Pandora Papers | Le roi de Jordanie, Vladimir Poutine et - encore - Mohsen Marzouk dans les paradis fiscaux

lundi 11 octobre 2021.
 

Après SwissLeaks, les Panama Papers, FinCEN files, découvrez “Pandora Papers”, la nouvelle enquête du Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ), les noms de plusieurs centaines de chef·fes d’État, d’acteur·trices politiques, de personnalités publiques, de grandes fortunes ou de simples anonymes figurent dans des millions de fichiers secrets fuités et reçus par le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ).

Ces documents confidentiels exposent ainsi les transactions offshore du roi de Jordanie, de Vladimir Poutine, des présidents de l’Ukraine et du Kenya, du Premier ministre de la République tchèque ou encore de l’ancien Premier ministre britannique Tony Blair. Les dossiers détaillent également les activités financières de célébrités telles que Shakira et Elton John et de plus de 130 milliardaires de Russie, des États-Unis, de Turquie et d’autres pays.

Pandora Papers révèle aussi quelques montages financiers concernant des Tunisien·nes. Certain·es anonymes ont eu recours à des sociétés offshores pour échapper à l’imposition tunisienne ou acquérir des biens. Le nom d’un politicien, Mohsen Marzouk, déjà mentionné dans les Panama Papers, réapparaît.

La plus grande collaboration journalistique de l’histoire

Cette fuite de documents est à l’origine de la plus grande collaboration journalistique de l’histoire. L’enquête menée par le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) et près de 150 médias partenaires à travers le monde - dont inkyfada, met en lumière les rouages du système offshore et de l’évasion fiscale.

Au total, ce sont 2,94 téraoctets de données qui ont été transmises par une source anonyme à ICIJ. Aucune condition n’a été attachée au partage des documents. Le Consortium international des journalistes d’investigation est un organisme de presse à but non lucratif basé à Washington, D.C., ainsi qu’un réseau mondial de journalistes d’investigation dont inkyfada. Il est à l’origine de plusieurs enquêtes internationales sur la finance offshore.

Les documents sont issus de 14 prestataires de services aux particuliers et aux entreprises, spécialisés dans la finance offshore. Ils révèlent de quelle manière ces cabinets offrent des services de création de sociétés écrans dans des paradis fiscaux afin de permettre à des personnalités publiques de premier rang de contourner la taxation et de dissimuler leurs opérations financières.

Pendant deux ans, plus de 600 journalistes ont travaillé de concert pour analyser et traiter ces documents, les passer au crible, à rechercher d’informations sur l’identité des bénéficiaires réel·les et sur l’organisation de ces montages, à fouiller dans les archives judiciaires et autres documents publics de dizaines de pays. Tout cela, dans l’objectif de montrer les dessous de ce système opaque et mettre face à leurs responsabilités les personnalités politiques et les plus fortuné·es. Le volet tunisien

Inkyfada a pu retrouver des montages liés à des Tunisien·nes. L’un d’eux a déjà été cité dans les Panama Papers, il s’agit de Mohsen Marzouk. Ce dernier avait alors demandé des renseignements pour ouvrir une société offshore avec le cabinet panaméen Mossack Fonseca, pendant l’entre-deux-tours de l’élection présidentielle.

À l’époque, l’homme avait vigoureusement nié toute implication. “Je n’ai jamais envoyé un message à cette entreprise”, déclarait-il sur les ondes de Mosaïque FM, au lendemain de la publication de l’article, le 5 avril 2016. “Ceux qui ont dit ça vont assumer leur responsabilité devant la justice”, ajoutait-il en menaçant de porter plainte contre inkyfada.

Cette fois, les données de Pandora Papers montrent que Mohsen Marzouk est allé au bout de son projet.

Le territoire insulaire est d’ailleurs classé numéro 1 sur l’Indice 2021 des paradis fiscaux pour les sociétés, du Réseau pour la justice fiscale.

Grâce à un autre cabinet, il a pu créer la société Eagle One Investments Holdings Limited aux îles Vierges britanniques, territoire n°1 des paradis fiscaux. Contacté par inkyfada, Mohsen Marzouk reconnaît cette fois les faits et admet avoir contacté Mossack Fonseca, contrairement à ce qu’il affirmait en 2016. Les détails de l’histoire sont à retrouver sur inkyfada.

D’autres Tunisien·nes ont eu recours aux services de ces cabinets de créations de sociétés offshore. Certain·es cherchent à échapper à une imposition jugée élevée. D’autres passent par des sociétés-écrans dans le but de faire l’acquisition de yachts ou de jets privés loin de toute taxation ou encore pour y domicilier leurs sociétés dans le secteur de la joaillerie. Beaucoup ont recours à ces montages opaques pour leurs activités d’import-export.

C’est par exemple le cas de O.H. Elle réside dans une ville à une quarantaine de kilomètres de Tunis et joue les intermédiaires spécialisée dans l’import-export avec des commerçant·es libyen·nes dans le secteur de l’agroalimentaire. Pour ce faire, elle crée une société totalement exportatrice en Tunisie. L’avantage : elle n’a pas à payer d’impôts pendant dix ans. Mais une fois cette période écoulée, il lui faudra s’acquitter de 10% d’impôts. O.H avoue à demi-mot que “même si ce n’est pas grand-chose”, elle préférerait ne pas payer ces taxes.


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