquantaine de délégations départementales sont attendues. Si le foisonnement des projets de rassemblement à gauche de la gauche menace de rendre inaudible celui des collectifs, tant ils sont semblables, leurs animateurs se veulent optimistes. Rendant compte d’une réunion récente avec les communistes unitaires, la délégation du secrétariat constate que « toutes les sensibilités sont au pied du mur, et qu’aucune n’a réussi à devenir une force pesant vraiment sur le cours des choses ».

Ce week-end, des ateliers sont prévus pour plancher sur le projet politique du mouvement, visant notamment à « aller au-delà des 125 propositions déjà existantes » ainsi qu’à « disputer au PS son hégémonie sur la gauche », les délégués départementaux travailleront aussi à l’élaboration d’une charte de fonctionnement des collectifs. Une résolution préalable, qui doit être approuvée par l’ensemble des délégués présents, devrait réaffirmer la pérennisation de l’existence des collectifs, leur autonomie politique et la décision de créer un collectif national d’animation qui tiendra lieu d’exécutif au rassemblement. Devraient également être abordés les enjeux des élections cantonales et municipales afin de définir une « tactique électorale » qui permette aux collectifs d’obtenir un ancrage local, sans lequel il n’est pas de crédibilité.

Clotilde Monteiro et Michel Soudais


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