Chamboule-tout régional

mercredi 7 juillet 2021.
 

En apparence, c’est le statu quo. En métropole aucune région ne bascule. Pourtant les élections régionales auront été une grande partie de chamboule-tout souterrain. Les fondations politiques du pays sont encore un peu plus ébranlées.

Le dégagisme se traduit par l’abstention abyssale. Deux Français sur trois ne sont pas allés voter. Aucun « sursaut » n’a eu lieu entre les deux tours. Et pour cause, les raisons de cette abstention sont solidement ancrées. Au premier rang figurent la défiance vis-à-vis des élus et des institutions représentatives ainsi que la monarchie présidentielle qui vide de sens les élections autres que la présidentielle. Le chaos de la distribution de la propagande ou le contexte sanitaire n’ont rien arrangé mais la cause principale est ailleurs. La grève civique est telle que les votants devraient être deux fois plus nombreux en 2022 qu’aux régionales ! C’est l’enjeu majeur des mois à venir. Avec l’Assemblée constituante pour la 6e République, le référendum d’initiative citoyenne, le droit de révoquer les élus, la France insoumise peut apporter une réponse positive à ce refus de déléguer son pouvoir, à la volonté des citoyens de reprendre le contrôle de la démocratie.

L’autre chamboule-tout, c’est évidemment le grand flop du duel Macron-Le Pen. Aucun match RN-LREM n’a eu lieu aux régionales et les deux partis sont les deux grands battus avec des scores d’à peine 10% au deuxième tour dans plusieurs régions ! Le pays ne veut pas de ce duel. Se donnera-t-il les moyens d’en avoir un autre ? Xavier Bertrand espère « un match à trois », mais les résultats du 2e tour en font plutôt un match avec Valérie Pécresse et Laurent Wauquiez pour l’investiture de droite.

Dans la gauche bureaucratique, là aussi, le statu quo masque mal de lourds changements. Le PS garde ses sortants. Mais il enterre l’union de la gauche, ayant refusé la fusion entre les deux tours avec EELV en Bretagne, Occitanie, Nouvelle Aquitaine et avec le PCF en Normandie. EELV n’a pas fait beaucoup mieux en refusant la fusion avec la France insoumise en Bretagne et Aquitaine face au PS. Incompréhensible alors que les alliances de premier tour EELV-LFI en Pays-de-la-Loire et Centre avaient donné des résultats positifs. A l’arrivée, l’unité de la gauche ne créé pas de dynamique. En PACA les sectaires anti-insoumis ont dû se retirer du 2e tour. Dans les Hauts de France, c’est à peine 20% des voix. Ailleurs, comme en Ile-de-France ou Pays de la Loire, les listes fusionnées de 2e tour obtiennent tout juste les cumuls du 1er tour se montrant incapables de mobiliser les abstentionnistes. Les tartuffes de l’unité qui la réclament à cor et à cri pour mieux la refuser sont à la mode. Et ce alors même qu’il n’y a pas de prime à l’unité lorsqu’elle a lieu. La clé est ailleurs.

Refus du duel Macron – Le Pen, abstention massive, impasse de « l’unité pour l’unité », voilà trois ingrédients du chamboule-tout qui vient. Tout reste à écrire. L’union populaire est à construire.

Matthias Tavel


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