La France a un incroyable talent : RETOUR SUR UNE JOURNÉE FOLLE, INSOLITE ET MÉMORABLE

jeudi 9 septembre 2021.
 

La journée du 3 septembre 2021 que Bernadette et moi avons vécu au théâtre André-Malraux, à Rueil, dans le cadre du tournage de l’émission de M6, La France a un incroyable talent, n’est évidemment pas le plus grand jour de notre vie, mais elle est à coup sûr et de très loin le jour le plus insolite que nous n’ayons jamais vécu en quasiment quatre-vingts années d’existence.

La journée du 3 septembre 2021 que Bernadette et moi avons vécu au théâtre André-Malraux, à Rueil, dans le cadre du tournage de l’émission de M6, La France a un incroyable talent, n’est évidemment pas le plus grand jour de notre vie, mais elle est à coup sûr et de très loin le jour le plus insolite que nous n’ayons jamais vécu en quasiment quatre-vingts années d’existence.

La plus grande difficulté, pour parler de cette journée, est de parvenir à décrire l’indescriptible.

Arrivés au théâtre à 11h30, en tenue de ville, il nous a été demandé de nous vêtir tout de suite de nos tenues de scène. Dès cet instant, la sarabande a commencé. C’était parti pour 6h50 de folie. Nous avons juste eu le temps de manger un infâme sandwich au pain de mie. Quelques considérations générales avant de vous narrer notre journée. Le théâtre André-Malraux est très grand. C’est un véritable labyrinthe sur plusieurs étages, fait de nombreuses petites salles et de longs couloirs, parcourus de câbles. Dans quasiment chaque salle, des caméras et des micros et du monde. Ça tourne partout. Ça crie, ça chante, ça saute, ça rit. Au milieu de toute cette joyeuse agitation, nous étions, de très loin, les plus âgés. Nous avons donc eu droit à un régime particulier. La très nombreuse et très jeune équipe de tournage (tous étant signalés par un tee-shirt noir, sur lesquels était écrit STAFF), a été au petits oignons pour nous. Très vite, ils se sont aperçus que j’étais un fêtard de première bourre. Ils m’ont donc spécialement mis à contribution.

Dans la minute qui a suivi notre mise en tenue de scène, en guise de mise en bouche, nous avons été conduits dans une salle noire de monde, dans laquelle se préparait le tournage d’une séquence filmant une chenille, sur l’air de « À la queue-leu-leu ». Dans je ne sais quel but. Très gentiment, le staff m’a demandé si je voulais bien y participer. Bien sûr que je veux. Ils n’ont pas été déçus. Le déconneur que je suis a donné le meilleur de lui-même. J’ai improvisé de nombreuses facéties. Tout le staff m’a immédiatement adopté. À partir de là, j’ai eu droit à des Robert de partout et au tutoiement. J’étais des leurs.

Pendant que Robert faisait le spectacle dans la chenille, une partie du staff faisait part à Bernadette de son souhait de me faire participer à une séquence qu’ils appellent d’interaction entre les « candidats », tel a été notre statut durant toute la journée. Me connaissant parfaitement, Bernadette leur a répondu que je serai un excellent client.

Dans la minute qui a suivi la fin de la chenille, j’étais encore tout essoufflé, me voilà embarqué dans une « confrontation » avec un colosse japonais, devant participer à l’émission. Il ne parlait pas du tout le français, un peu l’anglais, surtout le japonais. Heureusement, il y avait une interprète. Le courant est passé instantanément entre ce Japonais et moi. À ce que j’ai compris, son incroyable talent consiste à battre des records insolites. Il m’a donc invité à ingurgiter aussi vite que lui, mais avec des baguettes, une grande assiette d’une gelée de couleur rose, dont je ne connaissais absolument pas le contenu.

L’espace d’un instant, j’ai cru que j’étais dans la cuisine de Willy Rovelli de Fort Boyard, qui fait manger des trucs infâmes aux candidats. La scène fut très très haute en couleur. Dans un temps record, et sous les caméras, le Japonais a ingurgité la mixture, au milieu de force rots, grognements, cris. Et, comme de juste, pendant son exercice, j’en ai rajouté des tonnes. Avec mon petit coffre de 67 kilogs, je me suis enquis de l’imiter en cris, rots et grognements. Tout autour, ce n’était qu’éclats de rires. Puis est arrivé mon tour d’avaler la gelée le plus vite possible, avec les baguettes. Quelle maladresse, mais quelle poilade ! Cerise sur le gâteau, la mixture était bonne. Plutôt sucrée. Le Japonais et sa partenaire m’ont évidemment adopté. Toute l’équipe de tournage, autour, était aux anges. Ils avaient probablement les images qu’ils voulaient. Disons que j’étais un bon client.

Cette séquence tournée, dont je ne sais quel usage il va être fait, nous avons tourné, avec Bernadette, la longue séquence portrait. Bien plus calme. Fil rouge du portrait, notre longue histoire d’amour. Comment peut-elle durer depuis 58 ans ? Je peux vous dire qu’en dépit de l’amour que nous nous portons, il y avait des années que nous ne nous étions pas autant embrassés, à bouche que veux-tu. Je peux vous assurer que ce n’étaient pas des baisers de cinéma. Nous sommes sûrs que vous nous croirez si nous vous disons que nous étions aux anges. Nous ne sommes pas dupes sur les intentions des producteurs de l’émission. Cette séquence est destinée à faire pleurer dans les chaumières. Sincères, nous n’avons donc pas perdu notre âme.

Riche en émotions pour nous-mêmes, cette séquence l’a été aussi d’une autre manière. Pendant qu’elle se tournait, derrière-nous, dans le même studio, une autre séquence se tournait. Un autre candidat, probablement anglais, c’était sa seule langue, dont nous croyons avoir compris que son incroyable talent consistait à casser tout et n’importe quoi. Alors que nous nous embrassions, une violente détonation nous a ramenés sur terre. Le colosse anglais (1,90m, 120 à 130 kg) venait de faire exploser au sol un énorme récipient en verre. Normalement, ledit récipient devait être en verre de glace, mais là, pour des raisons de température trop élevée, c’était du vrai verre. Sur le moment, tous ceux qui tournaient le dos à la scène ont cru à un immense coup de colère du colosse. Nous n’en menions pas large. Tout dans ses mimiques le laissait penser. Il y avait des éclats de verre à des mètres de l’impact.

Je relate cet épisode pour montrer combien le tournage d’une telle émission est une fourmilière, tournant parfois à la pétaudière. Reprendre notre portrait après une telle explosion ne fut pas chose simple.

Puis ce fut le long tournage de ce qu’ils appellent les ralentis. Ce fut la séquence la plus difficile, pour moi. Tournée dans un silence complet, il s’est agi que j’exécute, sans musique, de nombreux pas de danse. J’ai été filmé sous l’œil de plusieurs caméras, donc sous tous les angles. En gros plans sur mes pieds et en entier.

De toutes ces séquences, nous ne savons pas du tout ce qui va être diffusé. Ce qui est sûr, c’est qu’en longueur de film tourné sur nous, il y a de quoi faire une émission aussi longue que l’émission que vous allez voir, avec tous ses participants.

Au terme de notre récit, je crois bon de vous faire part d’une de nos plus grandes surprises, relativement à ce à quoi nous nous attendions. Bien qu’ayant participé à la totalité du tournage de l’émission, en même temps que les autres « incroyables talents », mais séparément d’eux, nous ne sommes pas capables de vous parler de leurs numéros. Nous n’avons rien vu, à part un tout petit bout de ceux du Japonais et de l’Anglais. Pas même, le numéro qu’ils ont produit sur la grande scène, devant le public et les quatre jurés.

J’en viens maintenant au plat de résistance, ce qui normalement doit être le point d’orgue : notre passage sur la grande scène.

J’ai été particulièrement à l’aise. Dès le premier pas que j’ai fait sur la scène, des coulisses jusqu’au centre, j’ai ressenti un murmure plutôt admiratif dans le public (la salle était pleine) et, peut-être même dans le jury, pour l’allure qui était la mienne dans ma tenue noire. Dès les premières questions du jury, j’ai provoqué les éclats de rire du public, parce que, du tac au tac, à la suite d’une vanne sympa d’Éric Antoine, je lui ai envoyé un tonitruant « Ta gueule Éric ! », tout aussi sympa. Le Éric était complètement scié, le public applaudissait à tout rompre. Beau joueur, l’immense Éric, il frise les 2 mètres, est monté sur la scène, pour un magnifique abrazo avec moi. Puis, la musique a été envoyée. Ce n’était pas la bonne. Rires du public.

Puis, après que j’ai hésité une seconde sur la nouvelle musique, mais c’était la bonne, c’était parti pour ma prestation. Elle ne fut pas du tout à la hauteur espérée, pas même à celle que j’ai l’habitude de produire. J’étais parfaitement décontracté, mais j’ai immédiatement senti que si je ne voulais pas m’écrouler sur la scène, il me fallait réduire la voilure pour ne pas faire sauter mes mollets, surtout le droit. Il était prévu que Bernadette me rejoigne sur la scène. Elle l’a d’autant plus fait que Marianne James, dans le jury, en a exprimé le souhait. Nous avons esquissé quelques pas de danse, pour le plus grand plaisir du public. La suite, vous pouvez la deviner. Le jury a été parfaitement élégant, même le membre canadien, qui, après avoir envoyé une petite perfidie de son cru, a su immédiatement rectifier le tir. J’ajoute que même si j’avais disposé de tous mes moyens physiques, l’attitude du jury aurait été la même. Je ne suis évidemment pas un incroyable talent.

Je pensais que ma journée était terminée. Pas du tout. Il y avait encore une séquence à tourner. Une interview où il s’agit de répondre du tac au tac, autant que possible en un mot ou un nom, à des questions futiles, mais aussi intéressantes. Je vous fais grâce des questions futiles.

Dans les questions intéressantes, je n’ai pas hésité à montrer qui j’étais. Ça a commencé par : Quelle est votre chanson préférée ? –Ma France. Quel est votre chanteur préféré ? Jean Ferrat. Quel est l’homme ou la femme, vivant ou mort, qui vous a le plus marqué ? Karl Marx. Si vous aviez le pouvoir de changer le monde, que feriez-vous immédiatement ? J’agirais tout de suite contre toutes les injustices et les inégalités sociales, le racisme et pour la préservation de notre environnement.

Que garderont-ils de cette interview ? Je n’en sais rien.

Je vais conclure par une cerise sur le gâteau. Après cette ultime interview, nous avons regagné notre hôtel, à 150 mètres du théâtre. Nous nous sommes remis en tenue de ville et puis, il s’est agi pour nous d’aller nous acheter à manger pour notre voyage de retour vers Rodez, en train, le lendemain. La coïncidence a voulu que lorsque nous sommes sortis pour aller acheter à manger, l’émission sur la grande scène se terminait. Nous devions passer par l’arrière du théâtre, sur une grande avenue de Rueil. Le public sortant du théâtre se rendait vers la station de bus. Nombreux nous ont reconnus et sont venus spontanément à notre devant pour nous dire combien ils nous avaient appréciés. Plus bas, sur la même avenue, à une autre station de bus, même scène de remerciements et d’encouragements. D’autres, plus timides, nous souriaient. Ça nous a fait extrêmement chaud au cœur. Au total, nous avons passé une journée en tous points formidable. Même mes mollets défaillants ne ternissent pas notre journée. En tout cas, nous vous remercions de nous avoir poussés à participer à cette émission, quand, une semaine avant, j’étais devenu très hésitant. Les souvenirs de cette journée resteront à jamais gravés dans nos mémoires.


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