« Jean-Luc Mélenchon a un programme pour gouverner »

mercredi 24 novembre 2021.
 

Entretien avec Clémence Guetté, responsable du programme L’Avenir en commun dans le cadre de la campagne présidentielle de Jean-Luc Mélenchon.

Jean-Luc Mélenchon publie un programme complet alors que d’autres n’ont même pas annoncé leur candidature ou seulement quelques mesures. Pourquoi cette volonté ?

Jusqu’à présent, la campagne présidentielle s’est résumée à des polémiques médiatiques, des bulles sondagières et des propos outranciers de quelques-uns, montés en épingle par les médias. Ce n’est pas notre conception d’une campagne électorale. Pour nous, elle doit permettre à chaque citoyen de choisir entre des programmes, qui découlent de visions du monde différentes. L’Avenir en commun inclut 694 mesures qui visent toutes à permettre l’harmonie des êtres humains entre eux et avec la nature. Nous voulons que chaque électeur puisse découvrir ces propositions et choisir de voter ou non pour Jean-Luc Mélenchon en fonction de son programme et non des caricatures médiatiques.

Quel est l’objectif politique de ce programme L’Avenir en commun ?

L’Avenir en commun se compose de cinq parties : vivre libres et citoyens, s’adapter au système de la nature, unir pour bien vivre, humaniser les personnes et la société et ordonner le monde. Il ne s’agit pas simplement d’une liste de mesures mais d’une vision du monde cohérente pour le futur. Le livre coûte 3 euros et est écrit de manière à ce que chacun puisse le comprendre. Tout cela s’inscrit dans l’esprit qui meut notre campagne : populariser la candidature de Jean-Luc Mélenchon auprès de classes populaires, particulièrement abstentionnistes, de manière à ce qu’elles reprennent en main leur destin et se rendent aux urnes les 10 et 24 avril 2022.

En quoi pensez-vous qu’il puisse être plus convaincant qu’en 2017 ?

7 millions de personnes ont déjà choisi le bulletin de vote l’Avenir en commun lors de l’élection présidentielle précédente, puis aux élections législatives pour une partie d’entre elles. Cela nous a permis d’investir les institutions, avec un groupe parlementaire à pied d’œuvre. Son action a permis de décliner notre programme en propositions de loi, mais aussi de travailler d’autres enjeux. Par rapport à 2017, notre programme s’est donc précisé, affiné et enrichi grâce au travail parlementaire et aux moyens qui ont été depuis lors à notre disposition.

Nous savons aujourd’hui qu’il est majoritaire dans le peuple français. Certaines de nos propositions sont approuvées par 9 Français sur 10 ! C’est le cas de l’interdiction du glyphosate ou de la mise en œuvre d’un plan de rénovation thermique des bâtiments, par exemple.

Certains journalistes ont critiqué un manque de nouveauté dans ce programme. Que leur répondez-vous ?

D’aller le lire ! Ils verront d’une part la continuité. Nous le revendiquons : le quinquennat Macron, la crise sanitaire, le mouvement des Gilets jaunes, entre autres, ont démontré la pertinence de nos analyses et de nos propositions sur de nombreux points. Ils découvriront d’autres part des nouveautés. Outre le travail parlementaire, le travail d’auditions et de forums thématiques réalisés auprès d’experts, de syndicalistes, de représentants associatifs et d’universitaires, entre autres, nous a permis des ajouts. Je pense aux mesures nouvelles pour la protection de l’enfance, ou au renforcement de nos mesures face à l’évasion fiscale, par exemple. C’est aussi le cas des propositions des mouvements sociaux dans lesquels les insoumis se sont pleinement mobilisés : Gilets jaunes, MeToo, mouvements dans les Outre-mer, Art en grève, etc. Nous y avons aussi ajouté des mesures mises en place par Emmanuel Macron sur lesquelles il nous faudra revenir, comme la réforme de l’assurance-chômage ou les lois liberticides instaurant un état d’urgence permanent.

Selon vous, les enjeux sont du même ordre malgré la crise de la Covid ou la nouvelle donne géopolitique ? Il n’y avait pas besoin de changer radicalement votre programme ?

Jean-Luc Mélenchon proposait déjà en 2017 la création d’un pôle public du médicament ou encore le recrutement de personnels dans les hôpitaux qui nous auraient permis de mieux surmonter la dernière crise sanitaire. Nous avons cependant tiré des enseignements et ajouté de nouvelles propositions qui en découlent : la reconnaissance des pandémies comme catastrophes naturelles, la réquisition des entreprises nécessaires à la production de matériel sanitaire en cas de crise ou encore l’utilisation automatique de la licence d’office pour lever les brevets sur les vaccins et traitements indispensables.

En matière géopolitique, quelle que soit la conjoncture, notre boussole ne change pas. Nous défendons une France indépendante, non-alignée, de manière à pouvoir mettre en œuvre une diplomatie altermondialiste pour la paix. Notre programme s’est affiné sur ce volet avec de nouvelles propositions pour construire une relation avec l’Afrique basée sur la souveraineté des peuples. Le rôle des Outre-mer pour développer un diplomatie écologique altermondialiste est aussi un angle nouveau de notre programme.

La première mesure reste la convocation d’une Assemblée constituante pour la 6e République. Pourquoi ?

L’urgence démocratique est plus présente encore qu’il y a 5 ans. L’abstention massive lors des élections intermédiaires en est une nouvelle illustration. Les dérives autoritaires du macronisme, du 49-3 au passe sanitaire en passant par les confinements, ont fait prendre conscience à un grand nombre de nos concitoyens de la nécessité de tourner la page de la 5e République. 63% des Français sont favorables à la convocation d’une Assemblée constituante, chargée de rédiger une nouvelle Constitution pour la France, selon un sondage Harris interactive de juillet 2021, alors qu’ils n’étaient que 53% à être favorables à la mise en place d’une 6e République 3 ans auparavant selon un sondage BVA.

Le peuple français doit pouvoir se refonder lui-même et réécrire collectivement la règle du jeu. C’est le sens de cette proposition, dont découle tout le reste.

Jean-Luc Mélenchon a annoncé que ce programme serait décliné en "plans d’action". En quoi cela va-t-il consister ?

Il s’agira de plans d’action gouvernementale opérationnels face à des grandes urgences identifiées. Nous y présenterons ce que nous ferons immédiatement quand nous arriverons au pouvoir. Il s’agit ainsi de donner à voir notre capacité à gouverner en présentant des réponses concrètes et urgentes aux problèmes de notre temps. Par exemple, 8 millions de nos concitoyens dépendent de l’aide alimentaire pour survivre. Nous présenterons donc un plan pour permettre à chacun de manger mieux et à sa faim. Un chiffrage de nos propositions sera également effectué. Nous sommes prêts à gouverner !

Propos recueillis par l’Insoumission Hebdo Cet article vous es


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message