Mobilisation contre le pass sanitaire : enjeux d’une lutte opposée à une société de contrôle

dimanche 15 août 2021.
 

Matthieu BOGOSAVLIJEVICH

En France, les manifestations contre le pass sanitaire s’enchaînent. Dans Planète Malade, Michel Collon a analysé la gravité de la pandémie et a exploré différentes pistes pour lutter contre. Le dispositif mis en place par Emmanuel Macron n’y répond pas. La mobilisation contre le pass sanitaire révèle ainsi les failles de la gestion de la crise sanitaire en France. Difficile de faire croire qu’elle est limitée à quelques « complotistes » et autres « antivax » mal informés. Caducité juridique, ségrégation sociale, menaces pour l’État de droit, mise en pratique inconcevable...

En ce troisième samedi de manifestation contre l’extension du pass sanitaire aux actes de la vie quotidienne, une chose est sûre : la mobilisation ne faiblit pas, elle se renforce.

Ces rassemblements et manifestations ont pour objet la dénonciation d’un dispositif privatif de liberté entraînant une ségrégation d’une partie de la population de la majeure partie des lieux publics.

Les classes populaires étant encore davantage ségréguées ; en effet le taux de vaccination parmi les classes les plus défavorisées y est plus faible et de ce fait l’engagement contre le pass sanitaire y est encore plus fort.

Or ce que certains appellent une incitation renforcée à la vaccination relève plus d’un pari électoral : celui de l’opposition entre vaccinés et non-vaccinés qui permet de légitimer pour des motifs sanitaires l’exclusion de la société d’une partie substantielle de la population, celle qui n’est d’aucun intérêt pour Emmanuel Macron.

Que l’on ne s’y trompe pas, l’introduction du pass sanitaire n’introduit pas une seule rupture d’égalité entre deux catégories de citoyens, les vaccinés et les non-vaccinés :le contrôle permanent qu’introduit le « pass » s’adresse bien à l’ensemble de la population.

Il s’agit d’un changement de paradigme « au pays des droits de l’Homme », où le contrôle devient la règle, la liberté l’exception ; avec en prime un nouveau degré de servitude volontaire.

Si ledit pass est condamné à cesser d’exister selon ses créateurs en même temps que la pandémie prendra fin, de nombreux exemples de dispositifs juridiques d’exception ont vu leur existence se pérenniser et leur domaine s’étendre [ tel que le Fichier national des empreintes génétiques, ou encore l’état d’urgence] ce qui n’est pas de bon augure.

Dès lors seule une large mobilisation du plus grand nombre d’acteurs possible est en mesure de mettre un terme à cette parenthèse noire pour les libertés publiques.

Et si ce n’est pas sur le parlement réduit à n’être qu’une simple chambre d’enregistrement qu’il faudra compter, l’essor de la mobilisation populaire est gage d’espoir

Plus de deux cents rassemblements et manifestations dans toute la France pour contrer le projet de loi d’extension du pass sanitaire. Une mobilisation sous-évaluée qui croît de samedi en samedi. Plus de 4 000 personnes [1] manifestaient à Chambéry dans les rues du centre-ville le samedi 24 juillet 2021, au moins tout autant ce samedi 31 juillet [2] contre l’extension du pass sanitaire au son de « liberté, liberté » ou encore :« le pass sanitaire : on n’en veut pas, l’État autoritaire : on n’en veut pas ».

C’est donc bien dans le cadre de l’adoption du projet de loi étendant l’application du pass sanitaire aux actes de la vie quotidienne qu’ont lieu en France plus de deux cents manifestations et rassemblements, dont le nombre de participants est en forte hausse de samedi en samedi, et ce alors même que les mobilisations se tiennent en pleine période de vacances estivales.

Qu’il s’agisse de Paris, Lyon, Marseille ou de plus petites villes, la dynamique est la même de partout, les manifestations drainent de plus en plus de personnes. Quant aux chiffres avancés par le ministère de l’Intérieur, nul doute qu’il est largement sous-évalué ; il suffit pour s’en rendre compte de voir sur différents canaux internet des vidéos émanant de drones filmant les différentes mobilisations [ à Paris notamment] que le nombre de manifestants est largement supérieur à celui donné par la place Beauvau et repris sans trop d’esprit critique par les médias dominants.

Le pass sanitaire, enjeu de lutte

Il convient en amont de préciser ce qu’est le pass sanitaire, ce précieux sésame totalement macronien, du nom au contenu.

Une partie du nom est issu d’un anglicisme, pass, de manière à le rendre plus « cool » et ainsi rester dans la continuité de ce à quoi nous sommes habitués avec la République en marche et ses fameux slogans « disruptifs » tels que « choose France ». L’usage de cet anglicisme permet ainsi d’atténuer la dimension de passeport audit pass. Au demeurant, en Italie la démarche est sensiblement la même, le pass sanitaire de l’autre côté des Alpes est dénommé « green pass », à l’heure où la communication compte plus que tout autre domaine, on ne peut imaginer que cet aspect n’ait pas été mûrement réfléchi.

Si par son apparence le pass sanitaire est fidèle aux préceptes de LREM, grâce à un nom « cool » accompagné d’une utilisation « fun » grâce au QR code à flasher avec son téléphone, son contenu est lui aussi totalement macronien. Il accentue les divisions dans la société française entre vaccinés et non-vaccinés, entre utilisateurs et personnes refusant d’utiliser le pass sanitaire et surtout marque une nette rupture d’égalité entre les citoyens. Si hier Emmanuel Macron triait la population entre« les gens qui réussissent et les gens qui ne sont rien » c’est désormais en fonction du statut vaccinal et l’acceptation de le justifier que s’opère le tri.

Initialement prévue pour les seuls rassemblements de plus de 1000 personnes et les parcs d’attractions, puis étendue uniquement aux discothèques, son application vient de s’étendre aux actes de la vie quotidienne alors même que tous les dirigeants politiques dont les premiers d’entre eux, Emmanuel Macron ou Olivier Véran, juraient qu’il ne concernerait jamais les actes de la vie quotidienne.

Le pass sanitaire consiste en la présentation, numérique (via l’application TousAntiCovid) ou papier, d’une preuve sanitaire, parmi les trois suivantes : la vaccination, la preuve d’un test pcr négatif de moins de 48 heures ou encore le résultat d’un test RT-PCR positif attestant du rétablissement du Covid-19, datant d’au moins 11 jours et de moins de 6 mois [3].

Son extension à la plupart des actes de la vie quotidienne entraîne une levée de boucliers [principalement populaire] qui se traduit par des mobilisations, dont le nombre de participants pourrait encore s’amplifier cette semaine si la mobilisation croît comme elle a crû en l’espace de trois semaines.

Ce pass sanitaire qui, dans un premier temps, était circonscrit aux seuls événements rassemblant plus de mille personnes ainsi qu’aux discothèques voit désormais son champ d’application largement élargi de façon à s’appliquer aux bars et restaurants, piscines, cinémas, théâtres et spectacles recevant plus de cinquante personnes, hôpitaux et ephad ou encore pour les transports dits longs : train, bus, avion [4].

Rupture d’égalité entre les citoyens vaccinés et non-vaccinés

Si la rupture d’égalité entre les citoyens vaccinés et les citoyens non-vaccinés est flagrante, elle ne se limite pas à cette seule opposition.

Cette rupture d’égalité concerne aussi les personnes vaccinées éprises de liberté qui refusent par conviction de devoir présenter leur certificat via une fiche papier ou l’application pour entrer dans un des lieux qui le nécessitent.

En effet, lors des mobilisations qui ont eu lieu dans toute la France le quatorze juillet ainsi que les trois samedis qui ont suivi, de nombreuses personnes étaient vaccinées.

En outre, les sondages, quoique moyennement crédibles, montrent qu’au moins plus d’un tiers de la population soutient les manifestations anti-pass sanitaire et ce alors même que plus de quarante millions de Français sont déjà des primo-vaccinés.

Ce qui démontre que le débat autour de l’extension du pass sanitaire n’oppose pas vaccinés contre non-vaccinés, mais plutôt des personnes sensibilisées aux questions de libertés publiques face à d’autres qui le sont moins.

Cela prouve aussi que la stratégie de division entre vaccinés et non-vaccinés voulue par Emmanuel Macron ne fonctionne pas sur tous.

Revenons sur les nombreuses libertés et les droits fondamentaux protégés par la Constitution, par le bloc de constitutionnalité (qui inclut notamment la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen) et par la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales du 4 novembre 1950, bafoués par l’extension du pass sanitaire :

Liberté de commerce et d’industrie (à valeur constitutionnelle), liberté de circulation, droit au respect de la vie privée et familiale (art 8 de la CESDH), liberté de réunion (art 11 de la CESDH), interdiction de la discrimination (art 14 de la CESDH), principe de précaution de la santé (à valeur constitutionnelle).

Encore une fois, si la liste n’est pas exhaustive, on peut dire de manière certaine que l’on assiste à une rupture d’égalité nette entre les citoyens en fonction de leur statut vaccinal, ou idéologique (refus de se soumettre à un contrôle permanent).

Il ne fait aucun doute de l’existence d’une disproportion entre les moyens employés pour « lutter » contre l’épidémie via l’extension du pass sanitaire et les restrictions de libertés.

Ceci dit, le Conseil constitutionnel aura-t-il le courage de censurer ces mesures ?

Le Premier ministre Jean Castex a appelé personnellement le président dudit Conseil afin de s’assurer qu’il y aura bien la présence des neuf juges pour statuer de la constitutionnalité du pass, afin que le conseil statue le plus vite possible [5].

Qu’un Premier ministre appelle le président du Conseil constitutionnel, l’enjoigne à statuer dans un certain délai et avec une certaine composition de juges ne rassure pas quant à l’indépendance dudit conseil et des interférences qui existent entre lui et le pouvoir exécutif.

Une ségrégation des classes populaires

Les décisions prises par la majorité d’étendre le pass sanitaire aux activités quotidiennes impactent prioritairement les classes populaires, dont une part non négligeable n’est pas vaccinée. Or le sentiment de défiance à l’égard du pouvoir explique en partie cette différence de part vaccinale entre les classes populaires et les classes supérieures. Et ce ne sont pas les médias dominants qui contribueront à rétablir la confiance entre le pouvoir dont ils font partie et les classes populaires.

La ségrégation introduite par l’extension du pass sanitaire touche en premier lieu les classes populaires. La défenseure des droits s’alerte que « La carte des plus faibles vaccinations recoupe celle de la pauvreté, de la fracture numérique, de l’accès aux services publics. Les nouvelles mesures comportent ainsi le risque d’être à la fois plus dures pour les publics précaires et d’engendrer ou accroître de nouvelles inégalités ».

Or ce n’est pas anodin si l’annonce du président de la République s’est faite le douze juillet, car à cette date les classes les plus favorisées étaient déjà fortement vaccinées. Les mesures qu’il prenait n’auraient donc qu’un impact très limité sur son électorat.

Les classes sociales qui ont le plus voté pour Emmanuel Macron au premier comme au deuxième tour de l’élection présidentielle de 2017 sont celles qui disposent du plus grand capital économique, culturel et social. Or ces classes sociales affichent un taux de vaccination très élevé.

Le président de la République française n’a donc pas pris de grands risques en étendant le pass sanitaire aux activités de la vie quotidienne, son vivier de voix n’en ressentira pas les effets, ou de manière très limitée. Alors que les personnes mises sur le banc de la société, considérées comme des personnes issues de classes moyennes et populaires et qui ne font pas partie de son électorat, elles, peuvent être exclues de la cité, avoir du ressentiment à son égard et même se mobiliser, cela ne porte pas à conséquence, ils ne lui seront d’aucune utilité.

On peut en somme dire que ce pass sanitaire n’est que la continuité des petites phrases ô combien clivantes et prononcées avec dédain par le monarque présidentiel dont la plus fameuse : « Une gare, c’est un lieu où on croise des gens qui réussissent et des gens qui ne sont rien » ; au moins à partir d’août, il aura réussi à débarrasser les gares des gens qui ne sont rien, ils n’auront plus le droit d’y entrer [6].

Une défiance des classes populaires à l’égard des recommandations sanitaires Or, si une partie de la population se braque, la moins aisée, celle qui subit le plus les affres de la mondialisation, les réformes néolibérales qui lui durcissent son existence, ceci n’a rien d’anodin.

En effet, les classes populaires, que l’on voudrait réduire à des ignares, ont déduit une chose essentielle de leur expérience : si gouvernement, médias, industriels et éditocrates vous disent de faire une chose, c’est par nature qu’elle leur est profitable et qu’elle nuira aux plus pauvres [réforme des retraites, de l’assurance chômage, les lois travail, les délocalisations, les mensonges de guerre].

Or dans une situation de pandémie, ce défaut de confiance à l’égard des dirigeants amène une frange non négligeable de la population à douter de ce qui est dit, exigé.

Comme le rappelle un journaliste du Média, Théophile Kouamouo, si une partie de la population française ne se fait pas vacciner, ce n’est pas par défiance vis-à-vis de la science, mais par défiance à l’égard d’un gouvernement qui a tant menti.

Dans un de ses éditos [7], il fait un parallèle intéressant entre le terrible développement du VIH entre la fin des années quatre-vingt et le début des années quatre-vingt-dix dans des pays d’Afrique de l’Ouest francophone. Il rappelle que plus les journaux et les télévisions appelaient la population à se protéger, plus une partie de celle-ci faisait le contraire. Pourquoi ? Car comme ici aujourd’hui, la défiance du peuple à l’égard du pouvoir et de son parti unique, des médias qui lui étaient inféodés, était grande [8].

S’il existe aujourd’hui une telle défiance à l’endroit des vaccins, c’est donc surtout à cause d’une crise de confiance entre le peuple et les gouvernants, gouvernants devant être entendus dans une large acception.

Par défiance à l’égard des grandes entreprises qui recherchent avant toute chose le profit, les entreprises pharmaceutiques ne faisant pas exception.

Par défiance vis-à-vis des médias dominants qui lors des invasions guerrières des forces étasuniennes et européennes ont menti et fabriqué le consentement de la population aux guerres pour des raisons purement mercantiles.

Par défiance des gouvernements, médias et grandes entreprises qui des décennies durant ont tout fait pour imposer des réformes antisociales que le peuple ne voulait pas.

C’est en somme cette défiance à l’égard des puissants qui ont toujours tenté et très souvent réussi à imposer leur volonté qui amène à douter de la parole publique.

Or la traduction de cette défiance aujourd’hui amène une partie de la population à se dire « s’ils disent que la vaccination est la solution, c’est que la vaccination est le problème ».

Et ce n’est pas la pléthore d’acteurs néoconservateurs qui entrent dans la course à l’échalote pour savoir qui aura le commentaire le plus acerbe contre les opposants à la vaccination obligatoire comme BHL, Kouchner, Romain Goupil ou Christian Estrosi, pour ne citer qu’eux, qui convaincra les réticents.

Ce n’est pas non plus l’accord secret exonérant en partie la responsabilité des fabricants de vaccins conclu entre ces derniers et la Commission européenne qui le fera.

En effet, les contrats signés entre la Commission européenne et les entreprises telles que Pfizer ou Moderna demeurent secrets. On ne connaît donc pas à quelle hauteur se ferait ce partage de responsabilité si des affections graves ou moins graves surgissaient chez des personnes vaccinées. Serait-il encore question d’une privatisation des gains et d’une mutualisation des pertes ? Il fait assez peu de doutes là-dessus.

Michèle Rivasi, député européenne de la Drôme, fait partie des parlementaires européens qui avaient tenté de prendre connaissance de ces fameux contrats. Son acharnement avait fini par payer.

Mais si elle s’était vu proposer des contrats, ils étaient expurgés via du blanco. L’accès auxdits documents lui était autorisé à condition qu’elle n’ait pas de téléphone portable sur elle et qu’elle reste au maximum quarante-cinq minutes pour consulter soixante-sept pages [9]. Qu’est-ce qui peut justifier tant de précautions et ce refus de transparence ?

D’autres questionnements irriguent une frange réfractaire de la population à la vaccination dont les raisons de la présence des seuls vaccins étasuniens et européens sur le territoire européen.

Il existe aussi des interrogations quant à la stratégie vaccinale. Pourquoi vouloir vacciner une population jeune, très peu à risque alors que durant la totalité de la crise sanitaire, le principe de précaution prévalait, précisément lorsque les confinements à répétition ont été instaurés ?

Ce principe n’est désormais plus sollicité au point qu’une personne se prévalant de celui-ci puisse être considérée comme déraisonnable au mieux dangereuse, bête ou complotiste au pire.

Au regard d’une récente étude étasunienne du centre de contrôle et de prévention des maladies, depuis l’arrivée du variant delta, les personnes vaccinées transmettraient tout autant le virus que les personnes qui ne le sont pas [10].

Il devient de ce fait risqué, si l’étude vient à être confirmée par d’autres, de vouloir continuer à vacciner les mineurs alors même que le risque qu’ils meurent du coronavirus est infinitésimal [11] et que l’incitation à la vaccination ne repose que sur le risque qu’ils transmettent le virus.

Par ailleurs il sera difficile de maintenir la vaccination obligatoire des soignants alors même que celle-ci repose sur le risque que les non-vaccinés font peser aux personnes vulnérables [12]. Ce sont bien ces mêmes personnes qui ont été pointées du doigt par ministres et présidents comme responsables de nouveaux foyers épidémiques dans les ephad. Comment passer de « héros à salauds » en s’appuyant sur des critères mensongers.

Restaurer la confiance publique est une priorité, cependant le chemin n’a jamais été aussi long qu’il ne l’est aujourd’hui.

S’il existait une forte relation de confiance entre les citoyens et les dirigeants, s’il existait une entreprise pharmaceutique publique non soumise aux lois du marché, il est fort à parier qu’une partie non négligeable des personnes non vaccinées serait plus encline à se faire injecter la solution.

Reste qu’il est plus facile pour les puissants de qualifier les réfractaires d’idiots, d’irresponsables ou d’égoïstes que de changer le type d’économie et le mode de gouvernance.

Le manque de pluralité dans les médias

S’il existe à l’égard d’une institution un fort sentiment de défiance en France, c’est bien à l’encontre des médias. Plus de deux tiers des Français estiment que les journalistes ne sont pas indépendants du pouvoir, qu’il soit financier ou gouvernemental [13]. Dès lors, comment pouvoir adhérer aux recommandations sanitaires [parfois contradictoires] qui y sont dispensées ?

Ce qui suscite en outre de la défiance c’est le manque de pluralité. La crise sanitaire ne fait pas exception.

Si certains s’alarment de l’absence de pluralité de points de vue tant sur les chaînes et radios du service public que sur les chaînes privées, qu’ils trouvent que les fameux experts qui y interviennent si régulièrement ne débattent pas des enjeux de libertés publiques mis à mal par l’introduction du pass sanitaire, mais uniquement des modalités de sa mise en œuvre et font mine de s’écharper sur des mesures de forme alors que sur le fond ils sont tous d’accord, qu’ils se rassurent, ils ne se trompent pas.

Les débats médiatiques peuvent se résumer par des prises de position à haute teneur irrévérencieuse comme « il aurait fallu décaler l’entrée en vigueur du pass au 15 août »

Cette regrettable unanimité de point de vue a été analysée par les fins connaisseurs des médias que sont Edward Hermann et Noam Chomsky et elle n’est pas réservée au pass sanitaire.

L’enseignement qu’ils ont tiré de ces experts médiatiques prompts à intervenir peu importe le sujet et qui sonne toujours aussi juste aujourd’hui est qu’ils « argumentent le consensus ».

Dès lors, rien n’est à attendre des chaînes de radios et télévisions dites dominantes, si ce n’est de la déception.

Pourtant, les médias de service public ont une obligation de pluralité, qu’ils ont tendance à oublier et à surtout ne pas respecter [14].

Il convient de préciser que si le constat et sensiblement le même dans les médias privés, il est décevant de constater l’apparition du nom de Michèle Rivasi dans la rubrique « le mur des cons » du Canard Enchaîné alors même que son tweet dénonçant une nouvelle forme d’apartheid sonne juste.

Changement de paradigme au pays des droits de l’homme où le contrôle devient la règle, la liberté l’exception

Un changement de paradigme concernant à la fois les vaccinés et les non-vaccinés Il est bien question d’un changement de paradigme, puisque jamais depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale un gouvernement n’eut pris de lois ségréguant de la sorte une partie substantielle de la population, non pas comme il est dit pour un unique refus vaccinal, mais aussi pour un refus de se soumettre à la présentation d’un QR code à l’entrée de quasi tous les lieux de société. C’est en somme condamner à la mort sociale et professionnelle quiconque refusera de présenter ce pass sanitaire, l’ostraciser et le rendre coupable de son refus d’adhérer à une société de surveillance généralisée.

Outre les libertés précitées mises à rude épreuve notamment par la rupture d’égalité entre les citoyens acceptant de se soumettre à ce contrôle et ceux le refusant se pose un autre problème : celui de la banalisation du contrôle dans une société dite démocratique.

Il est effectivement question d’un changement de paradigme puisqu’en France le contrôle d’identité fait l’objet d’un encadrement strict : l’identité ne peut être contrôlée que dans les cas suivants :

Dans un but préventif afin de prévenir la survenue de troubles à l’ordre public

Dans un contexte de suspicion de commission d’infraction Sur réquisition du procureur dans un laps et un espace déterminé À cela s’ajoutent les contrôles frontaliers, dits Schengen. Il convient de noter que le contrôle d’identité reste l’exception, la norme étant la liberté et l’un de ses corollaires l’anonymat.

Désormais il faudra être en mesure de décliner son identité cinq à dix fois par jour voire plus, ce qui contrevient complètement à la conception d’une société démocratique.

– « Nous ne sommes pas de la police », cette rengaine commence à faire son petit bonhomme de chemin parmi les restaurateurs, serveurs, hôteliers, contrôleurs SN


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