Stop Précarité : quand la France découvre la pauvreté de masse (article de A Gauche)

lundi 22 mai 2006.
 

Le débat français sur la pauvreté est longtemps resté enfoui sous les statistiques de l’INSEE. Ses méthodes de calcul sousestiment en effet de manière chronique la pauvreté : ainsi les SDF, les étudiants pauvres, les résidents des foyers de retraités ou de travailleurs sont exclus du calcul de la pauvreté alors que c’est justement dans ces populations qu’elle est particulièrement élevée !

Les seuils de revenu utilisés par l’INSEE sont aussi complètement faussés par la non intégration dans le calcul d’une grande partie des revenus du patrimoine perçus par les ménages aisés. Si ces revenus du patrimoine étaient pris en compte (par exemple selon les critères de l’Union européenne), le nombre d’enfants vivant dans des familles sous le seuil de pauvreté passerait en France d’un million à deux millions.

L’INSEE s’obstine à ne considérer comme pauvres que ceux qui vivent avec moins de 50% du revenu médian, là où l’Union européenne reconnaît comme pauvres tous ceux qui disposent de moins de 60% de ce revenu.

Il fallut ainsi attendre 2005 pour que la France découvre avec effroi qu’elle compte effectivement 7 millions de pauvres. En même temps, l’INSEE a reconnu qu’avec ses propres statistiques (seuil à 50%...), 250 000 nouvelles personnes sont tombées dans la pauvreté rien qu’entre 2002 et 2004.

Dominique de Villepin a alors réuni le Comité ministériel de lutte contre les exclusions. pour conclure en bon libéral que le problème de la pauvreté serait surtout celui de l’accés à l’emploi, de l’employabilité. Or, 2 millions de ces 7 millions de pauvres sont des déjà salariés. Et d’insister, toujours en bon libéral, sur la reprise d’activité pour les plus pauvres, ce qui revient à expliquer la pauvreté par la pauvreté plutôt que la situer dans un système économique prédateur.

Par delà ces statistiques sur la grande pauvreté, notons dans les statistiques de l’INSEE elles mêmes une aggravation de la précarité. Selon les dernières données de l’Enquête sur les conditions de vie des ménages publiées par l’INSEE, près d’un tiers des ménages ne peuvent pas se payer une semaine de vacances par an. Le nombre de familles en grosses difficultés pour se chauffer a presque doublé en peu de temps. Le taux de ménages connaissant des découverts bancaires fréquents progresse lui aussi fortement passant de 6,9 % à 8%.

(article rédigé à partir de la revue A Gauche du 16 mai 2006)


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