Scandale : la fonderie MBF Aluminium et ses 300 emplois abandonnés par l’État

samedi 26 juin 2021.
 

Ce mardi 22 juin, le tribunal de commerce de Dijon a prononcé la liquidation judiciaire de la fonderie MBF Aluminium à Saint-Claude (Jura). Ce sont plus de 280 salariés qui vont perdre leur emploi après plusieurs semaines de lutte pour sauver l’entreprise. Une véritable catastrophe pour ce bassin industriel historique et pour l’industrie du pays dans son ensemble. Jean-Luc Mélenchon, président du groupe LFI à l’Assemblée a vivement réagi à cette annonce : « Avec les salariés de MBF. Honte aux pouvoirs qui les ont abandonnés, aux patrons voyous, à ceux qui détruisent l’industrie de pointe du pays ! ». En effet, MBF Aluminium vient s’ajouter à la longue liste des fonderies françaises abandonnées par l’État.

Un millier d’emplois liés à l’activité de la fonderie

Le choc est terrible pour les salariés de la fonderie MBF Aluminium de Saint-Claude et les mines sont graves. Le tribunal de commerce de Dijon a prononcé ce mardi 22 juin la liquidation judiciaire de l’entreprise de 284 salariés. Ceux-ci étaient en grève depuis 83 jours pour tenter de sauver leur usine et quelques-uns s’étaient déplacés devant le tribunal. Ils n’ont pu retenir leur rage et leur tristesse lors du délibéré, l’offre de l’unique repreneur ayant été rejetée.

Spécialisée dans la production des carters de moteurs et des pièces de boîtes de vitesse, l’usine était le premier employeur de Saint-Claude, une ville déjà impactée par des années de délocalisations et de fermetures. En 10 ans, elle accuse une perte de 2 000 habitants. Une chute vertigineuse dans ce qui était l’un des bassins industriels les plus importants de France, avec jusqu’à 3 000 employés dans la seule fonderie de Saint-Claude. Au total, ce sont près d’un millier d’emplois indirects qui sont liés à l’activité de la fonderie qui seront impactés par cette décision.

Le gouvernement pointé du doigt

Pour la plupart des salariés présents devant le tribunal, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire et la ministre déléguée chargée de l’Industrie Agnès Pannier-Runacher sont directement responsables. Alors que l’entreprise avait été placée en redressement judiciaire en novembre dernier, les salariés soulignent l’inaction du gouvernement pour sauver l’usine. Pire, l’État a laissé faire les délocalisations sans réagir.

En effet, PSA et Renault, les deux clients principaux de l’usine ont peu à peu cessé de commander leurs pièces automobiles en France pour se fournir à l’étranger. Par exemple, Renault a annulé les deux tiers d’une commande conséquente récente pour la faire produire en Espagne. Cette décision a privé la fonderie de près de 10 millions d’euros de chiffre d’affaires. En clair, les constructeurs automobiles n’honorent pas leurs engagements ni investissent dans l’outil de production français.

Dans le même temps, l’État a investi des milliards d’euros dans le secteur automobile. De l’argent dont ont bénéficié directement Renault et PSA. Cependant, aucune condition sociale et écologique n’a été exigée par l’État en contrepartie de ces prêts et subventions. Bien que le Gouvernement ne cesse de promouvoir la souveraineté industrielle du pays. Il subventionne en réalité à coup de milliards le dépeçage de tout le secteur.

Le grand dépeçage des fonderies françaises continue

Car le drame qui frappe la fonderie MBF Aluminium menace partout sur le territoire. Les Fonderies du Poitou, la Fonderie de Bretagne ou encore la SAM en Aveyron vivent des situations similaires et sont aujourd’hui menacées. Elles ont toutes un point commun : le laisser-faire de l’État et le comportement des constructeurs automobiles.

Il y a 15 ans, la moitié des voitures individuelles Renault vendues en France étaient produites sur place. Aujourd’hui, c’est une sur sept. Les emplois disparaissent, les savoir-faire avec. Le grand démantèlement de l’industrie française se poursuit avec la bénédiction de l’État. Des compétences et des techniques pourtant indispensables pour assurer la souveraineté industrielle de la France.

Jean-Luc Mélenchon, venu apporter son soutien aux salariés le 10 juin dernier, avait jugé la production de pièces d’aluminium et l’expertise des salariés de MBF Aluminium indispensable au pays. Pour le candidat à la présidentielle de 2022, les fonderies sont aussi des acteurs essentiels de la planification de la bifurcation écologique.

Des fonderies indispensables pour la transition écologique

Pour développer le fret ferroviaire qui ne représente plus que 9% du transport de marchandises aujourd’hui, le leader des insoumis a rappelé la nécessité de remettre en route 8 000 kilomètres de voie ferrée dans le pays. Pour cela, les capacités de production et l’expertise des salariés des fonderies sont primordiales. À la fonderie de Saint-Claude, il suffit de changer les moules utilisés pour produire des pièces ferroviaires comme les attaches entre le plancher et les sièges des trains. Dans le même temps, l’aluminium est un métal d’avenir, permettant de faire des véhicules plus légers et donc économe en énergie. Il est également recyclable à l’infini et 60% de l’aluminium travaillé en France est déjà issu du recyclage.

Quelques jours après son déplacement à l’usine MBF Aluminium, lors des « Rencontres de l’industrie et de la planification », Jean-Luc Mélenchon a appelé à relocaliser tout ce qui peut l’être pour produire ce dont a besoin le pays. En attendant, l’industrie française reste dans une situation d’urgence du fait des accords de libre-échange et de la crise sanitaire. 100 000 emplois ont été supprimés l’année dernière, soit 3 fois plus que l’année précédente.

Par Maxime Charpotier.


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