La Confédération paysanne a fêté ses vingt ans au Royal Aubrac les 18 et 19 août : l’occasion d’un bilan

dimanche 9 septembre 2007.
 

La Confédération paysanne a fêté ses vingt ans les 18 et 19 août. L’occasion de faire le point sur les combats présents et de transmettre la dynamique et les responsabilités syndicales aux jeunes militants, comme le souligne Régis Hochart, porte-parole national, dans son discours de clôture.

Fêter 20 ans d’existence, c’est d’abord saluer ceux qui ont créé la Conf’ : créer il y a 20 ans un syndicat à côté d’un syndicat quasiment d’Etat n’allait pas de soi. C’est aussi saluer tous les militants qui depuis la création de la Conf’ ont participé à son développement, qui y ont pris des responsabilités faisant vivre les départements, les régions, le national. Aujourd’hui les militants, dans la diversité de leur pensée, de leurs engagements et de leurs actions, restent fondamentalement ancrés dans l’esprit de tous ceux qui ont construit la Confédération paysanne 20 ans durant.

La Conf’ conjugue la défense au présent et la transformation pour le futur. Elle veille à toujours introduire le sens collectif dans la défense individuelle des travailleurs. Elle est présente tant au niveau local, régional, national, européen et international autant qu’elle le peut car un seul de ces espaces sans les autres n’aurait aucun sens.

Nos combats d’aujourd’hui poursuivent nos luttes d’hier. La souveraineté alimentaire, portée dès 1996 par Via Campesina est passée de l’état de concept à celui de principe. Elle doit devenir un droit international pour que les pays puissent définir leur propre développement agricole et rural, pour qu’ils puissent protéger leurs paysanneries et pour cela se protéger d’importations destructrices. Face au libéralisme, face aux accords de l’OMC, sa mise en place est une nécessité. C’est un de nos combats de l’avenir, car l’influence de ces accords se fait ressentir partout, y compris sur des territoires comme l’Aubrac où l’avenir des vaches et des paysans qui les élèvent en est tributaire.

La Confédération paysanne doit imposer l’alternative à une agriculture constamment plus concentrée, plus intensifiée. Cette alternative intègre les grands enjeux de l’avenir : énergie, réchauffement climatique, population et emploi, ressources naturelles, foncier... Elle doit simultanément empêcher la mise sous tutelle de l’agriculture par le pouvoir financier et la brevetabilité du vivant, empêcher le développement de toute technique ou technologie qui pourrait à terme rendre impossible l’agriculture paysanne.

Elle doit ainsi faire interdire en France, en Europe et dans le monde la culture des plantes transgéniques, avatar technologique qui n’apporte que des fausses réponses à des questions volontairement mal posées. Avec les paysans, avec les citoyens, en partenariat avec les associations de consommateurs et de défense de l’environnement, les Faucheurs volontaires, elle doit créer un rapport de force pour imposer dès maintenant un moratoire sur toutes les cultures d’OGM.

Elle doit obliger à d’autres politiques agricoles aux objectifs clairement énoncés : une alimentation de qualité pour tous ; une production agricole durable qui permettent de réconcilier les paysans avec leur environnement. ; un revenu pour tous ceux qui y contribuent : paysans, salariés -permanents ou saisonniers- d’ici ou d’ailleurs ; une agriculture solidaire permettant au maximum de paysans d’exister, puis de transmettre leur activité et leur savoir ; une relocalisation autant que faire ce peut des productions, des transformations et des échanges.

Nous sommes un syndicat professionnel qui défend les paysans. Nous sommes aussi depuis 20 ans un syndicat de transformation sociale. La Confédération crée un courant de transformation sociale. Elle ne le créée pas seule, évidement, mais avec d’autres forces multiples : associations, syndicats, collectifs. C’est en valorisant ce qui nous rassemble que nous progressons. La Conf’ seule ne serait rien. La Conf’ avec les citoyens, avec les paysans du monde, peut beaucoup. Ensemble nous construisons l’alternative à un monde destructeur des individus et des sociétés.

Mais nous, militants de la Conf’, c’est d’abord vers les paysans, nos voisins, que nous devons aller pour défendre leur droit à exister, pour les convaincre de l’importance et de l’urgence de l’alternative, les convaincre que le seul avenir est une agriculture solidaire. Si nous ne le faisons pas, personne ne le fera à notre place.

Hier et aujourd’hui, avec la contribution remarquable des intervenants et des militants lors des débats, nous poursuivons la réflexion, ce qui a toujours la force des uns et des autres ici présents. Nous avons voulu parler de l’engagement militant et du rôle du syndicalisme. Non pas en nous regardant le nombril, mais en nous projetant dans l’avenir, en échangeant avec d’autres acteurs. Les formes de l’engagement et du militantisme évoluent. La société évolue, les modes de vie, d’expression, de communication aussi. Nous devons créer de nouvelles formes de militances. Les échanges d’hier et d’aujourd’hui nous montrent que c’est possible, en plus d’être nécessaire.

Ils nous montrent aussi que nous devons faire la place aux plus jeunes avec qui nous qui poursuivront les combats. Eux avec nous, puis nous avec eux. Les formes que la militance va prendre nous surprendront et nous bousculeront. Nous l’accepterons, ceci d’autant plus que nous ne sommes que des passeurs de la vie. Mais cela ne peut se faire sans sensibilité politique. Tous, Conf’, Amis de la Conf’, syndicats, associations, devons nous investir dans le développement d’une culture politique populaire ancrée sur les valeurs collectives.

Ce qui nous réunit ici, tous au-delà de la fête des 20 ans de la Conf, c’est bien, je j’ai déjà évoqué, notre volonté de transformation sociale du monde dans lequel nous vivons. Et aussi la certitude qu’il est possible de changer le cours des choses.

L’expression collective, l’expression syndicale sont des éléments essentiels. Aujourd’hui ce droit à l’expression est en grand danger. Sa judiciarisation augmente chaque jour. Nous ne pouvons l’accepter. Nous n’acceptons pas les poursuites à l’encontre de militants syndicaux ou associatifs. Pas plus que celle des autres, nous n’acceptons les condamnations et n’accepterons l’incarcération de nos deux anciens porte-parole José Bové et Jean Emile Sanchez. Nous réaffirmons que le droit à l’expression syndicale et le droit à l’expression collective sont totalement inaliénables.

Aujourd’hui 18 août 2007 est un jour de fête, un jour de retrouvailles et de rencontres entre anciens et nouveaux militants. L’avenir de la Conf’ se fera avec tous ses militants, avec nos diversités, avec le respect de nos diversités dans la pensée, la réflexion et l’action. L’avenir se fera avec les nouveaux et les jeunes militants et nous saurons leur faire de la place. C’est un avenir durable qui se construit.


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