Echos de la fête de l’Humanité 2007

mercredi 19 septembre 2007.
 

1)La gauche se retrouve à la Fête (bilan tiré par le quotidien L’Humanité)

Une affluence exceptionnelle. L’événement a été créé par le forum des dirigeants du PCF, du PS, des Verts et de la LCR. Ils décident de se rencontrer demain pour répliquer à la politique de Nicolas Sarkozy.

« Je n’ai pas voté pour cela, mais on est dans la merde ! » Jeune professeur des écoles dans le Loiret, elle participe pour la première fois à la Fête de l’Humanité. Depuis plusieurs années, elle pensait y venir... et puis il y eut le 6 mai, l’élection de Sarkozy, la gauche défaite, quatre mois de mauvais coups, l’humiliation des immigrés, l’école publique menacée... « C’était cette année ou jamais. » En cet été qui s’attarde comme pour réchauffer le moral du peuple de gauche, un mot revient dans la plupart des conversations : la riposte. Cette riposte que chacun et chacune appelle de ses voeux. La foule compacte et colorée qui progresse lentement dans les allées, la fréquentation massive aux débats, le meeting, avec Patrick Le Hyaric sur la grande scène, face à une marée humaine inondée de soleil, autant de motifs d’encouragement pour la suite de cette grande fête populaire anti-Sarkozy.

Appel à la « mobilisation générale »

L’impatience pointe. « On ne peut plus attendre », et à l’adresse des partis de gauche : « Réveillez-vous, lance cette femme venue du Puy-de-Dôme, il faut entrer en résistance contre la politique de Sarkozy. » La résistance présente partout au fronton des stands, incarnée par deux jeunes hommes : Guy Môquet, ce jeune communiste assassiné par les nazis avec les vingt-six autres otages de Châteaubriant, dont le candidat UMP à la présidentielle a instrumentalisé la mémoire, et Ernesto Che Guevara, mort en combattant il y a quarante ans. Son portrait est imprimé sur des milliers de tee-shirts.

Une fois de plus, la Fête de l’Humanité s’est imposée comme le grand rendez-vous politique de la rentrée. L’édition 2007, qui a réuni plus de cinq cent mille personnes, aura été plus que cela, puisque c’est au parc de La Courneuve que les forces de gauche ont décidé d’engager une riposte commune aux mesures mises en oeuvre par la droite. La présence, côte à côte, sur la scène de l’agora de l’Humanité, d’Olivier Besancenot (LCR), de Marie-George Buffet (PCF), de Cécile Duflot (Verts) et de François Hollande (PS), constituait un événement, que la gauche n’avait pas connu depuis bien des années. Ce forum a donc connu naturellement une affluence record. Plusieurs milliers de participants se sont massés aux abords du pavillon qui ne pouvait contenir toute une foule attentive et passionnée pendant les deux heures de débat entre les leaders de la gauche.

Le PS, la LCR et les Verts ont accepté l’invitation qui leur avait été lancée par Marie-George Buffet de se réunir, dès ce mardi, jour où Nicolas Sarkozy va détailler ses projets en matière de politique (anti) sociale, notamment sur les régimes particuliers de retraite et la protection sociale. Si Olivier Besancenot a insisté sur l’urgence d’une riposte de toute la gauche sans exclusive - « c’est déjà énorme », a-t-il affirmé -, le leader de la LCR a écarté tout accord incluant le PS, soulignant que « la principale force de la droite, c’est la faiblesse de la gauche » qui, « quand elle est au pouvoir, fait une politique de droite ». La représentante des Verts a plaidé de son côté pour un projet de gauche « revivifié » par une plus grande prise en compte des enjeux environnementaux. Se battre tous ensemble contre une droite unie avec l’extrême droite, c’est aussi l’engagement de François Hollande. Le premier secrétaire du PS a appelé aussi au rassemblement de la gauche lors des rendez-vous électoraux de 2008 et 2012. À propos des élections municipales, le dirigeant socialiste s’est engagé en faveur de la constitution de « listes de rassemblement de la gauche ». Cela signifie-t-il que la direction du PS renonce à envisager des primaires dans des villes où le sortant est communiste, ce qui favoriserait la droite ? Devant quelques journalistes qui l’interrogeaient à la sortie du forum, le premier secrétaire du PS ne s’y est cependant pas engagé.

Le débat est loin d’être clos

« Arrêtons d’opposer gauche de contestation et gauche de gouvernement. » Marie-George Buffet appelle à la « mobilisation générale ». La secrétaire nationale du PCF a insisté sur la nécessité pour la gauche de reconstruire un projet. Droit à une retraite digne à soixante ans, école de la réussite pour tous, exigence d’un référendum sur le nouveau traité européen... Marie-George Buffet appelle toute la gauche à donner des réponses précises comme autant d’alternatives aux décisions de Nicolas Sarkozy.

Coup d’envoi de la riposte, réveil d’une gauche à propos de laquelle des mots parfois durs fusent quand on interroge les visiteurs de la Fête ? « La gauche, où est la gauche ? » s’emporte une étudiante, qui avait voté Ségolène Royal au premier tour de la présidentielle. La Fête de l’Huma 2007 constitue incontestablement une étape. Jean-Luc Mélenchon, qui recevait Marie-George Buffet sur son stand dimanche matin, se félicite que le PCF ait « clarifié la situation politique ». Il préfère voir son « premier secrétaire aux côtés de Marie-George Buffet et d’Olivier Besancenot que d’assister à la danse du ventre du PS devant le Modem ».

Refonder la gauche, c’est aussi poser la question de l’existence d’une force de transformation sociale plus influente, plus active, ayant l’ambition de devenir majoritaire pour changer la gauche tout entière. Cette question, qui touche à la place du communisme du XXIe siècle, traverse la Fête, comme elle traverse les forces politiques. Anime les discussions, avec véhémence parfois, avec lucidité le plus souvent. Le débat est loin d’être clos. Mais l’heure est à la riposte, ou, comme on le chantait sous la Commune... « l’heure de la revanche » et « les mauvais jours finiront ».

Jean-Paul Piérot

2) Aujourd’hui dimanche

Sur la grande scène, le chanteur Renaud fera son retour à La Courneuve, vingt-trois ans après son dernier passage en solo.

14h30 Patrice Cohen-Seat et Jean-Luc Mélenchon débattront autour de leurs livres.

15h, stand des communistes unitaires : François Delapierre participe au débat "quel avenir pour la gauche ?" avec Clémentine Autain, Patrick Braouzec, Brigitte Dionnet, Christian Picquet, Marie-Pierre Vieu, Claire Villiers, Arlette Farge et Aurélien Trouvé

A noter dans l’Humanité des débats Europe : la constitution recyclée ? Harlem Désir, Jacky Hénin, Pierre Khalfa, Jacques Toubon, Jean-Luc Mélenchon.

3) Fête de l’Humanité : les débats du stand du Conseil National

Samedi 15 septembre

11h - 12h 30 : « Quel projet, quelle stratégie, où va la droite, quelle riposte ? » avec les participations déjà annoncées de : Stéphane Sahuc, journaliste spécialiste de la droite, Alain Obadia, chargé pour le PCF de l’animation du collectif « Riposte à la droite », Gérard Streiff, historien et écrivain, Patrice Bessac, porte-parole du PCF.

12h 30 : Rencontre avec la rédaction de CommunisteS

15h 45 - 16h 45 : « La vie associative dans la France d’après » avec les participations déjà annoncées de Edith Arnould-Brill, présidente du Conseil national de la Vie Associative, Jacques Henrard président de la CPCA (Conférence permanente des coordinations des associations), Bruno Le Roux, député PS, président de la Fédération Léo Lagrange, Gilles Garnier, membre de l’exécutif national du PCF, responsable de la Vie Associative.

17h - 18h 30 : « Le nouveau traité européen : quel contenu, quels enjeux en France, en Europe ? » avec les participations déjà annoncées de : Patrizia Sentinelli, Vice-ministre des Affaires étrangères d’Italie, Helmut Scholz, responsable national de Die Linke, Francis Wurtz, député européen, président du groupe du GUE/NGL (Gauche unitaire européenne/Gauche Vert nordique), Daniel Cirera, membre de l’exécutif national du PCF chargé des questions européennes, Jean-François Gau, membre de l’exécutif national du PCF.

Dimanche 16 septembre

11h - 12h 30 : « Le Communisme, quel projet, quelle pertinence au XXIème siècle ? ». avec les participations déjà annoncées de Michael Brie, directeur de la Fondation Rosa Luxemburg (Allemagne), P.K. Murthy, syndicaliste, militant communiste, membre du Conseil international du Forum Social (Inde), Nelson Estrada, représentant du « Mouvement au socialisme » (MAS) de Bolivie, Patrice Cohen Seat, membre de l’exécutif national du PCF.

14h 30 à 16h : « La place du monde du travail et des syndicalistes dans la construction du rassemblement et le projet politique » avec les participations déjà annoncées de : Mireille Chessa, syndicaliste (Bouches du Rhône), Michel Galin, syndicaliste enseignant, un syndicaliste allemand, Pascal Fraudin, syndicaliste secteur bancaire, Jean-François Taddei, syndicaliste audio-visuel public, Pascal Joly, syndicaliste (Ile-de-France), Béatrice Galicier, responsable PCF Nanterre-La Défense, Richard Sheehan, membre de l’exécutif national du PCF.

4) La Fête de l’Humanité, premières retrouvailles à gauche après la défaite du 6 mai AFP

La Fête de l’Humanité, ce week-end à La Courneuve, sera l’occasion de premières retrouvailles à gauche après la défaite de 6 mai, avec un débat réunissant des leaders dont François Hollande et pour ambition l’ébauche d’une riposte unitaire à Nicolas Sarkozy.

"Sarkozy, qui a l’habitude d’aller partout où se passe un événement, sait déjà qu’il n’est pas le bienvenu, il sera le personnage le plus impopulaire de la fête", ironise Olivier Dartigolles, porte-parole du PCF.

La fête traditionnelle du quotidien fondé en 1904 par Jean Jaurès, prévue du vendredi soir jusqu’au dimanche au Parc de La Courneuve (Seine-Saint-Denis), sera, selon lui, axée sur deux thèmes : "la riposte populaire à la politique de Nicolas Sarkozy" et "la rencontre des forces de gauche" après la défaite à la présidentielle.

Il s’agit de "riposter et de reconstruire à gauche", selon Patrick Le Hyaric, directeur de l’Humanité.

L’événement phare est le débat regroupant samedi après-midi le Premier secrétaire du PS, le numéro un communiste Marie-George Buffet, le leader de la LCR Olivier Besancenot et la secrétaire nationale des Verts Cécile Duflot.

Cette rencontre, ainsi que de nombreuses autres réunissant divers courants de la gauche, "seront le lieu d’échanges, de diagnostic d’évaluation pour comprendre pourquoi on en est arrivé là", souligne Olivier Dartigolles. Mais l’urgence, selon lui, "est de parvenir à parler d’une seule voix et contrer l’offensive de la droite".

Pour rendre la gauche audible, François Hollande a déjà proposé la mise en place d’un "comité de liaison", initiative saluée notamment par les communistes.

La Fête de l’Huma est l’occasion "de rentrer dans le vif du sujet sur l’avenir du Comité de liaison", souligne l’eurodéputé PS Benoît Hamon. Pour lui aussi, le premier objectif est "d’avancer sur les conditions d’une opposition résolue et commune à la politique de la droite".

Mais, parler d’une seule voix face à la droite tient de la gageure, alors que sur des sujets comme la réforme des régimes spéciaux de retraite, la cacophonie est de mise au sein même du PS.

Du côté des Verts, Cécile Duflot entend dire à ses partenaires qu’"il est nécessaire de faire évoluer la gauche et qu’un véritable projet de transformation sociale ne peut qu’être écologiste au XXIème siècle".

Alors que François Hollande avait exclu du futur comité de liaison la LCR, Olivier Besancenot viendra défendre son credo : unité de la gauche, PS compris, pour riposter à Sarkozy mais refus de toute alliance programmatique avec "les sociaux libéraux".

Mais la stratégie de Besancenot de construire un parti anticapitaliste autour de la LCR est décriée à la fois par des antilibéraux et par le PCF, en plein désarroi après son score calamiteux au premier tour de l’élection présidentielle le 22 avril.

Les trois jours seront aussi l’occasion d’aborder le débat "sans tabou" qu’a proposé Mme Buffet à son parti dans la perspective de son Congrès extraordinaire de décembre, alors que certains vont jusqu’à proposer l’abandon de la référence au communisme.

Comme tous les ans, la Fête - 15 euros pour trois jours, gratuite pour les moins de 15 ans- offre une diversité de spectacles et de concerts : Johnny Clegg, Grand Corps Malade, John Butler Trio, Olivia Ruiz, les Ogres de Barback, Razorlight, Iggy Pop. L’orchestre philharmonique de Radio France proposera dimanche son interprétation de West Side Story et Renaud clôturera les festivités après le discours politique de Patrick Le Hyaric.

5)Débat animé des partis de gauche à la Fête de l’Humanité AFP

Les responsables des quatre principaux partis de la gauche se sont retrouvés samedi après-midi sur une estrade de la Fête de l’Humanité pour annoncer une riposte commune à la politique du gouvernement sans réussir toutefois à cacher leurs profonds désaccords.

L’affiche était inédite avec côte à côte, François Hollande (PS), Marie-George Buffet (PCF), Cécile Duflot (Verts) et Olivier Besancenot (LCR). "C’est un événement", a dit Mme Buffet.

A sa demande, les chefs de parti se sont accordés sur une réunion mardi soir pour mettre en place un "comité de riposte" à la politique du gouvernement de Nicolas Sarkozy. La rencontre devrait avoir lieu au siège du PCF.

Le contenu de la discussion de mardi n’a pas été précisé, Olivier Besancenot souhaitant une prise de position commune sur les régimes spéciaux de retraite, tandis que François Hollande demandait que le débat porte plus généralement sur le pouvoir d’achat.

Cécile Duflot, repoussant le spectre d’une nouvelle victoire de la droite, a plaidé pour un projet commun "écologiste".

Olivier Besancenot a estimé qu’il ne fallait pas "esquiver ce qui nous divise", mais qu’il fallait "au-delà de ces divergences" travailler "ensemble contre la droite", avec autre chose qu’une "union de la gauche molle".

"On ne pense pas tous pareil", a noté François Hollande, mais on est "tous unis contre la droite" et "on a besoin de toutes les formations, y compris de la gauche de la gauche".

Cependant, selon lui, "au-delà de la riposte nécessaire, il faut travailler ensemble sur des propositions, un projet, une perspective, une vision". Il a refusé à cet égard de distinguer "une gauche plus pure et une autre plus réaliste".

"Arrêtons d’opposer gauche de gouvernement et autre gauche", a renchéri Mme Buffet.

M. Hollande -qui a essuyé à son arrivée quelques huées- a indiqué que sur sa proposition devrait être mis en place fin septembre un "comité de liaison" de la gauche. On y parlera "pas seulement de la riposte, de la critique, de ce que nous ne voulons pas, mais de ce que nous proposons ensemble pour offrir une alternative, une politique différente au pays", a-t-il dit.

Mais la LCR ne devrait pas y participer. "La LCR est sur une autre démarche, révolutionnaire", a souligné le premier secrétaire du PS, pour qui "on peut pas dire à un pays, vous allez changer uniquement par des mouvements de rue".

A la tribune, MMe Buffet a évoqué les municipales, à l’origine de tensions entre PCF et PS, en demandant que "toute la gauche soit réunie dès le premier tour". M. Hollande s’est borné à se dire favorable à "des listes de rassemblement de la gauche, le plus largement possible".

Devant la presse, il a précisé que lorsque les résultats électoraux "justifieront" que le PCF puisse être "chef de file", les socialistes "seront derrière lui". Mais il a indiqué qu’il pourrait y avoir "quelques primaires". "On mettra ça en négociation", a-t-il dit.

Il a semblé aussi éloigner devant la presse l’éventualité d’alliances avec le Modem, parlant de "stratégie de rassemblement de la gauche dès le premier tour", avec éventuellement "des renforts" au second tour, mais "autour d’un projet". Alors que François Bayrou, a-t-il dit, est favorable à l’idée d’un rassemblement "tantôt avec les uns, tantôt avec les autres, donc avec personne".

6) Tract LCR à la fête de l’Huma

« Pas question de se laisser faire », c’est le sentiment que nous sommes nombreux à partager. Oui, il faut faire entendre sa voix, faire respecter ses droits, surmonter le désarroi que la victoire de la droite et les attaques en rafale qui ont suivi ont entraîné. A l’université d’été du Medef, Sarkozy, ovationné, a lancé « la deuxième phase des réformes », la deuxième phase de ses attaques contre les salariés, centrée sur la remise en cause du contrat à durée indéterminée. Fillon, trop content de sortir de l’oubli, vient d’annoncer que la réforme des services spéciaux des retraites était « prête », qu’il n’attendait plus que le « signal » de Sarkozy pour engager « les discussions avec les partenaires sociaux », pour discuter de ce qu’il avait déjà décidé ! Ces attaques contre les régimes spéciaux annoncent d’autres attaques contre les retraites, visant à passer le nombre d’annuités à 41, voire 42, ou à faire passer l’âge de départ à 61 ou 62 ans : travailler plus et plus longtemps, pour permettre au patronat de diminuer encore le coût du travail. Dans le même temps, Sarkozy annonce sa volonté de partir à la chasse aux chômeurs fraudeurs. Fadela Amara lui emboîte le pas en lançant, sans rire, son plan « anti-glandouille » dans les quartiers et les banlieues. Et la chasse aux enfants de travailleurs sans papiers continuent. A tout cela s’ajoutent la hausse des prix et la baisse du pouvoir d’achat, les franchises médicales, la remise en cause du droit de grève, l’autonomie des universités, la privatisation de GDF... Devant une telle offensive tous azimuts, bon nombre de travailleurs, de militants ont le sentiment d’être dépassés, submergés ou impuissants ; certains, même, sont bluffés par la démagogie populiste de Sarkozy, bousculant les routines pour subjuguer l’opinion. Son entreprise lui serait bien plus difficile sans l’aide des transfuges du PS, membres de son gouvernement, ou des membres du PS, comme Lang ou Attali, qui participent à des commissions. Les uns et les autres accréditent l’idée qu’il n’y aurait pas d’autre politique possible que celle de la droite. Mais ce sont aussi les propos mêmes des dirigeants du Parti socialiste, Hollande, Valls, Montebourg... qui prêtent main-forte à Sarkozy contre les salariés. Loin de tirer les leçons de la défaite de Royal, ils accentuent leur alignement sur la politique de la droite.

A GAUCHE, UNE CONTRADICTION INSURMONTABLE

Cette évolution du Parti socialiste faisant de l’éco- nomie de marché son credo, s’adaptant aux contraintes de la mondialisation financière, vient de loin et renvoie Refonder la gauche avec le PS ou construire ensemble une véritable opposition populaire à Sarkozy ? aux 25 dernières années d’alternance et de cohabitation. Elle place les militants, les sympathisants, la direction même du Parti communiste dans une contradiction si aiguë, aujourd’hui, que des choix s’imposent. Chacun est confronté à un moment historique, à des choix qui renvoient à des bilans, des débats de fond. Quel avenir pour la gauche, quelle actualité des idées du socialisme ou du communisme ? Faut-il refonder la gauche ou créer un nouveau parti ?

Quand Marie-George Buffet dit : « Entamons tout de suite la reconstruction de la gauche ! Osons le débat sans tabou, sans à priori sur la visée communiste en ce ème siècle », elle formule, elle-même, la contradiction dans laquelle elle est prisonnière. Refonder la gauche, c’est l’alliance avec le PS pour une nouvelle union électorale. C’est le sens de la proposition qu’a faite François Hollande de mise en place d’un comité de liaison des forces de gauche en vue des municipales. La LCR, quant à elle, avait proposé de créer des collectifs et un front de résistance et de mobilisation contre la politique de Sarkozy, ouvert à toute la gauche politique et syndicale sans exclusive.

OUI A L’UNITE D’ACTION NON A UNE NOUVELLE VERSION DE LA GAUCHE PLURIELLE POUR GERER LE CAPITALISME

Il n’est pas possible de dénoncer le capitalisme libéral, impérialiste, de le combattre, de donner son actualité à « la visée communiste » en faisant alliance avec ceux qui limitent leur horizon à l’économie de marché et à la mondialisation financière. C’est soi-même enlever toute crédibilité à son propre combat, à ses propres idées. Une page est tournée, il faut faire du neuf. Certains dirigeants du Parti communiste vont si loin dans leur dépendance au PS qu’ils envisagent la dissolution de leur propre parti au profit d’une nouvelle formation de gauche. Oui, il faut discuter sans tabou, prendre des initiatives, faire du neuf, mais le fond du débat, c’est quel programme, quelle politique ? Nombreux sont ceux qui pensent que les propositions de Besancenot ne sortent pas d’une attitude protestataire qui conduit à l’isolement et n’offre ni débouché, ni issue. Pour eux, il ne pourrait y avoir d’issue que dans le cadre électoral et parlementaire. Les échecs des 25 dernières années, les reculs accumulés ne sont-ils pas, au contraire, la démonstration de l’impasse d’une politique fondée sur la recherche d’alliances électorales pour participer au gouvernement dans le cadre des institutions ? Le Parti communiste et ses militants n’ont-ils pas, eux-mêmes, payé lourdement les conséquences dramatiques d’une telle politique ? Nous pensons qu’il y a urgence à tirer les leçons de ces échecs. Faire dépendre les possibilités de changement d’un accord avec le PS, c’est renoncer par avance à changer les choses. Sarkozy défend les intérêts des gros actionnaires, des possédants et des riches. Contre lui, il faut une véritable opposition, fidèle aux intérêts des travailleurs et des classes populaires, qui ne craigne pas de contester le droit des patrons et des financiers à diriger la société, leur dictature, pour défendre le droit démocratique de la population à contrôler la marche de l’économie et de l’Etat.

C’est pourquoi, nous appelons à la construction d’un nouveau parti, qui fonde sa politique et ses espoirs sur les mobilisations et les luttes, sans laisser croire qu’il serait possible de changer le système de l’intérieur. C’est toujours par la lutte qu’ont été obtenus les principaux acquis : 1936-1945-1968-1995-2006. Aller au gouvernement suppose un engagement à rompre avec le capitalisme et ses institutions, une mobilisation générale du monde du travail Nous voulons construire, ensemble, un parti anticapitaliste, parce que tout démontre qu’il n’est pas possible de changer la vie sans s’attaquer à la dictature des gros actionnaires, du patronat, sans rompre avec le système et ses institutions. La crise financière qui, aujourd’hui, menace l’éco- nomie mondiale de récession, la catastrophe écologique en cours soulignent l’actualité du programme socialiste et communiste. Mais ce programme, ce n’est pas celui de l’alliance avec le social-libéralisme, mais bien celui du changement révolutionnaire de la société.

Ensemble, dès aujourd’hui, nous pouvons, nous devons agir, pour inverser le rapport de force en nous mobilisant, au coude à coude, contre les franchises médicales, pour la défense des régimes spéciaux et des retraites, pour la défense du droit de grève, pour les salaires... Nous souhaitons aller plus loin, car cela est nécessaire. Nous souhaitons contribuer à regrouper, par-delà les divergences et les désaccords passés (communistes, libertaires, écologistes, inorganisés), dans un même parti tous ceux qui, aujourd’hui, veulent préparer un mouvement d’ensemble contre Sarkozy pour, demain, oeuvrer à construire une autre société, débarrassée de l’exploitation et des oppressions.


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