80 ans après.Opération Barbarossa : une guerre d’extermination

jeudi 1er juillet 2021.
 

Il y a quatre-vingts ans, la Wehrmacht et ses alliés envahissaient l’Union soviétique, déclenchant une monstrueuse guerre d’extermination dont les conséquences sont encore perceptibles aujourd’hui. Le récit de l’hebdomadaire allemand Die Zeit.

Presque personne ne s’attendait à l’offensive du 22 juin 1942. Les soldats du Reich sentaient bien qu’il y avait “quelque chose dans l’air”, mais ils n’en ont pas moins été aussi surpris que l’opinion publique tant allemande qu’internationale quand, en 1941, la Wehrmacht a envahi l’Union soviétique.

Depuis le pacte de non-agression d’août 1939, les deux puissances sont officiellement amies. Et soudain, elles se retrouvent en état de guerre, et l’Allemagne se bat de nouveau sur deux fronts, ce qu’elle s’était pourtant constamment efforcée d’éviter. Hitler et les généraux de la Wehrmacht qui lui sont inféodés pensent que l’affaire sera rapidement réglée. L’Union soviétique, dit-on, est un “colosse aux pieds d’argile” qui s’effondrera en quelques semaines. Une erreur fondamentale, due à l’aveuglement de la supériorité “raciale”.

Le jour de l’attaque, Hitler adresse un discours galvanisant aux plus de trois millions de “soldats sur le front de l’Est”. “À l’instant même, s’exclame-t-il, une offensive est en cours, qui, par son ambition et son envergure, est la plus grande que le monde ait connue.” Et elle aurait pour objectif de “sauver l’ensemble de la civilisation et de la culture européennes”.

Hitler affirme que la décision d’entrer en guerre a été pour lui “difficile et amère”, mais “depuis plus de vingt ans, le pouvoir judéo-bolchevique a cherché depuis Moscou à mettre à feu et à sang non seulement l’Allemagne, mais aussi toute l’Europe. Ce n’est pas l’Allemagne qui a exporté sa vision national-socialiste du monde vers la Russie, mais bien le pouvoir judéo-bolchevique de Moscou, qui n’a eu de cesse d’imposer sa domination à notre peuple et aux autres peuples d’Europe […].”

Les rôles sont inversés, c’est la victime de l’agression qui se trouve accusée. En revanche, pas une fois les objectifs géopolitiques du régime nazi ne sont mentionnés : la conquête d’un “espace vital à l’est”, son exploitation et sa germanisation, ce qui ne peut se faire qu’en anéantissant tous ceux qui oseraient se dresser sur le chemin des Allemands. Dans le même temps, Hitler désigne ce qui est censé être l’ennemi absolu : le “pouvoir judéo-bolchevique” à Moscou – un thème récurrent bien avant la prise de pouvoir par les nazis et qui continuera à distiller son venin longtemps après la fin de la guerre en 1945.

Dès 1918, à la fin de la Première Guerre mondiale et un an après la révolution d’octobre en Russie, cette association de concepts, le “judéo-bolchevisme”, avait cours dans les milieux nationalistes. Ainsi, le 11 novembre 1918, le capitaine de frégate Bogislav von Selchow, stationné à Berlin, consignait dans son journal : “Avant midi, je me suis rendu au ministère de la Marine, sur lequel flottait le drapeau rouge. Devant, un bolchevique juif en civil armé d’un fusil de chasse était en faction.” Il s’agissait sans doute d’un membre de la division de la marine populaire révolutionnaire. Mais pour l’officier de marine d’origine

[...] Wolfram Wette

Traduction :

https://www.courrierinternational.c...


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